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Être son propre moteur

FRANÇOIS-OLIVIER ROBERGE foroberge@lesoleil.com (collaboration spéciale)

Le gars ne court pas, il vole. Je l’aperçois sur le pont de Québec en revenant du boulot, lui, son flegme de coureur élite et son sac à dos. Je me trompe, à la vitesse à laquelle il file, il porte sans doute un parachute. Au volant de mon auto, pris dans le trafic, je le vois rétrécir au loin, libre et rapide. À cet instant, je me suis juré que moi aussi, je troquerais parfois mon bolide pour le transport actif.

Établissons d’entrée de jeu le vocabulaire. Par transport actif, j’entends tous les modes de déplacement où l’humain est le moteur : course à pied, vélo, patinage à roue alignée, trottinette, marche. Le vélo avec assistance électrique compte. Les embarcations à rames également. Et je suis ouvert au débat pour l’équitation.

En terme populaire, le transport actif, c’est le « commute ». Pour la course à pied, les expressions run commute et course utilitaire sont répandues.

Le coureur du pont, c’est Vincent Hoa Mai. Un ancien coureur Rouge et Or retraité du sport de haut niveau depuis peu. Résident en médecine d’urgence, ce père de trois jeunes enfants voyage en moyenne quatre jours par semaine à la course ou à vélo. Dans ma chronique sur les types de coureurs, je le classerais comme coureur-navetteur-chauffeur de taxi-ascendant-selfie.

« Pendant ma résidence en médecine, mes stages se passent dans différents hôpitaux. Quand la distance est de 10 km ou moins de chez moi, j’y vais et reviens à la course. Quand c’est plus long, je prends mon vélo », explique celui pour qui le transport actif est un mode de vie à l’année.

Note au dossier. Vincent n’est pas vraiment humain. En plus d’être le plus rapide sur le pont de Québec, couronne Strava à l’appui, il cumule annuellement environ 5000 kilomètres à la course à pied ! C’est la distance de Saguenay à Vancouver. C’est l’équivalent de 166 déplacements à la course à pied du centreville de Lévis à celui de Québec, avec ou sans troisième lien. Cet impressionnant volume lui est possible grâce au transport actif, qui lui permet de réaliser environ les trois quarts de ces kilomètres annuels.

« Il n’y a pas de surprise à la course. Tu sais exactement le temps que ça va prendre. Si je pars à 6 h 50 pour le CHUL, je sais que je vais arriver à 7 h 28. Le seul imprévu qui peut arriver, c’est un lacet qui se détache, sourit-il. C’est l’un de mes plus beaux moments de la journée. Quand je traverse le fleuve tôt le matin. La luminosité. Les conditions qui changent sur l’eau, les matins de brume… » À celles et ceux qui voudraient s’y mettre ou s’y remettre après plus d’un an de télétravail, il conseille d’y aller progressivement. Pourquoi ne pas débuter avec une ou deux fois par semaine avec le retour seulement, après être allé au travail en covoiturage ou en transport en commun ? Pour les distances trop longues, pourquoi ne pas en faire une portion en autobus et débarquer quelques arrêts avant la destination ?

Cela dit, le transport actif vient assurément avec ses obstacles, même pour les guerriers comme Vincent Hoa Mai. Il y a ces journées d’hiver où les accès menant au pont ne sont pas déblayés sur une centaine de mètres, l’obligeant à franchir la distance avec de la neige jusqu’aux cuisses. Il y a ces soirées de travail qui se prolongent sans préavis et où l’option à quatre roues serait la bienvenue pour retourner plus rapidement auprès des siens.

Ces inconvénients sont cependant oubliés à l’heure de pointe : « Quand tu bas le trafic, c’est pas mal le meilleur feeling ! », résume-t-il.

*Cette entrevue a été réalisée à la course, pendant que papa Hoa Mai endormait sa plus jeune en poussette.

« Quand tu bas le trafic, c’est pas mal le meilleur

feeling ! »

— Vincent Hoa Mai pratique le transport actif à l’année

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2021-06-12T07:00:00.0000000Z

2021-06-12T07:00:00.0000000Z

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