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Pierre Jobin : trois décennies d’information

RICHARD THERRIEN rtherrien@lesoleil.com

Après 32 ans dans notre écran à Québec, dont 29 à TVA, Pierre Jobin présentera son dernier bulletin de nouvelles le jeudi 13 mai à 17 h 30. Vedette de l’information depuis l’ouverture de Tqs-québec en 1989, il quitte TVA et la capitale pour occuper un poste de gestionnaire au réseau Cogeco à Montréal, un changement radical imprévu dans son plan de carrière.

« Mon défunt père m’avait toujours dit : si tu peux, choisis le moment de ta sortie et pars quand tu es au top. J’ai fait une belle carrière, pas de gaffe, pas de controverse, je veux choisir ma sortie, je veux partir la tête haute, laisser une équipe en bonne condition », m’a-t-il confié cette semaine, avec le sentiment du devoir accompli.

Dire que le chef d’antenne le plus populaire à Québec ne songeait pas à tourner la page depuis un certain temps serait mentir. « Ça fait des années que j’y réfléchis, mais le destin a un peu choisi pour moi », affirme celui qui s’est fait offrir sur un plateau d’argent le poste de directeur de Cogeco Nouvelles et de Radio Circulation.

La gestion ne lui est pas étrangère, lui qui a étudié en administration pour avoir un plan B, au cas où les choses ne marcheraient pas comme il le voulait.

S’il a dit oui, c’est notamment parce que sa conjointe et une de ses filles vivent déjà à Montréal. Mais c’est aussi pour l’horaire de travail, mieux adapté à son style de vie.

« J’ai encore énormément d’énergie. Des propositions comme ça, ça n’arrive pas souvent. Mais le plus gros de ma décision, c’est que ça fait 29 ans que j’arrive chez moi à 19 h, que j’éteins les lumières à 21 h 30. Je suis un lève-tôt, à 5 h, je commence déjà à texter du monde ! Comme la radio, c’est très matinal, c’est un horaire qui va me donner plus de temps pour faire du sport, pour jouer au tennis, pour relaxer. »

Parti du Saguenay à 27 ans en 1989 pour joindre la première équipe de l’information de TQS à Québec, Pierre Jobin a contribué à instaurer un nouveau style de livraison des nouvelles, qui a ébranlé considérablement la compétition.

« On avait une forêt devant nous et il fallait déboiser, contre TVA qui était bien installé depuis longtemps. On devait partir un nouveau modèle, un peu plus relax avec les bretelles et la cravate, un modèle qu’on a tout de suite voulu rendre crédible et on a réussi. »

Son passage de TQS à « Télé-4 » en 1993 avait fait grand bruit. « J’avais l’impression de trahir ceux qui m’avaient donné ma première chance. Comme si je traversais la rue pour m’ouvrir un restaurant devant chez eux », me confiait-il dans ces pages en 2006.

Premier sondage après son départ : sa conjointe de l’époque, Josée Turmel, toujours à TQS, devenait numéro un devant TVA. Mais Pierre Jobin a vite repris le dessus, ne décollant jamais de la première position à 18 h jusqu’à aujourd’hui, un exploit dont il est fier.

Compétitif avoué, il s’est toujours intéressé à ce que faisaient les autres réseaux à l’heure du souper et enregistrait leurs bulletins. Bien sûr que de voir Radio-canada monter dans les sondages ces dernières années, pendant que son propre bulletin perdait du terrain, l’irritait.

Il constate que la dernière année n’a fait que souligner l’importance de l’information régionale. « Les gens, même s’ils sont tannés de la pandémie, veulent savoir. On est leur phare, on est rassurants, on est un service essentiel, pas au même titre que le personnel de la santé, mais on fait un grand bien à la population. »

D’ailleurs, il n’a pas perçu un réel effritement de la confiance du public pour les médias d’information, une conception de la réalité qu’il attribue à une poignée de gens insatisfaits. « Au contraire, dit-il, on observe même une augmentation de l’écoute. N’oublions pas que les gens qui nous critiquent, il faut qu’ils nous aient écoutés. »

Pierre Jobin reste prudent quand il commente l’arrivée de Noovo Info dans le décor médiatique.

« Plus il y a de joueurs, plus on est challengés. Ça nous force à être encore plus présents et meilleurs. Noovo va sûrement ajuster des choses, mais je pense qu’après ta journée de travail, si tu veux savoir en une heure ce qui s’est passé dans ta journée, c’est encore TVA qui t’informe bien de ça », dit-il.

On peut dire que la pomme n’est pas tombée loin de l’arbre, puisqu’yves Jobin, le père de Pierre, décédé trop tôt à 67 ans d’une maladie pulmonaire, était une véritable vedette des médias à Saguenay dans les années 60. Enfant, Pierre le suivait dans les coulisses des studios de CKRS et de CJPM à Saguenay.

« Je retiens de mon père mon côté stratégique, et de ma mère, de ne pas avoir eu peur de foncer. »

Mais la lignée ne s’arrête pas là. Une de ses filles, Anne-sophie, termine ses études à l’université Concordia en plus d’être recherchiste à l’émission de Mario Dumont à LCN et de travailler au FM93. Sa fille Camille étudie aussi en communications à l’université Laval, alors que son fils Pierre-alexandre, actuellement au cégep en gestion de commerce, est toujours en réflexion.

S’il n’avait qu’un événement à retenir de ses années à TVA, ce serait le décès de Fidel Castro, qu’il a couvert sur place en 2016. « J’étais le seul journaliste de la planète sur la Place de la Révolution, j’en ai des frissons encore. J’ai fait des directs de là, mais aussi à l’université de La Havane, j’ai été le premier à envoyer des images de Castro dans son cercueil parce que je n’étais pas enregistré comme journaliste », se remémore-t-il.

Il n’oubliera jamais non plus qu’il était à Rome lors des funérailles de Jean-paul II. « Je ne donnerai pas mon truc, mais je suis passé partout comme si j’étais accrédité, même dans la basilique Saintpierre. Aujourd’hui, avec toute la sécurité, ce serait impossible. »

Avant d’embarquer dans cette nouvelle aventure, ne le cherchez pas pour les deux prochains mois et demi. « Je m’offre ce moment pour me déprogrammer, pour décompresser, faire du sport comme ça ne m’est pas souvent arrivé dans la vie. »

À la radio, il compte faire profiter sa nouvelle équipe de son expérience. « J’ai à peu près 5000 contacts dans mon téléphone, je les ai toujours partagés à mes collègues pour les aider. Si j’ai pu le faire à la télé, je crois que je peux le faire à la radio, pousser des histoires exclusives, donner des idées d’enquêtes. C’est un des défis que je me donne. »

Compétitif avoué, il s’est toujours intéressé à ce que faisaient les autres réseaux à l’heure du souper

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2021-05-01T07:00:00.0000000Z

2021-05-01T07:00:00.0000000Z

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