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La Forestia ou la balade des gens heureux

ISABELLE LÉGARÉ isabelle.legare@lenouvelliste.qc.ca

La thérapie par les arbres, j’y crois. C’est difficile à expliquer, mais leur présence m’enveloppe, m’apaise, me revigore... Cette sensation de bien-être m’envahit aussitôt que je m’engage sur les sentiers de la Forestia où je vous croise, de plus en plus nombreux. Je ne suis pas la seule à m’y évader avec bonheur.

La pandémie aura eu au moins ceci de bon. Au plus fort du confinement et des effets engendrés à notre corps défendant, plusieurs ont (re) découvert le plaisir de sortir dehors, de respirer profondément et de marcher librement.

Votre santé mentale s’en porte mieux. C’est prouvé scientifiquement. Faites vos recherches.

Au cours des derniers mois, plusieurs d’entre vous ont convergé vers la Forestia du secteur Pointe-du-lac, à Troisrivières. Pour des gens du coin dont je fais partie depuis une vingtaine d’années, c’est « la terre des Frères » du fait qu’à l’origine, le boisé appartenait aux Frères de l’instruction chrétienne.

Située derrière le Moulin seigneurial, la Forestia est accessible à l’année et c’est gratuit.

Il faut remercier Jean-guy et Gisèle.

« Nous avons créé Forestia pour sauvegarder la nature de cette forêt ancienne. Nos corps y sont unis à jamais et notre âme y veillera pour toujours. »

C’est le message que le couple a fait graver sur la pierre tombale aperçue au détour d’un chemin, parmi les fougères lumineuses, au pied d’arbres plus que centenaires.

Au début des années 2000, Jean-guy Morissette a eu vent que les religieux envisageaient de se départir d’une partie de leur propriété. Craignant qu’un promoteur immobilier en prenne possession et rase la forêt, le fondateur de l’auberge du lac Saint-pierre et son épouse, Gisèle Poliquin, ont eu l’excellente idée d’acheter une section du site qu’ils ont baptisée « La Forestia ».

« Quand Jean-guy a commencé à faire les sentiers, il y allait à vélo, avec une scie mécanique dans son sac à dos », raconte François Poliquin, le frère de Gisèle.

La dame est décédée en 2011, trois ans avant son époux pour qui aménager cette forêt de pruches était sa façon de décompresser. Et un acte de générosité, ai-je envie d’ajouter.

« La Forestia, ce n’est pas à moi. C’est à tout le monde », disait Jean-guy.

Son havre de paix est devenu un organisme à but non lucratif afin que toute la population puisse en bénéficier. Alors, pourquoi s’en priver ?

La Forestia a ce petit quelque chose de méditatif, particulièrement lorsque les rayons du soleil se faufilent à travers les arbres plus grands que nature. On dirait qu’ils nous regardent et nous entendent réfléchir.

Puis ça sent tellement bon, me fait remarquer François Poliquin, son refuge aussi.

Comme son beau-frère avant lui, le retraité assure bénévolement l’entretien du boisé que se partagent également la Corporation du Moulin seigneurial et les Frères de l’instruction chrétienne.

Il nous est possible de parcourir les sentiers entourant leur résidence, la Maison Saint-joseph. S’y trouvent une réplique du Pont des chapelets de Notredame-du-cap, une grotte dédiée à Marie et le petit cimetière avec ses rangées de croix blanches.

La Forestia totalise près de sept kilomètres de chemins qui s’entrecroisent. Des ponceaux nous permettent de traverser la jolie petite rivière Saint-charles et le discret canal des Seigneurs.

Avec la collaboration de la Ville de Trois-rivières, un projet vise à mettre davantage l’endroit en valeur. Le balisage, la cartographie et la signalisation seront refaits et améliorés au cours des prochains mois. On aime ça.

Sachez qu’il est possible d’étirer le plaisir en faisant un pique-nique à l’entrée du sentier principal ou autour de l’étang, le fond d’écran de plusieurs jeunes mariés.

Des tables ont récemment été installées. Elles ont été fabriquées à partir d’arbres victimes de vents violents des dernières années. Ceux-ci connaissent maintenant une deuxième, voire une troisième vie. Un damier a été gravé sur l’une des tables avec des petits rondins en guise de pions. À vous de jouer.

Toujours à proximité du Moulin seigneurial se trouvent des panneaux d’interprétation qui relatent l’histoire des lieux. Personnellement, je me promets d’essayer le balado « Les sentiers poétiques ». Accessible gratuitement, via notre téléphone intelligent ou en louant un audioguide.

À lui seul, le superbe Moulin seigneurial vaut le déplacement. « L’un des plus beaux joyaux d’architecture rurale du Québec », peut-on lire sur le site web de la corporation que je vous suggère de consulter pour en connaître davantage sur les expositions et activités dont celle-ci : l’atelier de confection de pain.

Le projet était dans l’air depuis longtemps. C’est fait. Un four à pain artisanal vient d’être construit sur les terrains du Moulin seigneurial, à un jet de pierre de l’entrée de la Forestia où les oiseaux chantent, les écureuils s’amusent et les chiens sont les bienvenus.

Rares sont les endroits publics où Fido a le privilège de humer tranquillement la nature avec son maître. C’est le cas ici pourvu que votre fidèle compagnon soit tenu en laisse. Cela va de soi.

Les autres marcheurs et moi-même vous remercions à l’avance de ramasser les petits, moyens ou gros besoins que votre gentil toutou laissera immanquablement sur son passage. C’est l’évidence aussi.

Sur ce, bonne balade !

CHRONIQUE

fr-ca

2021-07-24T07:00:00.0000000Z

2021-07-24T07:00:00.0000000Z

https://lequotidien.pressreader.com/article/281844351662058

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