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Sara Moisan : l’hommage d’une fille à son père

DANIEL CÔTÉ dcote@lequotidien.com

La salle d’exposition où se déroulera l’avant-première du spectacle Ainsi passe la chair ressemblait à un chantier, mardi, lorsque le représentant du journal s’y est pointé. On aurait dit que partout, il y avait des objets, sur des tables et par terre. Il était difficile d’imaginer le cadre dans lequel une quarantaine de personnes découvriront la nouvelle production de la Tortue Noire, les 17 et 18 juin.

Au coeur de ce chaos, pourtant, l’auteure, metteure en scène et unique interprète, Sara Moisan, se montrait sereine. Elle voyait se placer toutes les pièces du puzzle à trois dimensions que constitue cette oeuvre très personnelle, puisque son père y occupe la place centrale. Cet homme décédé à l’âge de 80 ans, en 2019, a nourri sans le savoir une réflexion sur la vie, l’art et la transmission.

« Ça faisait des années que je voulais créer un spectacle autour de l’ambiance qui régnait dans son atelier, ses pinceaux, le matériel qu’on y trouvait. Je n’avais pas de sujet, cependant, jusqu’au moment où il a eu un cancer du cerveau. On aurait dit une toile d’araignée, sur les images. C’était inspirant parce qu’il y avait un lien avec son oeuvre », a-t-elle raconté au Progrès.

Gatien Moisan était peintre, en effet, et sa manière de voir le monde en faisait un être singulier. Il était fasciné par le nombre d’or, ce principe vieux comme le monde, qui a balisé tant de ses tableaux. La géométrie aussi représentait chez lui une douce obsession. Quand son oeil se posait sur un visage, un paysage, il voyait des lignes.

« L’objectif du spectacle ne consiste pas à montrer ses oeuvres, même si plusieurs ont été intégrées au contenu. C’est une base esthétique à partir de laquelle je proposerai une forme de re-création visuelle. J’évoquerai des thèmes qui lui étaient chers comme la ligne rouge, les roches et l’homme nu », décrit Sara Moisan.

Pendant les 30 minutes que durera Ainsi passe la chair, elle demeurera derrière un écran translucide. Y seront projetées des images tirées des archives de son père et d’autres provenant d’une caméra posée sur une table où la comédienne manipulera différents objets. En plus, elle se fera peintre, appliquant des pigments sur une plaque transparente placée derrière l’écran.

Ajoutez la bande sonore que le public écoutera à l’aide d’un casque et ça donne une production qui détonne, par rapport à celles que la Tortue Noire a l’habitude de proposer. « C’est la première fois que je crée une pièce de ce genre, avec autant de technologie. Pour le public, en revanche, ce sera naturel », assure la femme de théâtre.

Épaulée par Alexandre Nadeau (éclairage) et Stéphane Boivin (montage sonore), elle a pu transcender ses limitations techniques afin de soumettre une vision de ce qu’a représenté son père aux différents âges de sa vie. Après la fillette qui allait le visiter dans son atelier, où il la tenait occupée avec des bricolages, il y a eu l’adolescente, puis la femme adulte, devenue ellemême artiste.

« J’ai toujours eu une relation tendre avec mon père et j’étais sereine par rapport à sa maladie, de même que sa mort. C’est pourquoi le processus créatif n’a pas été difficile au plan émotif. Je ne suis pas en train de régler des comptes, par exemple. Au contraire, je vois ce spectacle comme une forme d’hommage à l’oeuvre et à l’homme. C’est la façon dont je les perçois », énonce Sara Moisan.

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2021-06-12T07:00:00.0000000Z

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