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L’ENVIRONNEMENT

agricoles, dont plusieurs types sont conçus pour se fragmenter.

Sur le marché, on retrouve trois types de paillis de plastique agricoles, explique Isabelle Couture, agronome et conseillère production maraîchère pour le ministère de l’agriculture, des Pêcheries et de l’alimentation du Québec (MAPAQ), en Montérégie.

Il y a le paillis standard en polyéthylène, les paillis oxobiodégradables et les paillis compostables.

Le paillis standard en polyéthylène coûte cher. Il est envoyé au site d’enfouissement lorsqu’il est retiré des champs à la fin de la saison, car il est trop sale pour être recyclés. Le producteur doit alors payer des frais pour l’enfouissement. Il y a aussi les paillis oxobiodégradables, « qui sont faits de polyéthylène auxquels ont été ajoutés des additifs pour accélérer la fragmentation du matériel sous l’action des rayons UV ou de la chaleur, peut-on lire sur le site du MAPAQ, dans un texte rédigé par Isabelle Couture. Après incorporation au sol, de gros fragments de plastique sont encore visibles tard au printemps suivant. Avec le temps, le plastique se brise en macro et microfragments qui s’accumulent dans le sol et qui sont aussi susceptibles de rejoindre les cours d’eau. Les plastiques oxobiodégradables ne sont ni compostables, ni biodégradables, ni recyclables et ils ne peuvent être éliminés dans des digesteurs anaérobiques. »

Autrement dit, ces paillis faits de polyéthylène se dégradent grâce à l’action d’additifs et les microfragments de plastique sont dilués un peu partout dans l’environnement, dans le sol et dans l’eau.

Le nom de produit « oxobiodégradable » amène une certaine confusion, car le produit n’est pas réellement biodégradable, affirme Isabelle Couture. « C’est un peu jouer avec les mots et des producteurs peuvent tomber dans le panneau », reconnaît-elle.

Certains producteurs choisissent quand même ce type de paillis, car il demeure souvent moins cher que les produits compostables et il améliore la productivité des champs.

Fait à noter : l’utilisation de paillis oxobiodégradable est proscrite en agriculture biologique.

Mais les choses sont en train de changer, car le prix des paillis compostables ne cesse de baisser, depuis une dizaine d’années, si bien que certains producteurs se convertissent au paillis d’origine biologique, qui est souvent fait à base d’amidon de maïs.

Pour garantir l’utilisation d’un paillis compostable, les producteurs doivent s’assurer que les produits détiennent une certification pour prouver le potentiel de compostage des plastiques dans le sol.

En Amérique du Nord, les certifications assurent que le produit se biodégrade dans les conditions industrielles, mais elles ne garantissent pas qu’elles se dégradent dans les champs, précise toutefois l’experte du MAPAQ.

Des pays européens, dont l’italie, ont imposé une norme plus stricte, exigeant une dégradation aux champs en deux ans, sous certaines conditions de température.

Bien que la norme européenne soit plus stricte, elle n’empêche pas les fragments de s’envoler au vent.

Pour l’instant, aucune étude n’a démontré si ces bioplastiques se dégradent partout, notamment dans les milieux aquatiques.

« La fragmentation amène certains enjeux parce que les bactéries décomposent le produit quand il est bien enfoui dans le sol, avec certaines conditions d’humidité nécessaires », conclut la spécialiste.

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2021-10-16T07:00:00.0000000Z

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