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Tous dans la même classe de citoyens

NORMAND BOIVIN nboivn@lequotidien.com

Je respire un peu mieux. Non, je n’ai pas encore eu mon vaccin, mais mes enfants sont vaccinés. C’est le principal, car ils sont plus exposés que moi. Et puisqu’ils sont jeunes, ils auraient normalement dû attendre encore plusieurs semaines.

Puisqu’un est infirmier et l’autre militaire, ils ont eu droit à l’aiguille dans le bras avant moi.

Tant pis. Moi, ma peur, c’était qu’ils s’infectent et aient des séquelles comme on voit parfois. C’est ça être parent, on s’inquiète davantage pour nos enfants que pour nous.

Cela dit, j’ai vraiment hâte au 8 mai, moment où je me ferai vacciner. Une fois qu’on m’aura donné la potion magique, je vais avoir l’impression de revivre, d’être devenu un irréductible Saguenéen.

Je vais continuer à observer les mesures sanitaires, mais ce sera comme avoir des bretelles et une ceinture. Comme disait mon père : « Trop fort ne casse pas. »

Je n’aurai plus peur de contaminer mes proches — qui par ailleurs seront aussi vaccinés — ni de me faire contaminer.

Quand ma blonde allait marcher dehors avec mon fils infirmier, je l’avertissais toujours de résister à l’envie de le coller. Pas parce que le docteur Arruda ne veut pas, mais parce que ça ne me tente pas de pogner ça et de contaminer mon autre fils parce que je garde son bébé souvent. D’ailleurs, j’ai bien fait, car il a attrapé la COVID-19 au début de la deuxième vague, à l’hôpital de Chicoutimi. Là, il est doublement immunisé.

Donc, je suis de ceux qui voient la lumière au bout du tunnel... et ce n’est pas le train qui s’en vient !

Maintenant que le débat sur la vaccination semble réglé, qu’il y a un large consensus en faveur de l’immunisation par un vaccin, la chicane est prise sur un éventuel passeport.

« Ça va créer deux classes de citoyens », disent les opposants.

J’aimerais qu’on m’explique c’est quoi, deux classes de citoyens. Selon moi, quand on discrimine des gens en fonction de leur couleur ou de leur sexe, on crée des classes de citoyens. On traite des gens différemment

sans qu’ils puissent faire quoi que ce soit pour y remédier.

Mais quand quelqu’un décide de se distinguer, voire de s’exclure par ses choix de vie, en quoi crée-t-on une autre classe de citoyens ?

Moi, quand je vais au restaurant, je mange assis à ma table confortablement et bien au chaud toute la soirée. Mais je connais des citoyens qui sont obligés de sortir toutes les 15 minutes pour aller fumer. Est-ce que c’est une classe de citoyens ça ? Quelqu’un crie à l’injustice ?

On a une personne qui exerce son droit de choisir. Elle veut fumer ? Elle va fumer dehors.

Maintenant, si des gens décident de ne pas se faire vacciner, c’est leur choix. Mais on pourrait aussi dire que si elles tombent malades, ben on ne les soignera pas ! Mais ça, c’est un autre débat dans lequel je ne veux pas entrer. Disons que si elles ne veulent pas se faire vacciner, donc, c’est leur choix et elles ont le droit... et on les soignera si elles tombent malades. Mais ça ne me tente pas de les côtoyer au quotidien.

Moi, qui serai vacciné et qui n’ai pas envie de courir des risques, pourquoi aurais-je à craindre de sortir ou de voyager parce que des gens acceptent de courir ces dangers ? On ne créera pas de classe de citoyens, il n’y en aura qu’une seule : celle des gens qui sont en danger.

Vacciné ? Tu n’as rien à craindre, vous allez me dire. Mais qu’en savez-vous ? Oui, le vaccin protège. Oui, il diminue les symptômes si on l’attrape quand même. Et après ? Ça ne me tente pas de pogner un

« tit peu » la COVID. Je veux retrouver la paix d’esprit dans l’espace public.

Si je suis au restaurant, je n’ai pas envie de capoter si le gars tousse à la table d’à côté.

Le passeport vaccinal va faire en sorte que tant qu’on n’aura pas atteint l’immunité collective, les gens pourront reprendre un semblant de vie normale après avoir été vaccinés. Il n’enlève des droits à personne ; il redonne des droits à ceux qui s’y conforment.

D’ailleurs, être vacciné pour avoir des droits, ce n’est pas nouveau. Certains pays exigent des vaccins pour qu’on puisse s’y rendre. C’est vrai que se faire vacciner pour rester dans son pays, ce n’est pas la même chose.

Mais est-ce qu’on vit une période normale ? Nous sommes prisonniers dans notre propre pays d’un virus qui nous empêche de voir nos proches et d’avoir des activités sociales normales. On vit un couvre-feu. La solution, c’est de se faire vacciner. Alors qu’on nous fout la paix avec les classes de citoyens. Actuellement, on est tous dans la même classe : celle des confinés. Ceux qui voudront y rester de leur propre chef, ça sera leur choix.

ENTRE ELLE ET LUI

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2021-05-01T07:00:00.0000000Z

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