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LE USHKET DE DAVID GILL, UN SUCCÈS INATTENDU

JOHANNE SAINT-PIERRE jstpierre@lequotidien.com

Souhaitant donner au suivant et contribuer à l’adoption de saines habitudes de vie chez les Premières Nations, l’athlète natif de Mashteuiatsh au Lac-saintJean, David Gill, a lancé un projet pilote, il y a deux ans, pour inciter les membres des communautés autochtones à courir leur premier 5 km de façon progressive et sécuritaire. Depuis, le projet a connu un succès instantané et a fait boule de neige.

À peine lancé, le projet Ushket 5 km, qui signifie « Mon premier 5 km » en langue ilnu (nehlueun), a effectivement pris une ampleur inattendue. Si bien que l’ancien porte-couleurs du Rouge et Or de l’université Laval doit maintenant envisager de nouvelles façons de répondre aux attentes des initiés afin qu’ils maintiennent les acquis.

Un heureux problème pour David Gill qui, au départ, avait préparé un projet pour dix personnes de son entourage.

« Finalement, la première année, au lieu de 10, c’est 110 personnes qui se sont inscrites en très très peu de temps », relate en riant celui qui s’avoue surpris du succès obtenu.

« Mon objectif est de faire découvrir la course aux gens qui pensent que c’est impossible. De prendre des gens que si tu leur demandes de courir, ils vont dire que ce n’est pas pour eux parce qu’ils sont trop gros, trop vieux, trop blessés, etc., explique-t-il en entrevue téléphonique.

Au total, 300 personnes se sont inscrites grâce au bouche-àoreille. J’ai peaufiné mes affaires et cette année, les gens me demandaient quand je partais le groupe. Je l’ai fait la semaine passée et 650 personnes se sont inscrites ! Ils sont 599 qui sont à la semaine 2, en plus d’une cinquantaine qui vient de commencer la semaine 1. Chaque lundi, il y a un nouveau départ avec la chaîne de courriels. »

ASTRES ALIGNÉS

Selon lui, la pandémie a contribué au succès du projet qui consiste à offrir régulièrement, par un envoi courriel, un entraînement accessible et une capsule vidéo expliquant différents concepts tels que le choix de la chaussure, la gestion de l’effort, les blessures, la cadence optimale, etc.

« Ç’a comme vraiment bien tombé parce que les gens avaient besoin de quelque chose et ils devaient le faire par eux-mêmes. Les astres s’étaient alignés », estime David Gill, qui a produit 80 vidéos différentes depuis. Il a en effet refait certaines vidéos et en a produit d’autres pour répondre à des questions qui revenaient fréquemment.

À l’évidence, la gent féminine y a trouvé son compte puisque les femmes représentent 83 % des abonnés. Le concepteur est fier d’offrir un produit accessible à des gens de tous âges. La participante la plus âgée à avoir complété l’ensemble du défi a 71 ans, souligne-t-il.

Mais la clé du succès, c’est surtout l’obligation, pour les participants, de publier une photo, une vidéo ou un commentaire sur la page Facebook du groupe et d’encourager les autres. Il est d’ailleurs fier de constater que les membres des communautés, habituellement plus timides, se sentent à l’aise de partager photos, commentaires, et sont très nombreux à s’encourager les uns les autres.

Mais comme toute chose, une fois la fierté du défi relevé, il n’y a qu’une minorité de participants qui maintiennent la bonne habitude prise. « Mon hypothèse était que ces gens allaient pouvoir continuer par eux-mêmes en s’inscrivant à un programme, à un club, à une course, etc. et devenir en santé pour la vie. Mais la réalité, c’est que c’est une minorité. La majorité a l’impression d’avoir réalisé un objectif et si je ne leur fournis rien d’autre, ils ne poursuivent pas. »

Comme cette initiative est gratuite et qu’il fait tout bénévolement, David Gill cherche donc un moyen d’augmenter le taux de rétention des participants et maintenir l’esprit de groupe qui est une source de motivation. Il songe à produire des entraînements de groupes simultanés, à créer L’équipe Ushket ou à trouver une organisation prête à prendre le relais. L’important, pour le fondateur du mouvement, c’est que le projet reste bénévole, humanitaire et gratuit.

Enfin, s’il manque de temps malgré toute sa bonne volonté, David Gill ne manque cependant pas d’idées. Devant le succès obtenu, il aimerait aussi offrir une version pour les communautés anglophones des Premières Nations.

Et aux gens qui lui demandent sans cesse des produits à l’image d’ushket, il travaille à la mise en place d’une boutique en ligne dont tous les profits seront remis à une organisation oeuvrant auprès des Premières Nations.

Les membres des Premières nations qui désirent en savoir plus peuvent consulter la page Facebook Ushket 5 km.

MAG SPORTS

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2021-05-01T07:00:00.0000000Z

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