LA TOILE QUI A MIS FIN À L’HIVER

Il y a des oeuvres qui cristallisent un moment précis dans la vie d’un artiste. Différentes de sa production régulière, elles témoignent de cet instant précieux où un autre possible a pu exister. Daniel T. Tremblay n’est pas étranger à ce phénomène, comme l’illustre une toile réalisée cette année.

Déjà, elle se distingue des autres parce qu’il l’a enroulée sur une modeste tringle à rideaux, au lieu de l’encadrer. « C’est lui mon printemps », annonce l’artiste au moment de déployer ce tableau empreint d’une joie manifeste. Les thèmes abordés, autant que le choix des couleurs, donnent la mesure du bonheur qui fut le sien, le jour où il fut confronté à la toile vierge.

« J’ai commencé par faire le contour en imaginant une verdure abondante, puis le reste s’est imposé de lui-même. Comme ça prenait de la vie, j’en ai mis en masse », a confié le peintre au Progrès. Tanné de l’hiver, il s’était mis en tête de vivre son printemps avant le temps, ce qui a donné lieu à un nouveau cycle de création.

Puisqu’il était trop tôt pour travailler dans son deuxième atelier, celui qui se trouve dans la cour arrière de sa résidence de Chicoutimi, c’est sur la table de sa cuisine que la toile a été posée. Des fleurs ont été maillées à la verdure, ainsi que des papillons. « Ça fait du bien à l’âme », affirme Daniel T. Tremblay.

Deux visages ont été regroupés au centre de l’oeuvre, où des étoiles leur tiennent compagnie. « Les visages illustrent l’amitié, l’amour, tandis que les étoiles évoquent les feux d’artifice, l’expression. Mon art est en effet transfiguratif. C’est une suggestion, pas une représentation », énonce le peintre.

Produire cette oeuvre l’a libéré du poids combiné de l’hiver et du confinement. Cette légèreté inattendue, presque bucolique, a ouvert un cycle qui ne semble pas à la veille de s’éteindre, à en juger par les projets qui attendent un ultime coup de pinceau, sans parler de ceux qui germent dans sa tête.