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AU BORD DU GOUFFRE FINANCIER ET PERSONNEL

Le combat de Tommy Roberge pour vaincre l’adversité

pierre théroux Collaboration spéciale p.theroux@videotron.ca En collaboration avec l’école d’entrepreneurship de Beauce et le Groupement des chefs d’entreprise

Pour plusieurs entreprises, les derniers 18 mois ont été particulièrement difficiles. L’entrepreneur en construction Escaléra ne fait pas exception, alors que la pandémie a aussi amené son lot de défis. Mais jamais autant qu’en 2014, quand son président, Tommy Roberge, a vu sa vie d’entrepreneur et personnelle virer au cauchemar.

« On était au bord de la faillite. La détresse psychologique s’en est suivie et les idées noires ont envahi mon esprit », avoue M. Roberge, après avoir longuement hésité avant d’en parler publiquement.

Mais si son témoignage peut « aider d’autres entrepreneurs à passer à travers de telles épreuves, ce sera mission accomplie », souligne-t-il.

Un litige concernant un contrat, dont son associé le tenait faussement responsable, est au coeur de cette période extrêmement difficile de sa vie. Tommy Roberge avait alors décidé, au printemps 2014, de déménager avec sa famille en Alberta pour y ouvrir une division et explorer le potentiel de développement dans l’ouest canadien.

« Je ne le savais pas à l’époque, mais ce départ était aussi une fuite en avant pour me libérer d’un fardeau », reconnaît aujourd’hui M. Roberge, qui a été dans l’obligation de revenir au Québec quelques mois seulement après son départ.

S.O.S !

L’harmonie entre les deux principaux associés, qui était déjà fragile, s’était alors grandement détériorée et mettait en péril les activités de cette entreprise de Québec lancée en 2007. Les revenus, qui avaient rapidement grimpé de 400 000 $ à 12 M $ entre 2007 et 2014, avaient chuté à 2,8 M $ en 2015 et n’arrivaient pas à couvrir les dépenses. Au plus fort de la tempête, la moitié de la quarantaine d’employés avait quitté le navire.

Tommy Roberge, déterminé à se battre, n’a pas hésité à demander de l’aide. En s’inscrivant, notamment, à l’école d’entrepreneurship de Beauce afin de profiter de l’expérience et des connaissances d’autres dirigeants d’entreprises. « J’avais besoin d’avoir de nouvelles compétences pour me tirer d’affaire », explique M. Roberge, qui est aussi allé chercher de l’aide médicale et psychologique.

« Il ne faut pas rester seul quand rien ne va plus. C’est sûrement ce qui m’a permis de rester en vie, dans les deux sens du terme, je pense », confie Tommy Roberge, fier d’avoir réussi à surmonter cette descente aux enfers.

En parallèle, l’entrepreneur devait mener une bataille juridique pour se séparer de son associé, et négocier avec la banque et des créanciers pour redonner un peu d’oxygène à l’entreprise. « Un sous-traitant qui menaçait de me mettre en faillite a accepté un lunch avec moi. Je lui ai dit que s’il acceptait d’étaler les paiements, j’allais le rembourser jusqu’à la dernière cent. Mais que si je tombais, il ne reverrait malheureusement jamais la couleur de son argent. Il a accepté ma proposition et j’ai tenu parole. »

Tommy Roberge a aussi reçu

un précieux coup de pouce d’un ancien patron qui s’est porté garant de son entreprise pour l’obtention du cautionnement nécessaire à l’octroi de contrats publics.

En 2017, trois ans après le début de cette saga financière et juridique, Tommy Roberge était finalement libéré de son associé. L’année suivante, l’entreprise réglait toutes ses dettes et reprenait même le chemin de la croissance, jusqu’à atteindre des revenus et des profits records en 2019.

Ces différentes épreuves l’ont non seulement amené à solidifier les bases de l’entreprise et à renouer avec le succès et le plaisir de travailler, mais aussi à devenir un meilleur patron.

« Avant, j’étais le bourreau qui passait son temps à relever les erreurs des employés. J’ai appris à utiliser plutôt leurs forces et favoriser le travail d’équipe », se réjouit-il.

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Avant, j’étais le bourreau qui passait son temps à relever les erreurs des employés. J’ai appris à utiliser plutôt leurs forces et favoriser le » travail d’équipe.

— Tommy Roberge, président d’escaléra PHOTO LE SOLEIL, YAN DOUBLET

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