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L’ART DU DRAG, EN FRANÇAIS

JEAN-FRANÇCOIS DUGAS jfdugas@ledroit.com

La pandémie a mis un frein à plusieurs projets depuis le mois de mars 2020. Elle a aussi permis à certains d’explorer le monde du drag… en français !

L’idée de créer l’académie du drag est l’oeuvre de l’association des communautés francophones d’ottawa (ACFO). L’organisme travaille depuis toujours à défendre et faire rayonner la langue française dans la capitale fédérale. Lors de discussions avec des groupes identitaires au sein de la communauté francophone au cours des dernières années, L’ACFO a rapidement cerné un besoin.

« Quelque chose qui est revenu souvent était cette idée que les francophones LGBTQ se sentaient souvent obligés de choisir entre leur identité francophone et leur identité LGBTQ. Il n’existe pas beaucoup d’espaces où ils peuvent vraiment vivre leurs deux identités en même temps, explique la directrice générale de l’organisme, Ajà Besler. Aussi, la scène artistique drag à Ottawa se fait quasiment uniquement en anglais. Même s’il y a beaucoup d’artistes bilingues, tous les spectacles sont en anglais. »

Pour L’ACFO, l’assimilation guette donc les francophones de la communauté LGBTQ.

« Pour nous, l’académie se voulait vraiment une façon de contrer l’assimilation des francophones LGBTQ. Ils se tournaient vers des espaces anglophones LGBTQ, au lieu de se tourner vers la francophonie. Donc, ils deviennent de plus en plus déconnectés de la francophonie », soutient Mme Besler.

NAISSANCE DE L’ACADÉMIE

L’académie du drag est donc née grâce à une subvention de Patrimoine canadien obtenu… pile-poil avec le début de la pandémie.

« À l’origine, nous voulions créer un camp en personne pendant le congé de mars. Nous avons dû réfléchir à comment atteindre les objectifs du projet différemment », se souvient Mme Besler.

Comme bien d’autres organisations, l’utilisation de plateforme de visioconférence est devenue l’outil de prédilection.

L’ACFO a d’abord recruté divers drag kings et drag queens établis pour animer des communautés d’apprentissages chaque semaine où adultes et adolescents curieux d’explorer ce monde ont pu échanger avec des artistes aguerris pendant deux mois.

De plus, huit tutoriels ont été créés pour parfaire leurs connaissances en matière de maquillage, de performance sur scène, de création d’un personnage voire la fabrication de perruques ainsi que le lipsync. Tout cela dans le but d’offrir une performance en personne au mois de mars 2021. Encore une fois, la pandémie s’est activée. Troisième vague oblige, la performance a eu lieu dans le salon de chaque participant. Malgré les contraintes, l’expérience fut saluée par les participants.

TÉMOIGNAGES

« C’est la première fois que je faisais du drag. Je voulais essayer et c’était le bon temps en pandémie, car je n’avais rien à faire. C’est la première fois que je mettais du maquillage et au bout du compte, ce n’était pas si pire », explique une participante du groupe adulte, Janine Tendo.

Pour leur part, Rosalie Guidon Saint-denis et Audrey Gadoua, deux adolescentes de l’est ontarien, ont décidé d’embarquer dans l’aventure... par curiosité.

« Même si je ne fais pas partie de la communauté LGBTQ, j’ai vraiment

tripé. C’était le fun de se mettre dans la peau d’une drag queen, souligne Audrey Gadoua, âgée de 17 ans. J’ai découvert un autre côté de l’art que je ne pensais pas pouvoir pratiquer. Je le referais n’importe quand. »

« Ce qui m’a attiré était la présence de Barbada de Barbades (comme mentor), car je l’avais déjà vue en spectacle trois ou quatre fois et je l’aime beaucoup, enchaîne son amie de 16 ans, sympathisante à la cause LGBTQ. Je ne pense pas devenir une drag queen, mais peut-être que je pourrais être une maquilleuse pour les spectacles. »

Les deux amies ont d’ailleurs bien aimé que le tout se fasse en français. D’ailleurs, elles ont choisi d’interpréter des chansons d’artistes de leur région comme Véronic Dicaire et Gabrielle Goulet, pour leurs performances lipsync sur scène, même si ce n’était pas imposé.

« On a décidé de choisir des chansons franco-ontariennes et de choisir des artistes locaux », exprime fièrement Audrey Gadoua.

LA SUITE

Même si un spectacle a eu lieu en mars, Mme Besler dit vouloir « travailler à développer une scène artistique drag en français en Ontario ».

Plusieurs des outils développés pendant l’initiative de l’académie du drag sont toujours disponibles, avise-t-elle, pour les intéressés.

ACTUALITÉS

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2021-07-24T07:00:00.0000000Z

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