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Un guide pour étancher sa soif

ISABELLE PION isabelle.pion@latribune.qc.ca

Depuis longtemps, les arrêts brassicoles s’invitent dans les voyages de Bianca Pomerleau. Maintenant, ils font aussi partie de ses escapades en randonnée. La globe-trotteuse nous fait découvrir 40 itinéraires avec le nouveau guide Randos bière au Québec.

Il y a près de 20 ans que cette femme de Québec s’intéresse à la bière, au point où cela devient un prétexte pour visiter une région… peu importe où dans le monde.

« J’ai toujours couru un peu ces bières-là. Même en Jordanie. On s’entend que ce n’est pas un pays réputé pour sa production brassicole. On a gratté et on a réussi à trouver cinq bières qu’ils produisaient sur le territoire et où les acheter », raconte-t-elle, amusée.

« Dès que j’apprends l’existence d’une nouvelle microbrasserie et dès que j’en ai l’occasion, j’essaie d’aller la visiter. J’aime aussi beaucoup assister aux événements brassicoles. »

Au fil des dernières années, elle a développé un intérêt pour la randonnée pédestre.

C’est lors d’un voyage de presse dans l’hexagone qu’elle découvre Randos bière en France. L’étincelle est instantanée : il fallait, nous aussi, avoir un tel guide au Québec, pour refléter l’effervescence du monde brassicole. Elle entend justement parler d’une version québécoise dans les cartons… Après quelques échanges avec la maison d’édition suisse Helvétiq – Québec Amérique ici –, le projet voit le jour. « Je n’ai rien inventé ! »

Il en a coulé, de la bière, depuis son premier atelier de dégustation et un périple initiatique en Belgique, il y a environ 20 ans. Au Québec, on comptait alors une poignée de brasseurs.

« Notre contact avec la bière artisanale, c’était vraiment des importations, les bières belges qu’on pouvait trouver dans les dépanneurs spécialisés. Maintenant, je ne sais plus combien de sortes différentes on a. C’est hyper effervescent. Moi, j’ai un peu de difficulté à suivre toutes les nouveautés. »

Qu’est-ce qui distingue l’univers brassicole québécois de ce qu’elle a vu à l’étranger ?

« Je pense que c’est la proximité. C’est sûr que ça doit se voir ailleurs aussi… Il y a des microbrasseries qui sont dans de petits villages sans histoire, qui n’ont pas nécessairement une offre touristique. Les gens vont se déplacer dans ces petits endroitslà pour aller visiter la microbrasserie. Quand on se promène de l’une à l’autre, on voit les brasseurs et propriétaires qui s’entraident et se connaissent. On a un peu l’impression qu’elles sont interconnectées, qu’elles n’agissent pas toutes seules dans leur coin. Il y a beaucoup de communautés là-dedans… »

Randos bière au Québec, c’est tout près de 484 km de marche en cinq mois et 54 visites de microbrasseries.

L’autrice a dû faire des choix et composer avec certaines contraintes. Certains lieux incontournables de la randonnée, par exemple, ne comptent pas d’enseigne houblonnée à proximité. Celle qui tient le blogue La Grande Déroute aurait bien aimé inclure toutes les régions. Or, on ne recensait pas de microbrasserie à la Baie-james lors de son passage, illustre-t-elle. La donne a changé depuis.

La Gaspésie et les Cantons-del’est ont la part belle dans le bouquin de plus de 300 pages : ces vastes terrains de jeu s’avèrent à la fois de hauts lieux de randonnée pédestre, tout en regroupant d’intéressants brasseurs.

« Pour la réalisation du livre, j’ai dû goûter toutes les sélections régulières de toutes les microbrasseries visitées, dans le but de faire un choix diversifié. Si j’avais été avec juste mes goûts, la sélection serait différente. Je voulais aller chercher des styles qui sortaient de l’ordinaire ou qui campaient bien dans les styles plus traditionnels. Je voulais une bonne diversité… Ça m’a forcée à apprendre à apprécier des styles que je n’appréciais pas avant. »

Confidence : je ne bois pas de bière, mais je m’y intéresse de plus en plus pour savoir quoi acheter quand les amis viennent à la maison. J’ai toutefois ciblé des sentiers à mettre sur ma liste, auxquels je n’aurais pas nécessairement pensé. Qui sait, peut-être que davantage d’amis auront envie de suivre sachant qu’il y a une pinte au bout...

Bianca Pomerleau raconte avoir elle-même fait plusieurs découvertes, lors de la préparation du livre. « Je faisais de petites randonnées du dimanche, mais je ne m’aventurais pas dans des choses plus costaudes, dit celle qui n’avait jamais osé se frotter aux parcs nationaux de la Gaspésie et du Fjord-du-saguenay. L’intérêt a toujours été là, mais j’avais l’impression que ce n’était pas accessible pour moi. »

Avec une mère passionnée par la boisson houblonnée, les trois enfants – 8, 10 et 13 ans – de Bianca Pomerleau comptent sans doute à leur actif plus de visites de microbrasseries que bien des gens. Les kilomètres en forêt se sont aussi additionnés. Parce que l’autrice les a intégrés à son aventure pendant environ deux des cinq mois.

« C’était un peu leur baptême de rando. Je suis peut-être allée trop fort ; ils ne veulent plus me suivre. Ils en ont fait beaucoup, beaucoup », s’exclame-t-elle en riant.

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2021-09-18T07:00:00.0000000Z

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