UN IMAGINAIRE DÉBORDANT

DANIEL T. TREMBLAY INSPIRÉ PAR LES TABLES, LES NAPPES ET JACQUES CARTIER

Daniel T. Tremblay aura 65 ans le 16 août, mais à le voir aller dans son appartement, ainsi que dans la cour arrière de sa résidence, on ne le croirait pas. Son enthousiasme a quelque chose de juvénile, alors qu’il présente des oeuvres conçues dans les derniers mois. Leur nombre impressionne, mais pas autant que leur originalité. Parfois, c’est le sujet qui attire l’attention. À d’autres moments, on s’attarde à l’objet qui a enflammé son imagination.

Sous l’escalier extérieur, par exemple, il a accroché une pièce de bois plus haute que lui. Des traces de pas peintes à l’aérosol laissent entrevoir un parcours auquel le titre fait écho : La

marche du peintre. « Il y a aussi une main, celle qui travaille », fait remarquer l’artiste originaire de Chicoutimi. La source de son inspiration fut une porte de garde-robe tout ce qu’il y a de plus ordinaire. Au lieu de l’ouvrir, cependant, il l’a gardée pliée et a décidé de la suspendre.

« C’est comme un monolithe et la lecture de l’oeuvre se fait de bas en haut », précise Daniel T. Tremblay. À côté de lui, un autre projet suscite des commentaires positifs de sa part, bien qu’il ne soit pas complété. Une grande table a vu se multiplier les figures géométriques, dont une au centre, épousant la forme d’une dentelle. Celle-ci lui plaît, d’autant qu’il admire la patience des artisanes qui pratiquent cette activité. Elle devrait survivre aux interventions à venir.

Aussi critique qu’il peut se montrer enthousiaste, le peintre juge sévèrement d’autres sections de l’ouvrage. « Il y a trop de blancs. Des trucs doivent être améliorés », laisse-t-il entendre. En revanche, le recours à la couleur orange – une rareté chez lui – semble avoir passé le test. « Le choix (des couleurs) se fait tout seul et là, je ne me suis pas trompé », constate Daniel T. Tremblay.

Autre objet de fierté, un dessus de table de forme ovale attire le regard, même s’il se trouve en retrait. Sur un fond peint en bleu, l’artiste a superposé un autre cercle aux airs de dentelle, de même qu’une image qu’on croirait calquée sur une raquette de marche. « C’est une planche à repasser. J’ai juste enlevé les pattes pour vaporiser de la peinture dans les trous », explique Daniel T. Tremblay.

Avant de monter dans son appartement, le voici qui passe devant une pièce ronde en métal. « On dirait que la surface est couverte par une nappe », note l’artiste. Pour produire cette illusion, il a sacrifié une vraie nappe, désormais maculée de peinture. Or, c’est une autre personne qui jouira de cette charmante illusion, puisque l’oeuvre a trouvé un acquéreur. Il faudra donc la remplacer et justement, la matière première abonde.

« Je suis viré fou. J’ai acheté plein de tables », souligne Daniel T. Tremblay en ouvrant la porte de son atelier extérieur. Elles sont si nombreuses qu’on le comprend de prendre la chose en riant. Certaines ont été données, d’autres achetées à bas prix, et une chose est sûre, toutes subiront une transformation extrême. Quand on est capable d’apposer sa marque sur des pots de fleurs, voire des épingles à linge, on n’est pas intimidé par une ancienne table de salon.

Dans l’appartement, par ailleurs, des tableaux d’une facture plus conventionnelle ont été accrochés, dont plusieurs réalisés de fraîche date. C’est le cas de celui qui sépare la cuisine du salon, une oeuvre de 40 pouces par 60. « J’en ai fait un timbre et le bonhomme est apparu tout seul, une fois que le fond a été complété. Je trouve qu’il ressemble à Jacques Cartier. J’ai ajouté du noir pour le faire ressortir et ça se pourrait que j’ajoute un fauteuil roulant », avance le peintre, sourire en coin.

ACTIVITÉS PORTES OUVERTES

Peut-être que la version finale sera prête au moment où il tiendra sa cinquième activité portes ouvertes, les 15 et 16 août. Il suffira de se rendre au 30 rue Price Est, au cours de l’après-midi, pour remonter à la source de son imaginaire de plus en plus débordant.