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La quête de l’idéal

Une gynécologue sensibilise les futurs parents aux plans de naissance trop précis

KATHERINE BOULIANNE kboulianne@lequotidien.com

Parmi les premières questions auxquelles doivent répondre les nouvelles mamans à la naissance d’un enfant, on retrouve celle de pratiquer ou non l’allaitement. La pression ressentie par les mères qui feront le choix du biberon a d’ailleurs souvent été décriée par le passé. Aujourd’hui, est-il toujours tabou de ne pas allaiter ?

Il ne fait pas de doute que les bienfaits de l’allaitement sont nombreux, dont sa capacité d’aider à prévenir certaines maladies et infections, tant chez le bébé que chez la maman. Ces notions semblent d’ailleurs bien acquises par la population, les dernières données de l’agence de la santé publique du Canada (datant de 2012) faisant état de 89 % des nourrissons québécois qui seraient allaités à la naissance.

Les campagnes de sensibilisation, ainsi que l’obtention de la reconnaissance « Initiative hôpitaux amis des bébés » (IHAB) par bon nombre d’établissements hospitaliers en province pourraient y être pour beaucoup. Cette initiative, mise en place par l’organisation mondiale de la santé et L’UNICEF en 1997, se veut une façon de protéger, promouvoir et soutenir l’allaitement dans les services de maternité et de soins aux nouveau-nés.

Pour être reconnu par L’IHAB, un établissement doit se conformer à une politique précise, interdisant notamment la publicité auprès du public de produits artificiels d’allaitement, comme les préparations pour nourrissons, les biberons ou les tétines. L’établissement doit également ne pas formuler ou diffuser d’images idéalisant l’allaitement artificiel ni remettre d’échantillons gratuits aux nouvelles mères et membres de la famille.

Conformément aux cibles dictées par L’IHAB, les centres de naissances au Saguenay-lac-saint-jean tentent d’atteindre le seuil de 75 % des bébés qui sont allaités exclusivement à la sortie de l’hôpital.

« Bien que la pandémie ait entraîné certains ralentissements dans le déploiement, nous sommes sur la voie d’atteindre la cible : nous réussissons à atteindre des taux d’allaitement allant jusqu’à 65 %. Nous continuons de déployer plusieurs actions pour améliorer notre taux d’allaitement régional tant au niveau communautaire qu’au niveau du CIUSSS », précise la porte-parole du CIUSSS, Simone Lalancette.

Si certains endroits avaient autrefois utilisé une approche plutôt rigide envers les patientes afin de réussir à atteindre les cibles de L’IHAB, l’approche du personnel soignant se serait toutefois adoucie avec le temps, selon Dre Camille Potvin, obstétriciennegynécologue à l’hôpital d’alma.

« Je trouve que les gens sont respectueux des choix des patientes. C’est sûr que nous allons tout faire pour créer un environnement favorable à l’allaitement et offrir tout le support nécessaire.

Mais même moi, en tant que médecin, lorsque je vois des cas où ça ressemble à un combat, que la patiente ne va pas du tout, qu’elle a mis beaucoup d’efforts et que ça ne fonctionne pas, il peut m’arriver de suggérer de changer de plan si c’est trop difficile », partage-t-elle.

« L’approche reliée n’est pas de forcer à tout prix l’allaitement auprès des mamans qui viennent d’accoucher, mais plutôt de bien informer et sensibiliser les parents aux différents modes d’alimentation possibles pour le nouveau-né. Nous accompagnons et soutenons l’ensemble des nouveaux parents, peu importe le mode d’alimentation choisi », assure quant à elle la porte-parole du CIUSSS.

Malgré toutes les ressources à la disposition de la maman qui aurait besoin d’aide, n’en demeure pas moins que certaines femmes devront tout de même s’acharner pour extirper la moindre goutte de lait. Et la culpabilité qui découle de cette incapacité, elle, persiste toujours. Ce qui fait dire à Dre Potvin que les bienfaits de l’allaitement ne justifient pas tout.

« Nous allons encourager tout le monde à allaiter, nous le savons que c’est bénéfique. Mais est-ce que c’est correct d’avoir à se rendre malade pour allaiter ? Moi je ne pense pas. Parfois, la personne est découragée, redoute ce moment-là et devient presque en colère contre son bébé parce qu’elle essaie d’allaiter et ça ne fonctionne pas. Un moment donné, la santé mentale et le lien avec le bébé doivent être prioritaires dans cette histoire », estime-t-elle.

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2021-07-24T07:00:00.0000000Z

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