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BELLECHASSE SUR GRAVELLE

DAVID DESJARDINS Collaboration spéciale

La première fois que j’ai grimpé tout au haut du parc d’éoliennes du parc du Massif du Sud, c’était en juin et il y avait encore de la neige au sommet. Il faisait si chaud, ce jour-là, que les flocons compactés se sublimaient, produisant un écran de brume d’une blancheur opaque surréelle. Nous avons donc marché quelques centaines de mètres à côté de nos montures, sans trop voir ce qui venait devant.

Au bout du secteur enneigé, des conducteurs de petits véhicules tout-terrain qui venaient en sens inverse avaient été stoppés net dans leur élan. Ils nous regardaient arriver comme des extraterrestres débarquant d’un vaisseau enfumé, portant des combinaisons de lycra multicolores. « C’est par ici, le Tour de France ? », leur a lancé l’un de nous, suscitant l’hilarité de ces témoins incrédules de notre drôle d’aventure.

J’y suis ensuite retourné deux fois. Dont une pour participer à la Buckland sur Gravelle, une course dont Éric Blais est le directeur et qui se trame dans les côteuses routes non pavées qui quadrillent le secteur.

« C’est sûr que ce n’est pas toujours facile dans ce coin-ci, précise Blais à l’intention des néophytes. Si on compare avec une autre région riche en routes du genre, comme l’estrie, nos côtes sont plus abruptes, avec parfois des pourcentages allant jusqu’à 18 ou 20 %. »

Sur le site labuckland.ca, l’équipe derrière la course dont Éric fait partie propose plusieurs parcours. Vous pouvez les télécharger pour les utiliser avec votre téléphone portable ou un ordinateur de route (Garmin, Wahoo ou autre). Chaque sortie est détaillée : kilométrage, profil et dénivelé.

PARENTHÈSE EN ALTITUDE

Un lecteur m’écrivait d’ailleurs, récemment, à propos dudit dénivelé, me demandant ce que cela signifie exactement lorsque je mentionne, par exemple, qu’un parcours totalise 500 m de gain, ou de dénivelé positif. Plus précisément, je devrais écrire dénivelé positif cumulé (en anglais on dit elevation gain). Il s’agit de la totalité de ce que vous grimpez lors d’une sortie, mesuré en altitude. Si, par exemple, vous montez 400 mètres (donc vous vous élevez de 400 m depuis le point de départ, ce qui peut nécessiter 5, 10, 30 ou 50 km, selon le pourcentage de la pente), puis descendez 300, puis remontez ensuite de 500, le dénivelé positif de votre sortie est de 900 m.

Dans le coin de Buckland, 900 m, c’est de la petite bière. Mais pour le commun des mortels, ce ne l’est pas. Du tout. Attention, donc, de bien consulter le profil (qui vous donnera une idée de l’angle des pentes) et le dénivelé avant de vous aventurer dans le coin.

Mais comme le plus souvent, dans ces secteurs relativement reculés où la civilisation ne se manifeste que par rares et petites bouffées, l’effort fourni donne accès à des lieux incroyables, en marge du monde.

LOIN DES AUTOS, PRÈS DU COEUR

« Ce n’est pas la ville, ici. Le monde est gentil, relax, il n’y a presque pas d’autos sur ces routes de terre et quand il y en a, on ne se fait jamais frôler. S’il vous arrive un pépin par ici, c’est sûr que vous allez trouver du monde pour vous aider », insiste Éric Blais, qui a d’abord adopté la région à cause de la montagne de ski du Massif du Sud. « Je me suis rendu compte que les routes de gravelle donnaient accès à des paysages presque intacts, intouchés par l’humain. Et puis, sur une sortie de 50 km, on peut aligner des décors très différents. Des fois, c’est rocheux, lunaire, parfois on traverse des pâturages verdoyants. » Ajoutez à cela la presque absence des voitures, et vous voici au paradis. À condition d’être prudent dans votre conduite.

Pas de panique : la surface est assez accessible. On parle de routes de terre et de gravier compacté. Les descentes sont, la plupart du temps, tout à fait gérables. Les montées, par ailleurs, sont parfois glissantes en raison de leur redoutable pourcentage. Éric propose des pneus d’une largeur de 40 mm, lisses au centre et cramponnés aux côtés. J’abonde. J’ajoute à ceci : attention aux virages ! C’est souvent là que, par manque d’habitude, on peut glisser et se donner la frousse.

Pour découvrir le coin sans trop se faire mal aux jambes, on peut aussi aller un peu plus au sud. « Ici, c’est le début des Appalaches, ce n’est pas plat du tout, mais si on continue plus loin, propose Éric, on atteint des zones moins accidentées à l’approche de la frontière américaine. »

Surveillez aussi la page Facebook de la Buckland. D’autres sorties plus près de l’autoroute 20 et sur des routes un peu moins escarpées devraient y apparaître sous peu. De même qu’un événement ayant pour point central quatre microbrasseries locales.

Pour le moment, pour découvrir le coin, vous pouvez vous stationner à l’église de Saint-damien et suivre l’un des parcours proposés. Mais attention, je le répète : faut être en forme et relativement habile sur son vélo pour venir jouer ici. Votre niveau de plaisir en dépend.

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2021-07-24T07:00:00.0000000Z

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