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GINETTE RENO DEVENUE SIMONE

ROGER BLACKBURN rblackburn@lequotidien.com

Le festival REGARD sur le court métrage demande aux cinéphiles de voter pour leur film coup de coeur afin de programmer une soirée choisie par le public. Il y a 155 films à l’affiche, je ne les verrai pas tous, mais jusqu’à maintenant, j’ai un coup de coeur pour Imelda, Simone avec Ginette Reno.

« Imelda, c’est une vieille crisse », a imagé le porte-parole Louis-david Morasse, en entrevue cette semaine, alors que nous discutions de ce personnage mis en scène par le cinéaste Martin Villeneuve, le frère cadet de

Denis Villeneuve, deux gars pour qui le cinéma et l’imagination coulent dans leur veine.

Imelda, c’est la grand-mère de Martin Villeneuve, décédée à 101 ans en 2012. « C’était tout un personnage et je m’amusais à l’imiter depuis mon jeune âge. Je racontais à des amis quel genre de grand-mère elle était le jour avant qu’on vide la maison. Et c’est là qu’ils m’ont dit que ça mériterait de faire un film dans sa maison avant qu’elle soit vendue en 2013 », raconte Martin Villeneuve lors d’une entrevue téléphonique.

Le cinéaste s’est déguisé avec les robes de sa grand-mère et a tourné des saynètes dans toutes les pièces de la maison en caricaturant la grand-mère avec ses objets personnels. « J’ai mis ses robes et ses lunettes et j’ai fait le tour des pièces dans leur décor original devant une caméra fixe en racontant ce qu’elle pensait de certains sujets. Je voulais faire un petit film souvenir pour faire rire ma famille à Noël pour rendre hommage à notre grand-mère », raconte Martin Villeneuve qui ne pensait jamais gagner des prix avec ce petit film sans budget.

HUMOUR ET DRAME

« Un de mes amis, Danny Lennon (Prends ça court), a vu le film au montage et il ne m’a pas reconnu avec mon maquillage. Il m’a dit qu’il fallait diffuser ça dans le grand public. Ç’a été un succès, on a remporté un prix pour le meilleur acteur et je ne suis pas un acteur de formation », raconte le cinéaste dont le film a remporté, en 2015, le Prix du meilleur court métrage québécois au Festival Images en vue 2014 aux Îles-de-la-madeleine.

L’imitation est excellente. On ne reconnaît pas le cinéaste, il jure que ce n’est pas une caricature et que la ressemblance est très proche de sa grand-mère. « C’est un beau projet, nous avions l’intention d’en faire un long métrage, ça touche nos fibres québécoises de jouer avec l’humoristique et le dramatique, mais depuis cinq ans nous ne vivons que des refus pour le financement. J’ai refait le scénario à neuf reprises pour toujours me faire refuser le projet », raconte le cinéaste.

TRILOGIE ET LONG MÉTRAGE

Au lieu d’abandonner, Martin Villeneuve a choisi de faire une trilogie, en 2020, en tournant deux autres courts métrages avec Imelda, soit Le notaire avec Robert Lepage et Simone avec Ginette Reno, ce dernier étant en compétition à REGARD cette semaine.

Dans Imelda, Simone, Martin Villeneuve a voulu réconcilier ses deux grands-mères par la magie du cinéma. « Imelda était ma grand-mère du côté paternel et Simone était ma grand-mère du côté maternel. Les deux femmes se sont détestées toute leur vie. Dans le troisième court métrage, j’ai eu l’idée de réconcilier leur mémoire, de réconcilier ces deux femmes qui n’ont pas pu le faire de leur vivant », raconte Martin Villeneuve.

« Ginette Reno ressemble beaucoup à ma grand-mère Simone qui avait une belle voix et qui chantait dans les églises. En 2017,

Ginette Reno m’a chanté la chanson La grosse a capella, chez elle. C’était la première fois qu’elle la chantait. J’ai filmé la prestation avec mon téléphone et j’ai eu 150 000 vues sur Facebook. Nous avons réussi à faire libérer les droits pour interpréter la chanson qui place parfaitement et immédiatement le personnage de Simone, ce qui est nécessaire dans un court métrage », raconte le cinéaste, indiquant que Simone connaît un succès dans tous les festivals de court métrage où il est présenté.

Quand Imelda entre dans l’église où chante Simone (Ginette Reno), le beau et le bon s’installent. La grosse présente qui est Simone, la grand-mère bien portante qui aime manger et qui engraisse chaque année, et Imelda, la grand-mère madame bec-sec, raide maigre qui mange du Slim fast et qui porte les mêmes robes depuis toujours, car elle est de petite taille.

« Le miroir devrait réfléchir avant de renvoyer l’image », peut-on entendre dans la pièce La grosse.

Martin Villeneuve a réuni ses deux grands-mères grâce à la magie du cinéma, elles avaient des choses à se dire avant de mourir, mais elles ne l’avaient pas fait de leur vivant.

Imelda est tellement populaire que le cinéaste a décidé de tourner cinq autres courts métrages. « Le quatrième avec Michel Barrette et Robert Lepage est tourné, le cinquième a été tourné en avril, on tourne le sixième dans deux semaines, le septième au courant de l’été et le huitième à la fin août », fait savoir le réalisateur du film de sciences-fiction Mars-avril.

Michel Barrette jouera le rôle de l’oncle André qui est aussi un notaire. « Quand j’ai téléphoné à Michel Barrette, je lui ai dit que je n’avais pas de budget, il a dit oui tout de suite, pour lui ce n’était pas une question d’argent, il voulait que le projet Imelda aille de l’avant », raconte-t-il.

Ces huit courts métrages seront ensuite mis bout à bout pour finalement faire le long métrage qui n’a pas trouvé de financement. Tous ceux qui ont participé à l’aventure d’imelda l’ont fait généreusement. « Je suis bien organisé et quand les gens se déplacent pour le tournage, ça se fait rapidement, sans perdre de temps », témoigne le petit-fils d’imelda qu’on pourra voir bientôt en long métrage.

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