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LOHENGRIN À MOSCOU, PUIS À NEW YORK

DANIEL CÔTÉ dcote@lequotidien.com

Le monde de l’opéra a été heurté de plein fouet par la crise sanitaire, sans toutefois que ça compromette l’immense production à laquelle est associé François Girard. Le metteur en scène originaire de Saint-félicien planche en effet sur Lohengrin, l’oeuvre de Wagner que le Bolchoï de Moscou accueillera en février, tandis que le Metropolitan Opera de New York l’a inscrite à l’agenda pour 2023.

« Je serai en terrain connu parce que ce sera mon quatrième Wagner. Par contre, il s’agit de mon premier Lohengrin et parmi les éléments qui suscitent mon intérêt en tant que metteur en scène, il y a les effectifs. C’est l’opéra le plus peuplé avec 183 artistes, dont 130 choristes », a-t-il raconté au cours d’une entrevue accordée au Progrès, par le truchement de la plateforme Zoom.

La coproduction russo-américaine n’a pas été plombée par la pandémie, du moins à l’étape de sa conception. À défaut de se déplacer pour rencontrer d’autres artisans du projet, François Girard multiplie les échanges virtuels. « Le travail est compliqué. Il a fallu annuler des voyages, mais on arrive quand même à fonctionner. Il faut dire que dans mon métier, recourir aux nouveaux outils de communication est chose familière », souligne le metteur en scène.

Lui qui fréquente Wagner depuis des lunes est bien placé pour mesurer la fascination que celuici exerce. Même les personnes qui n’ont pas vu ses opéras sont touchées par la bande, preuve que le compositeur allemand fait partie de la culture populaire. « On ne se rend pas compte à quel point Wagner a contaminé les autres formes d’expression, dont le cinéma et la bande dessinée. Même dans les mariages, la marche nuptiale qu’on fait jouer vient de Lohengrin », énonce-t-il.

À lui seul, cependant, Richard Wagner ne pourra libérer le monde de l’opéra de la bulle de morosité dans laquelle l’a emprisonné le coronavirus. À de rares exceptions près, dont le Bolshoï, les grandes maisons ont fermé boutique, au même titre que les plus modestes. Tous attendent de voir si ce déconfinement sera le bon, celui qui favorisera une reprise durable des activités.

« C’est catastrophique. La paralysie totale. L’opéra est la discipline qui prendra le plus de temps pour revenir à la normale, avec le théâtre. Quand le gouvernement dit go, un restaurant est capable de rouvrir du jour au lendemain. Pas une maison d’opéra », estime François Girard. À vrai dire, il s’inquiète pour toutes les personnes associées aux arts de la scène, lesquelles ont été privées de revenus, empêchées d’exprimer leur talent, depuis le printemps 2020.

« Les musiciens, les chanteurs, les danseurs et les techniciens ont été particulièrement affectés. J’espère qu’ils vont retourner au travail prochainement et que ça se traduira par un regain d’énergie, avance le metteur en scène. On souhaite que les salles rouvrent, qu’on retrouve le contact humain, parce que dans la foulée de cette crise, j’ai l’espoir qu’on aura plein de pièces, plein d’opéras, à découvrir. »

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C’est l’opéra le plus peuplé avec 183 artistes, dont 130 choristes.»

— François Girard

ARTS ET SPECTACLES

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2021-06-12T07:00:00.0000000Z

2021-06-12T07:00:00.0000000Z

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