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HISTOIRES DE GLACE ET DE PQ

Jsalvet@lesoleil.com

Paul St-pierre Plamondon file la métaphore : « Il y a des gens qui ont refusé de plier les genoux, de baisser les bras. Et on voit les résultats d’une équipe qui, malgré vents et marées, décide de continuer à fixer l’objectif, à poursuivre l’objectif. »

C’était mardi. La veille, le Canadien venait d’éliminer les Jets. Le capitaine du Parti québécois, Paul St-pierre Plamondon, lui, se sentait inspiré par la Sainte-flanelle.

Ce jour-là, au siège du PQ, à Montréal, on gérait encore la démission du député de Bonaventure, Sylvain Roy.

Mais le capitaine voulait déjà être ailleurs, dans la prochaine ronde. Il patine vite, il faut le reconnaître.

UNE RECRUE EXPÉRIMENTÉE

C’est peu dire que la présence dans l’antichambre du péquiste Alexis Deschênes était peu appréciée par le député Sylvain Roy. Tout de suite après sa démission du caucus péquiste, l’ex-journaliste et ancien candidat défait du PQ, l’avocat Deschênes, sautait d’ailleurs sur la glace. Il confirmait qu’il songeait à se porter candidat aux prochaines élections générales dans Bonaventure et annonçait qu’il dirigerait d’ici là l’association péquiste de la circonscription.

« Je ne crois pas que l’histoire soit écrite d’avance », a dit Alexis Deschênes. Manière de dire que tout est possible dans la vie, y compris les résurrections. Le Canadien de Montréal, encore…

Si le PQ n’était pas éliminé lors des prochaines séries éliminatoires, en 2022, et que M. Deschênes était élu, il pourrait très vite devenir une tête d’affiche de son équipe bleue. Il en a les capacités et les atouts.

Il est naturellement flamboyant alors que Sylvain Roy a toujours été effacé dans l’univers politicomédiatique. Ce n’est pas son truc. Pas vedette pour deux sous. C’est aussi pour cela que sa démission a été traitée de haut par le parti.

Elle n’est qu’une péripétie de plus dans l’histoire récente du Parti québécois. Sylvain qui ? s’amusent certains.

Le député désormais indépendant dit des choses intéressantes sur la vie politique, cela étant. Il parle de « clientélisme ».

D’accord, dit strictement ainsi, ce n’est pas nouveau. Mais combien de fois, au PQ ou ailleurs, se tait-on sur des principes auxquels on croit de crainte de heurter des segments d’électeurs potentiels ?

Qu’une péripétie de plus… Oui, le PQ en a connu tellement d’autres et des tellement plus dramatiques.

LA RUPTURE

Dix ans presque jour pour jour… Le 6 juin 2011, trois députés vedettes du PQ démissionnaient avec fracas. Pierre Curzi, Louise Beaudoin et Lisette Lapointe dénonçaient l’« autoritarisme » de la cheffe Pauline Marois et sa prise de position en faveur de l’amphithéâtre de Québec. C’était un tremblement de terre politique.

Le lendemain, Jean-martin Aussant claquait la porte à son tour. Il écorchait Mme Marois, incapable, accusait-il, de conduire le Québec jusqu’à un nouveau référendum. Forte réplique tellurique.

Le 21 juin, c’était le député Benoit Charette qui partait pour

des raisons opposées à celles de M. Aussant : parce que le PQ s’obstinait à travailler à son projet d’indépendance. L’actuel ministre de l’environnement et de la Lutte contre les changements climatiques a joint la CAQ assez rapidement.

Encore aujourd’hui, Mme Marois parle de 2011 comme de la pire année de sa vie politique. Il n’y avait pas eu que le printemps. Il y avait eu l’automne.

Fin octobre 2011, la cheffe affrontait encore une rébellion ouverte. Elle avait résisté.

Son parti a remporté le scrutin général en 2012. Mais de façon minoritaire.

Depuis 10 ans, le PQ n’a cessé de dégringoler au classement général. Ce n’est pas le départ de Sylvain Roy qui marquera les esprits.

LE JEU

En 2011, la CAQ était naissante. Elle y allait de ses premiers coups de patin. Aujourd’hui, elle évolue sur une glace solide en jouant à toutes les positions. Elle cherche à faire vibrer le plus souvent possible la fibre nationale. Elle laisse peu de place à ses adversaires.

Les ténors de l’opposition veulent croire que l’« environnement politique » sera très différent l’automne prochain de ce qu’il a été depuis un an et quelques mois avec la COVID. Ils veulent croire qu’ils auront plus d’espace.

Mais est-ce que la CAQ laissera un peu de glace au PQ ? Celuici dénonce le gouvernement Legault parce qu’il refuse d’élargir la Loi 101 au cégep. Sa volonté d’imposer cette loi au réseau collégial est l’un des atouts qu’il a en main, croit-il.

Mon petit doigt me dit cependant que le gouvernement Legault pourrait être tenté dans quelque temps de promettre que si le contingentement des places qu’il propose dans les cégeps anglophones ne donne pas de résultats probants à tel ou tel horizon, il pourrait y appliquer la Loi 101. Ce serait un morceau de pain de moins dans la bouche du PQ.

Le Parti québécois ne plie pas les genoux, certes, mais il ne contrôle pas le jeu.

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