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METTRE LES SUCCÈS DES JEUNES D’ICI EN LUMIÈRE

MYRIAM ARSENAULT JOURNALISTE DE L’INITIATIVE DE JOURNALISME LOCAL marsenault@lequotidien.com

Depuis maintenant un an, je suis affectée à un mandat bien spécial de Médias d’info Canada. Je dois m’intéresser à la nouvelle génération, dans le cadre d’une bourse de l’initiative de journalisme local.

Lorsqu’on pense à un média traditionnel comme le nôtre, les jeunes sont loin d’être le premier réflexe, autant du côté des lecteurs que des sujets. Je ne savais moimême pas vraiment dans quoi je m’embarquais, lorsque j’ai postulé pour ce nouveau rôle.

Mon patron ne m’avait donné qu’une ligne directrice : essayer d’intéresser les jeunes au journal. Tout un défi, non ? Pour le reste, j’avais carte blanche, une liberté totale que je n’avais jamais eue depuis le début de ma carrière en journalisme.

Je pouvais choisir d’écrire sur tout ce que je souhaitais, tant que c’était fait pour ou par les jeunes du Saguenay–lac-saint-jean. Étant une native de Baie-comeau et ayant un réseau de contacts limité, je me suis d’abord tournée vers ce qui me semblait le meilleur moyen pour rejoindre ce public : les réseaux sociaux.

Il serait difficile de dire combien d’heures j’ai passées à fouiller Facebook, Tiktok et Instagram, à la recherche de jeunes qui avaient une histoire à raconter. Chaque jour, avec la géolocalisation et les mots-clics, j’arrivais à trouver de nouvelles entreprises ou de récents projets qui méritaient une place dans les pages de notre journal local. Bien sûr, les suggestions de mes collègues et des lecteurs m’ont également beaucoup aidée dans cette tâche.

Trop souvent, le jeune à qui je parlais m’avouait qu’il ne pensait pas qu’un média comme le nôtre pouvait s’intéresser à ce qu’il faisait. Et pourtant. Cette dernière année m’a fait réaliser à quel point la région compte des jeunes allumés, avides de projets et conscients des enjeux qui touchent notre monde. Ils parlent sans tabous des défis qu’ils affrontent au quotidien et de leurs rêves les plus fous.

Leurs initiatives sont infinies. Je n’ai jamais été aussi inspirée qu’en travaillant avec ces jeunes quotidiennement, en étant constamment témoin de leur force de caractère, alors qu’ils sont prêts à affronter tous les obstacles qui se dressent devant eux.

Le plus beau dans tout ça, c’est que j’ai aussi eu l’occasion de constater les bienfaits du journal sur les jeunes, les répercussions que pouvait causer l’intérêt d’un média traditionnel sur leurs ambitions. Souvent, ces retombées sont bien plus importantes qu’ils ne l’avaient imaginé.

DES HISTOIRES MARQUANTES

En novembre dernier, je suis tombée sur le profil Instagram d’émilie Boulianne, celle qui est derrière la jeune entreprise Bleuet Apparel, active dans la vente de vêtements personnalisés. C’était la première fois que la Jonquiéroise recevait une demande médiatique. « J’étais contente, mais j’étais stressée en même temps », admet-elle en riant, lors d’un entretien par visioconférence avec

Le Progrès, près d’un an plus tard. Elle a été motivée par cet intérêt que notre média lui avait porté, sentant qu’on donnait ainsi de l’importance et de la crédibilité à son projet.

En plus, l’article a fait boule de neige. Il a mené de nouvelles personnes à la suivre sur les réseaux sociaux, et ces nouveaux clients lui ont ultimement permis de réaliser des projets pour lesquels elle n’avait pas encore les moyens, notamment son site Web, où l’on retrouve une foule de modèles de vêtements et d’accessoires.

Émilie travaille désormais à temps plein sur son entreprise. Et elle est persuadée que l’intérêt médiatique peut vraiment faire une différence auprès des jeunes de la région.

Mélissa Dardaine a aussi eu toute une surprise lorsque je l’ai approchée pour un article. « C’était étonnant ! Je ne pensais pas qu’on allait s’intéresser à l’histoire d’une fille de France qui arrive à Chicoutimi. J’ai trouvé ça cool et j’étais contente de raconter mon histoire », expliquet-elle, à l’occasion d’un entretien à son domicile de Shipshaw.

La jeune Française d’origine était loin de se douter qu’autant de personnes allaient lire l’article. Dès le lendemain, elle a reçu plus d’une centaine de messages, ce qui n’a pas arrêté pendant plusieurs semaines. « Plein de gens me souhaitaient la bienvenue dans la région. On me disait surtout que c’était super que des gens s’intéressent à Chicoutimi, que des étrangers, des jeunes, s’intéressent à la région », souligne-t-elle.

Grâce à la tribune que nous lui avons accordée, Mélissa a rencontré une foule de personnes, recevant notamment des demandes de conseils sur Instagram et des offres de collaboration, sans oublier tous les messages de bienvenue.

Six mois plus tard, des étudiants lui demandent encore quotidiennement des conseils sur les visas, le travail au Canada ou sur les meilleurs endroits à visiter dans la région. Un peu sans le savoir, elle est ainsi devenue une porte-parole pour la région, ce qu’elle adore.

Jessica Gagné a fait les manchettes en février dernier, lorsque son entreprise, Les Rêves de Xavier, une boutique d’articles pour bébé, a obtenu un premier partenariat avec Mode Choc, lequel a récemment pris fin. Elle aussi, c’était la première fois qu’un média l’abordait pour lui parler de son entreprise, si bien qu’elle était surprise qu’une nouvelle personne ait découvert son projet.

Le reportage a eu des retombées majeures sur la croissance des Rêves de Xavier. Une semaine après la parution, la jeune entrepreneure avait un retour de la compagnie Clément, qui avait vu l’article et qui désirait collaborer avec elle. « C’est ma plus grosse charge depuis. Je suis tellement contente d’avoir atteint un magasin comme ça. Je n’aurais jamais pensé [cela possible] », se réjouit-elle, lors d’un entretien par visioconférence.

Cette expérience a certainement aidé la jeune femme à se faire connaître. « Il y avait tellement de beaux commentaires, de personnes qui ne me connaissaient pas du tout qui m’écrivaient que c’était beau, ce que je faisais, et de continuer. C’était vraiment l’fun d’avoir autant d’encouragements », continue-t-elle.

L’entrepreneure veut continuer de viser toujours plus haut et de retenir l’attention de différents magasins.

UNE OCCASION UNIQUE

Pour Marc St-hilaire, directeur général de la Coopérative de solidarité du Quotidien, un programme tel l’initiative de journalisme local est un outil incroyable pour un média régional comme le nôtre. « Ça nous permet de nous projeter plus loin, d’aller plus loin dans notre mission d’informer les gens, puisqu’on peut aller dans des spécificités, couvrir des territoires ou, dans ce cas, des créneaux qu’on ne pourrait pas couvrir à temps plein si on n’avait pas une aide comme celle-là », souligne-t-il.

M. St-hilaire pense que le journal a ainsi ajouté une corde à son arc, mais que le lecteur aussi y gagne, ayant accès à une information plus complète, différente et distincte.

« L’impact est majeur. Dédier un journaliste à la jeunesse, c’est extraordinaire ! C’est une expérience dont on ne voudrait plus se passer », renchérit-il.

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