LeQuotidienSurMonOrdi.ca

LE CHOEUR EUPHONIE N’A PAS CESSÉ DE CHANTER

DANIEL CÔTÉ dcote@lequotidien.com

La dernière fois que les membres du Choeur Euphonie ont chanté ensemble remonte au mois de mars 2020. Ils étaient rassemblés dans l’ancienne église du Christ-roi, à Chicoutimi, afin de préparer un concert qui devait se dérouler au cours de l’été. Le temps de réchauffer leur voix, cependant, et la séance a pris fin abruptement. La tempête qui sévissait à l’extérieur avait provoqué une panne d’électricité, forçant tout le monde à rentrer à la maison.

Quelques jours plus tard, il y a eu vous savez quoi. La pandémie. Le confinement. Impossible pour les 75 choristes de se réunir, d’autant que ces retraités du milieu de l’éducation faisaient partie du groupe d’âge le plus vulnérable. Craignant que cette situation n’entraîne des conséquences irréversibles pour le choeur, mais aussi pour ses camarades, la directrice artistique Micheline Hamel a cherché – et trouvé – un moyen de poursuivre ses activités.

« Je pensais à la manière dont ça s’était terminé et je me disais qu’il ne fallait pas que ce soit le dernier souvenir qui reste. Je souhaitais également préserver le sentiment d’appartenance, quitte à ce que ça se fasse à distance », a-t-elle raconté au cours d’une entrevue accordée au Progrès. C’est ainsi qu’est né le projet Chansonnier COVID-19, qui a permis d’atteindre ces objectifs et bien davantage.

Pour y arriver, Micheline Hamel a sélectionné une chanson par semaine, en prenant soin que le texte ait un ancrage dans la nouvelle réalité. « Elle déposait la partition dans ma boîte aux lettres et j’enregistrais mon accompagnement au piano. Je lui envoyais ça par le truchement d’internet, Micheline chantait par-dessus, puis chaque membre recevait le document », décrit Gervaise Tremblay.

NUL BESOIN D’ÊTRE PARFAIT

Amorcée en octobre, cette initiative aura donné lieu à 35 communications, une séquence qui prendra fin le 20 juin, jour de la fête des Pères. Non seulement les membres pouvaient répéter la nouvelle pièce à la maison, mais sur la partition, ils étaient invités à s’exprimer dans un espace prévu à cette fin. Le jour où ils se reverront, un moment sera réservé à cette dimension du projet. Ils auront l’occasion de partager ces impressions couchées sur le papier.

« Chacun aura son cartable avec les 35 partitions. Ça donnera lieu à de beaux échanges », anticipe Micheline Hamel, qui a poussé l’expérience un peu plus loin quand le gouvernement du Québec a assoupli les mesures sanitaires. Ce n’est plus elle qui chantait, mais des choristes qui, dans certains cas, ne s’étaient jamais produits en solo. Parfois, il a fallu les rassurer, insister sur le fait qu’on n’était pas à la recherche d’une nouvelle Marienicole Lemieux.

« Une femme m’a dit qu’elle se souviendrait de ça toute sa vie. Chanter toute seule, accompagnée par une pianiste, ça l’a marquée », mentionne Gervaise Tremblay. « Plusieurs boomers ont été élevés suivant le principe qu’ils devaient prendre leur trou. Chez certains, devenir solistes a brisé l’idée que si ce n’était pas parfait, ils ne pouvaient pas le faire », complète Micheline Hamel.

EFFET THÉRAPEUTIQUE

Cinq personnes ont surmonté un obstacle différent en écrivant un texte se moulant à un air classique. Mozart, Anton Rubinstein, Verdi, Bach et Offenbach furent leurs partenaires, tandis que Michel Gagnon et Micheline Hamel poussaient l’audace jusqu’à produire une oeuvre complète, avec paroles et musique. Puisque les transcriptions ont été faites en simultané, les choristes pourront s’approprier l’ensemble de ces créations dans la foulée de leurs retrouvailles.

Précisant que les 35 pièces peuvent être chantées à l’unisson, Micheline Hamel compte les utiliser pendant la période d’échauffement. Elle croit également qu’un concert réunissant tout ce corpus saurait plaire au public. Il apprécierait l’interprétation, tout en se sentant interpellé par les thématiques abordées. La liberté, les souvenirs, le besoin de rire, l’espoir, les épreuves et la créativité : autant de mots, de réalités, qui ont été magnifiés dans les derniers mois.

Appelée à tracer le bilan de cette expérience, Micheline Hamel n’y voit que du positif. « Les choristes ont réalisé l’importance que pouvait prendre une chanson. En lisant les paroles, ils ont constaté qu’elles avaient une dimension thérapeutique. Je crois aussi que ce projet a resserré les liens entre nous, ce qui augure bien pour l’avenir », énonce la directrice artistique, dont les efforts ont été salués par la députée de Chicoutimi, Andrée Laforest. Elle a souligné son dévouement, de même que sa bienveillance envers les membres du Choeur Euphonie, dans un message transmis plus tôt ce printemps.

ARTS ET SPECTACLES

fr-ca

2021-06-12T07:00:00.0000000Z

2021-06-12T07:00:00.0000000Z

https://lequotidien.pressreader.com/article/282780654449784

Groupe Capitales Media