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Parfois, il faut être souple

MARIE-CLAUDE LORTIE ÉDITORIAL mclortie@ledroit.com

J’ai lu cette semaine des collègues que j’adore dire bien du mal de la décision du ministre québécois de la Santé, Christian Dubé, de repousser la date butoir pour la vaccination obligatoire chez les travailleurs de la santé.

Ça devait être le 15 octobre. On est rendus au 15 novembre.

Une menace qu’on ne met pas à exécution est une forme d’abdication dont on ne se remet jamais, car cela affaiblit trop les rapports de force, ai-je saisi, en substance, de leurs commentaires. Une vérité que tout parent devrait apparemment connaître.

Mais c’est drôle, comme parent, on peut aussi avoir appris la leçon inverse. Parfois, quand on est trop stricts avec nos enfants, nos ados surtout, ils finissent par faire ce qu’ils veulent malgré tout, mais en cachette, en détournant les règles, en méprisant la logique qui explique la réflexion parentale, en niant sa légitimité.

Tout comme interdire les avortements ne les arrête pas. Tout comme la prohibition fut une des plus tristes leçons sociales sur l’importance d’intégrer dans notre conception du monde la notion de modération. De flexibilité.

Et tant qu’à être dans la psychologie, rappelons la bonne vieille leçon du psychologue vedette américain Dr Phil : « Demandez-vous toujours, pendant vos chicanes de couple, si vous voulez avoir raison ou si vous voulez être marié. »

Ici, le ministre Dubé pourrait demander aux provaccins : « Voulez-vous avoir raison ou un réseau de la santé qui marche ? »

Parfois, il faut faire des compromis. Il faut regarder l’objectif à long terme. Et se rappeler que toute la gestion de la crise de la COVID-19 a été fondée sur une exigence prioritaire : pouvoir assurer des services en santé à tous, en prévenant des débordements tragiques.

Ce qu’on a toujours voulu, c’est de ne pas faire exploser le réseau de la santé avec un tsunami de patients.

Là, la nouvelle priorité est tangentielle : s’assurer que les cliniques et les hôpitaux continuent de fonctionner pour tous.

Si la vaccination obligatoire force la mise à l’écart de trop de travailleurs en même temps, en ces temps cruciaux de pénuries de main-d’oeuvre, on impose un bien qui cause du mal.

On ne peut pas en faire abstraction. Surtout pas dans les régions du Québec. Cette situation de manque de professionnels est grave dans l’outaouais, on le sait, mais aussi partout ailleurs dans la province, de l’abitibi jusqu’à Roberval. On manque de monde.

Que ceux qui trouvent que le report de la date du ministre Dubé est une marque de faiblesse innommable se heurtent sur les portes fermées des urgences de l’hôpital de leur région. Peut-être qu’ils penseront différemment.

ÉDITORIAL

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2021-10-16T07:00:00.0000000Z

2021-10-16T07:00:00.0000000Z

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