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L’HISTOIRE DES DEUX ROMANS INTITULÉS LES ALLUMETTIÈRES

DANIEL CÔTÉ dcote@lequotidien.com

Quelles sont les probabilités pour que deux romans publiés au Québec, à quelques jours de distance, portent le même titre et traitent d’une même réalité ? C’est pourtant ce qui se produit ce mois-ci, alors que des ouvrages signés par Marie-paule Villeneuve et Marjolaine Bouchard, des écrivaines originaires du Saguenay– Lac-saint-jean, amorcent leur existence officielle. Chacun a été baptisé Les allumettières en référence aux femmes qui, de 1869 à 1928, fabriquaient des allumettes à l’usine E. B. Eddy de Hull.

Il y a une quinzaine d’années, leur histoire a servi de canevas pour Les Demoiselles aux allumettes. Publié chez VLB Éditeur en 2005, ce roman de Mariepaule Villeneuve met en scène Victoria, une allumettière qui lutte pour améliorer les conditions de travail de ses consoeurs. Longtemps, en effet, ces pionnières du mouvement ouvrier ont vu leur santé ruinée par le phosphore blanc, un véritable poison. De surcroît, il leur arrivait de faire des journées de 20 heures, ponctuées par de nombreux incendies.

« Mon livre est devenu un best-seller, mais je n’aimais pas le titre donné par l’éditeur. J’aurais préféré Les allumettières et c’est pourquoi je viens de le ressortir sous ce nom, après avoir récupéré les droits. Il est publié chez Coup d’oeil », a précisé Marie-paule Villeneuve à l’occasion d’une entrevue téléphonique accordée au Progrès.

Très attachée à ce roman, comme en font foi les dix années de recherche qui ont précédé sa création, elle ne se doutait pas qu’un demi-frère lui tiendrait compagnie dans les librairies.

Ce sont les Éditeurs Réunis qui mettent en marché le roman de Marjolaine Bouchard. Lorsqu’elle a appris l’existence de ce livre, Marie-paule Villeneuve fut on ne peut plus étonnée.

« Ça m’a fait sursauter et dès le lendemain, j’ai écrit à madame Bouchard, ainsi qu’à son éditeur, Daniel Bertrand. Celui-ci a répondu qu’il ne savait pas que mon roman sortait avec le même titre, Les allumettières. Il a dit que les deux devraient cohabiter », rapporte l’écrivaine.

Dans un courriel envoyé à sa consoeur, Marjolaine Bouchard a parlé « d’une concordance de

Longtemps, en effet, ces pionnières du mouvement ouvrier ont vu leur santé ruinée par le phosphore blanc, un véritable poison. De surcroît, il leur arrivait de faire des journées de 20 heures, ponctuées par de nombreux incendies.

temps incroyable », tout en lui souhaitant bonne chance. Quant au patron de la maison Coup d’oeil, il a refusé de se lancer dans une bataille d’éditeurs, tout en autorisant Marie-paule Villeneuve à s’exprimer publiquement sur la question. Elle le fait pour éviter que des gens ne confondent les deux ouvrages, mais aussi pour laisser filtrer sa déception.

« Le titre, j’en conviens, c’est un hasard. J’ai accepté la décision de mon éditeur de ne pas agir et le lecteur fera son choix. N’empêche que je trouve cette situation assez déplorable, surtout que le sujet avait déjà été traité sur près de 400 pages, dans un livre vendu à 15 000 exemplaires. Quelle est la pertinence de le reprendre en 2021 ? Avec le même titre, en plus. C’est comme si je sortais un roman intitulé On The Road après avoir emprunté le même trajet que Jack Kerouac », ironise Marie-paule Villeneuve.

ARTS

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2021-09-18T07:00:00.0000000Z

2021-09-18T07:00:00.0000000Z

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