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MAZZA, PLUS VRAIE, PLUS CRUE

SONIA BOLDUC sonia.bolduc@latribune.qc.ca

SHERBROOKE — La glace est brisée, les présentations de début de relation sont faites — et bien faites d’ailleurs —, mais les fiançailles ont assez duré. Presque cinq ans après avoir «enfilé ses gants blancs» pour aller à la rencontre d’un public qui l’a fidèlement suivie sur scène avec son spectacle Femme ta gueule, Mariana Mazza veut amener la relation un pas plus loin vers l’authenticité en se présentant Impolie sur les planches.

« Femme ta gueule, c’était une entrée en matière, une carte de visite pour que les gens apprennent à me connaître. Mais là, avec Impolie, c’est un peu comme quand ça fait deux ans que t’es en couple : y’a plus de barrières, tu ne mets plus de gants blancs. C’est un show où je suis plus vraie, plus crue. Les gens qui l’ont vu en rodage n’ont pas été surpris, ils ont ri », avertit celle qui s’est récemment retrouvée, règles sanitaires obligent, dans une salle remplie au quart, à Laval, pour y tester son matériel.

De passage à la salle Mauriceo’bready du Centre culturel de l’université de Sherbrooke samedi, elle y ajoutera éclairage et éléments de décors pour une dernière soirée de rodage avant de lancer la machine au même endroit les 30 et 31 juillet prochains.

« En fait, même samedi, ce n’est pas tant du rodage, les textes sont prêts et solides, assure-t-elle. Mais bon, on garde le terme rodage, on pourra le ressortir si les gens n’aiment pas ça. »

L’humoriste est confiante des textes coécrits avec ses amies Justine et Audrey Philie, retouchés par Michel Sigouin, et le retour sur scène a permis de prendre de nouveaux repères.

« C’est vraiment agréable de retrouver la scène et les gens, mais on doit tous se réhabituer, retrouver les réflexes d’interaction, même pour les spectateurs dans la salle. Il a fallu leur dire "oui, vous pouvez rire et intervenir". La longue absence a changé les habitudes. Ça va prendre un peu de temps, mais ça va revenir. »

LA PETITE GÊNE DE FEMME TA GUEULE

À ceux et celles qui considèrent que la gagnante en 2017 de l’olivier de l’année et du Félix du spectacle de l’humour de l’année de L’ADISQ y allait déjà rondement sur scène, Mariana Mazza précise qu’elle se gardait encore une petite gêne.

« Le matériel d’impolie va plus loin. Ça aurait été trop "dans la face" pour un premier show. Mais là, on est rendus là dans notre relation, le public et moi. J’ai envie de parler de choses qui me font rire, que ce soit dans les relations de couples, les relations avec les amis. Et moi, ce qui me fait rire, ce sont les malaises. Tous les petits malaises qui arrivent dans toutes les sphères de nos vies, que ce soit dans le sexe, dans les rencontres, peu importe. Les malaises autour d’une simple question, d’un commentaire, des choses qui nous arrivent tous. Les choses qu’on n’ose pas dire, ou qu’on dit, ça me fait rire. »

Des choses qu’on n’ose pas dire, Mariana Mazza va donc en partager sur scène pendant les 100 représentations prévues d’impolie, et peut-être aussi dans la suite déjà annoncée de ce spectacle, Polie. Mais dans sa vie publique, elle garde un filtre, aussi mince puisse-t-il paraître.

« Je mets encore des gants blancs, comme tout le monde, sinon je n’aurais pas de carrière, lance-t-elle. Personne n’est totalement soi-même, sinon ça ne marcherait pas. Des fois, il se passe des choses, je me passe plein de commentaires dans ma tête, pis je me dis "Ta yeule !" On fait tous ça. On n’a pas le choix de faire ça. »

ASSUMER LES BONNES... ET LES MOINS BONNES JOURNÉES

Avec sa décennie de métier, sa trentaine amorcée, sa dégaine frondeuse, son franc-parler et son rire tout aussi franc, Mariana Mazza a élargi à la gratte la voie des possibilités de postures féminines sur scène et dans l’espace public. Plutôt que de se formater la personnalité, elle s’est permis d’être, d’explorer et d’exploser par moments. Complètement assumée, Mariana Mazza ?

« Complètement assumée, oui, mais ça, ça n’empêche pas les mauvaises journées où la culpabilité est présente et où la confiance est moins forte, confie-t-elle. Tout est une question de mood, de la façon dont tu te lèves le matin, et donc que tu t’es couchée le soir d’avant, que tu te gères, que tu te sens. Y a plein d’affaires chaque jour qui peuvent influencer ton humeur : les hormones, la température, tes relations avec ton entourage, tes décisions, ce que tu fais, ce que tu vis, comment tu vis tout ça. Faut que tu te demandes si t’es bien. Pis quand tu ne l’es pas, la culpabilité peut embarquer, tu remets tes décisions pis tes choix en question, t’as l’impression que tu l’as échappé, peu importe. On crée notre bonheur avec tout ce qui nous entoure, mais le contraire est vrai aussi. »

« On fait toujours des apprentissages de vie, même si on est très confiants, poursuit Mazza. Et même si on est confiants, on n’est jamais complètement confiants, jamais complètement heureux. Regarde autour : les gens riches ou qui ont beaucoup de succès qui s’enlèvent la vie, des gens super beaux qui se charcutent le visage. On a tous nos bibittes, il faut savoir s’en débarrasser, trouver nos outils dans la boîte. Mais des fois, la boîte n’est pas à côté, tes outils ne sont pas à portée de main, c’est plus difficile. Tu vois, moi, si j’étais complètement confiante, j’aurais peut-être une carrière internationale, je ferais des shows en anglais, en espagnol, je ne serais pas juste au Québec. Mais en même temps, j’aime ma vie et mon confort ici. Je suis heureuse de ce que je fais, de qui je suis. J’aime être près de ma famille, de mes amis. Je suis une fille de

gang, j’ai besoin de ça et de rester ici. Je ne pense pas que j’aurai des regrets de ça. Des regrets de petites choses, peut-être, mais de grandes décisions, je ne crois pas. »

ARTS ET SPECTACLES

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2021-07-24T07:00:00.0000000Z

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