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SIMON ÉMOND PERCE À MONTRÉAL

DANIEL CÔTÉ dcote@lequotidien.com

Photographe établi à Métabetchouan-lac-à-la-croix, Simon Émond participe à sa première exposition dans la Métropole. Tenue jusqu’au 19 septembre, à la galerie Jano Lapin de Verdun, cette manifestation intitulée Sentiers sauvages permet d’apprécier le travail de 15 artistes sélectionnés par la commissaire Gabrielle Lavoie-bergeron.

« C’est le rapport au corps en relation avec son territoire, les autres ou leur absence », a-t-elle mentionné dans le synopsis. Or, les images réalisées dans le cadre de la série Rebâtir le ciel, créée de concert avec l’auteurice Michel Lemelin en 2020, se moulaient à cette démarche. Deux ont été accrochées dans la galerie, alors que deux autres sont diffusées en ligne.

« C’est ma première exposition à Montréal et c’est aussi la première fois qu’on m’invite, a fait remarquer Simon Émond au cours d’une entrevue accordée au Progrès. La commissaire a vu mon travail alors qu’elle faisait partie d’un jury. Il concordait avec son projet, puisque le concept de la marche se trouvait au coeur de Rebâtir le ciel. J’avais alors recueilli des témoignages la nuit. »

Son approche consistait à accumuler de la matière brute, des photographies en noir et blanc qui, en raison de la faible luminosité, offraient peu de contrastes. C’est ensuite que la magie opérait, lors du passage dans la chambre noire. Leur traitement faisait écho à l’identité de l’artiste, qui se définit comme une personne nonbinaire et trans.

« Pour me révéler ainsi, j’ai dû entreprendre un processus de déconstruction de mon identité, ce qui correspond à ce que je fais avec les photographies. Je veux qu’elles deviennent autre chose pour qu’il ne reste que la lumière. Ça ouvre la possibilité que les gens portent sur elles un regard différent du mien, mon désir étant de faire voir l’intangible », décrit Simon Émond.

Ce qui ressort à ses yeux, c’est l’idée que tout le monde est valide, que personne n’est défini par son statut à la naissance. La fluidité des images s’apparente à celle des êtres humains, une vision qui n’est pas éloignée de celle que véhicule Gabrielle Lavoie-bergeron, à propos de Sentiers sauvages.

« Il y est question de temps, d’espace et de choix – qu’ils soient publics ou privés. De nature et d’urbanité. C’est un territoire personnel, collectif et sauvage à défricher », énonce ainsi la commissaire.

UNE EXPOSITION EN 2022

Pour Simon Émond, cette première incursion à Montréal constitue une étape significative. Non seulement permet-elle de montrer son travail ailleurs qu’au Saguenay-lac-saint-jean, mais d’autres opportunités se matérialiseront prochainement. Dès septembre, le centre d’artistes ARPRIM, situé au centre-ville de Montréal, tiendra une exposition consacrée au livre Rebâtir le ciel.

Puis viendra une résidence de création au centre d’artistes L’imprimerie, enraciné dans le quartier Hochelaga. Un séjour de quatre semaines figure au programme d’ici au début de la prochaine année. Ce sera l’occasion de plancher sur une nouvelle série de photographies captées au Lacsaint-jean, sur le site d’un village disparu depuis près d’un siècle.

« Cet été, je travaille à la Pointetaillon, là où se trouvait le village de Bienheureuse Sainte-jeanned’arc. C’est une communauté qui a été abandonnée à la suite du rehaussement des eaux du lac Saint-jean, en 1926. Ce que je veux faire ressortir, c’est l’héritage affectif, immatériel, découlant de la construction des barrages », raconte Simon Émond. L’exposition découlant de cette démarche sera présentée à l’été 2022, sur le site du parc national.

ARTS ET SPECTACLES

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2021-07-24T07:00:00.0000000Z

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