LeQuotidienSurMonOrdi.ca

POUR EN FINIR AVEC LE BAR RAYÉ DANS LE SAGUENAY

ROGER BLACKBURN rblackburn@lequotidien.com

La biologiste du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP) Karine Gagnon a pris le temps de répondre à mes questions au sujet du bar rayé du Saguenay, la semaine dernière. Je vous fais part de la situation en formule question-réponse. Q Est-ce qu’il y a du bar rayé dans le Saguenay présentement ? R

L’ensemble des informations disponibles indiquent que les bars rayés des populations du fleuve Saint-laurent et de la population voisine du sud du golfe du Saint-laurent effectuent des migrations importantes durant la saison estivale. Ceci occasionne un chevauchement dans l’aire de répartition estivale des deux populations dans les eaux du golfe du Saint-laurent, de l’estuaire maritime du Saintlaurent et de la rivière Saguenay. Donc, depuis plusieurs années, les bars rayés des deux populations fréquentent la rivière Saguenay en saison estivale, soit grosso modo de juin à septembre.

Q Que révèlent les pêches expérimentales ?

R Nous n’avons pas fait de pêches expérimentales cette année. Celles des années antérieures ont montré que l’abondance est très variable...

Q Quelle population de bars retrouve-t-on dans le Saguenay?

R Les deux populations sont présentes, mais c’est toutefois difficile à définir à fine échelle géographique et en proportion variable entre les années.

Q Est-ce qu’il se fait plusieurs prises accidentelles?

R Chaque année, nous distribuons des carnets du pêcheur à la truite de mer au Saguenay et les captures accidentelles y sont inscrites. Nous aurons une idée de l’évolution des captures accidentelles en 2021 à la fin de la saison de pêche à la truite de mer, soit le 31 octobre, suivant le retour des carnets et la compilation des données.

Q Est-ce que la présence du bar peut avoir un effet sur la diminution des truites de mer dans la rivière à Mars?

R L’hypothèse actuelle n’est pas une prédation directe sur l’omble de fontaine anadrome (truite de mer), mais plutôt sur les proies des ombles. Une étude est en cours pour documenter l’alimentation de la truite de mer. Il est aussi possible que la présence des bars rayés entraîne un déplacement des ombles vers des habitats moins propices à une bonne alimentation, donnant l’impression aux pêcheurs que l’omble est moins abondant.

Q On estime à combien le nombre de bars rayés qui fréquentent le Saguenay?

R On ne peut répondre à cette question en chiffres. On sait que l’abondance est variable avec les années. Depuis quelques années, au fleuve Saint-laurent, le MFFP mesure un indice d’abondance basé sur des protocoles d’échantillonnages standardisés, dont le suivi du recrutement pour estimer l’abondance des jeunes de l’année et le suivi des adultes.

Q Les pêcheurs peuvent-ils espérer à court terme l’ouverture de la pêche au bar rayé dans le Saguenay?

R Le règlement de pêche du Québec pourrait être modifié pour permettre l’exploitation du bar rayé si l’état de la population et le statut légal le permettent.

Q Est-ce que le bar rayé se reproduit dans le Saguenay? Pourrait-il se reproduire dans le Saguenay ?

R Pour l’instant, il n’y a aucun signe de reproduction dans le Saguenay. Si des bars s’y reproduisaient, ce qui n’est pas impossible, la survie des oeufs et des larves n’est cependant pas garantie. Dans la rivière Saguenay, la longueur du tronçon qui pourrait être propice à l’incubation et à l’élevage des larves n’est pas suffisante. Les oeufs ou larves mourraient avant d’atteindre un stade pour garantir leur survie.

Des pêcheurs ont observé/capturé dans la rivière Saguenay des bars de six à huit pouces, cet été, lesquels sont probablement âgés de 1 à 2 ans. Comme mentionné précédemment, ce n’est pas un signe qu’il y a eu de la reproduction dans la rivière Saguenay. Les jeunes bars rayés de cette taille et de cet âge ont une capacité natatoire suffisante pour faire des migrations sur des centaines de kilomètres. À titre d’exemple, le MFFP a capturé un bar rayé de 1 an à Gaspé qui provenait de la Miramichi, soit à plus de 500 km. Les jeunes bars sont largement capables de passer du fleuve au Saguenay à cet âge.

Q Quel est l’état de la situation?

R Depuis la réintroduction du bar rayé dans le fleuve, il se reproduit naturellement. Il existe deux zones de fraie qui contribuent activement au rétablissement et au maintien de la population. Ces deux zones de fraie sont situées à l’embouchure de la rivière du Sud, à Montmagny, et à l’extrémité est des installations portuaires à Beauport, dans la ville de Québec.

En été, un certain chevauchement géographique semble exister entre la population du fleuve et la population du sud du golfe du Saint-laurent. Ce chevauchement est documenté dans les eaux du golfe, de l’estuaire maritime et de la rivière Saguenay. Il est toutefois difficile à définir géographiquement et varie entre les années.

Le bar rayé a un comportement grégaire et il fréquente le milieu riverain. Il est ainsi vite repéré par les gens, ce qui alimente la perception qu’ils sont abondants. Les médias traditionnels et sociaux alimentent aussi la perception selon laquelle l’espèce est abondante ou nuisible à d’autres espèces pêchées, comme l’omble de fontaine anadrome ou le saumon atlantique.

Il s’agit d’une mauvaise analogie. Depuis des centaines d’années, le bar rayé de la population du sud du golfe fraie dans la rivière Miramichi et il y côtoie une population importante de saumons sur cette même rivière.

CHASSE ET PÊCHE

fr-ca

2021-09-18T07:00:00.0000000Z

2021-09-18T07:00:00.0000000Z

https://lequotidien.pressreader.com/article/282626035818057

Groupe Capitales Media