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78 000 KM EN 10 ANS AVEC DEUX ENFANTS

GUILLAUME ROY, JOURNALISTE DE L’INITIATIVE DE JOURNALISME LOCAL

Partis pour faire le trajet entre la Suisse et la Nouvelle-zélande à vélo, Xavier et Céline Pasche ont découvert un nouveau mode de vie. Et ils l’ont tellement apprécié qu’ils ont décidé de continuer à vivre comme des nomades sur deux roues, et ce, tout en intégrant leur nouveau rôle de parents, alors que leurs deux filles, Nayla et Fibie, sont nées sur la route. Au fil des 78 000 kilomètres parcourus depuis 10 ans, la petite famille suisse a visité plus de 40 pays sur quatre continents.

Xavier Pasche rêvait de rejoindre la Nouvelle-zélande par la voie terrestre, en vélo. Quand il a rencontré Céline, elle a décidé de l’accompagner sur la route. Au départ, ils avaient prévu trois ans pour se rendre au pays des Kiwis, mais comme la route est remplie de surprises, il aura fallu un total de cinq ans pour s’y rendre, avec une nouvelle petite équipière qui est née sur la route, Nayla.

« Après un an et demi sur la route, c’était devenu notre vie et on était ouvert à la possibilité d’avoir des enfants en route, explique Céline. Encore aujourd’hui, on vit comme ça, au jour le jour, et on n’a pas d’idée de revenir. »

Au départ de la Suisse, le couple a d’abord traversé l’europe de l’est pour se rendre en Turquie, puis au Liban, en Syrie, en Iran, avant de filer à travers l’asie centrale, où l’on retrouve notamment l’ouzbékistan, le Tadjikistan et le Kazakhstan. Les cyclistes ont ensuite rejoint la Russie, pour rouler l’hiver à travers la Sibérie et la Mongolie, avant de traverser la Chine d’est en ouest. Faute de pouvoir obtenir un visa pour aller au Pakistan, ils ont ensuite roulé au Népal, et c’est au camp de base du mont Everest, devant la plus haute montagne du monde, que Céline a appris à Xavier qu’il allait devenir papa. La route s’est poursuivie au Bangladesh et en Inde, avant de se rendre en Malaisie, où il était possible de faire un accouchement naturel.

À peine cinq mois après la naissance de Nayla, la famille était de retour sur deux roues pour rouler à Taïwan, en Australie et en Nouvelle-zélande. En 2016, ils prennent une petite pause de quatre mois pour écrire un livre. Ils repartent ensuite vers le Japon, et sont de retour en Sibérie, en Mongolie et en Chine, avant de retourner en Malaisie pour la naissance de leur deuxième fille, Phibie.

En passant à nouveau par le Japon, ils décident de traverser l’océan, pour aller rouler en Alaska avant d’entamer la traversée du Canada l’an dernier.

Avec les restrictions imposées par la pandémie et les rigueurs de l’hiver, ils ont décidé en novembre dernier de s’arrêter quelques mois à Métabetchouan-lac-à-la-croix, au Lac-saint-jean, par hasard, car c’est le chalet disponible qu’ils ont pu trouver à partir de Montréal. « On a toujours dit que ce sont les lieux qui nous appelaient, lance Céline, et on a été appelés par le lac Saint-jean. »

Après un hiver sédentaire, la petite famille compte repartir sur la route à la mi-mai, en faisant d’abord le tour du lac Saint-jean, pour ensuite tenter de compléter la traversée du Canada, si les mesures sanitaires le permettent, car l’accès aux provinces maritimes est actuellement fermé. Peu importe la destination, la famille Pasche s’adaptera, comme elle l’a toujours fait.

« Le plus dur, ce sont les peurs qui sont à l’intérieur de nous, qui ne vont pas nécessairement se manifester, souligne Céline. Ça ne sert à rien de se faire du souci pour ce qui pourrait arriver dans trois mois. On est obligé de vivre l’instant présent parce qu’on est toujours dans l’inconnu, on ne sait jamais où on va dormir le soir. C’est une autre manière de vivre en accord avec la nature. On est toujours en exploration, que ce soit pour découvrir de nouvelles cultures, des peuples ou encore des paysages sauvages. C’est extraordinaire. »

DES HAUTS ET DES BAS

Élever des enfants sur la route, ça veut dire de faire l’école à la tente, rencontrer plusieurs cultures et apprendre les langues en immersion totale, souligne Xavier Pasche. D’ailleurs, Nayla, 7 ans, et Phibie, 3 ans, sont déjà parfaitement bilingues. « C’est vraiment génial de pouvoir être tous ensemble 24 heures sur 24. C’est une chance incroyable de pouvoir les voir grandir », dit-il.

La vie sur la route mène à la découverte d’endroits et de cultures spectaculaires. Pour la famille Pasche, les traversées de la Mongolie et du Yukon furent particulièrement exceptionnelles.

Il y a aussi des moments plus difficiles sur le plan physique, comme la traversée du désert en Australie, où l’on retrouve seulement sept stations-service sur une distance de 1200 kilomètres. « Aujourd’hui, on ne le referait pas forcément, mais sur le moment, ça sonnait juste », souligne Céline.

Tout n’est pas toujours rose sur la route et la capacité d’adaptation est de mise, notamment en ce qui a trait à la nourriture. En Mongolie par exemple, il n’y avait pratiquement que deux ingrédients à chaque repas, soit du mouton et de la farine de nouilles. Et parfois une carotte s’ajoutait au menu.

Alors que Céline était enceinte de six mois, rouler en Inde, où il y a très peu d’intimité, a également été une période plus difficile. Des périodes de fièvre des enfants dans les milieux isolés ont aussi apporté un certain lot de stress, mais tout s’est toujours bien terminé.

À travers leur périple, Xavier et Céline ont décidé de faire confiance à la vie. « Dès le départ, on a décidé qu’on allait faire confiance aux gens, note Céline. On assume que les gens sont bons et on ne ferme jamais nos vélos à clé et on ne s’est jamais fait voler ».

Le couple a aussi choisi de boire l’eau comme les locaux, question de ne pas dresser une barrière culturelle. « Nos filles ont aussi mangé de la terre dans tous les pays où nous sommes allés », lance Xavier en riant.

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