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PRÊT POUR UN DÉCOLLAGE PLUS VERT

PROPOS RECUEILLIS PAR GUILLAUME PÉTRIN, LE PROGRÈS

Le président et chef de la direction de Bombardier, Éric Martel, est natif de Roberval. Celui qui est aux commandes de l’avionneur depuis avril 2020 a accepté de répondre aux questions du Progrès. Le télétravail, l’environnement, l’aluminium, les subventions gouvernementales et l’avenir du constructeur aéronautique québécois sont autant de thèmes abordés. Q Vous êtes natif de Roberval, mais vous avez quitté la région depuis longtemps. Quel sentiment d’appartenance avez-vous pour le Saguenay–lac-saint-jean ?

R J’adore cette magnifique région, et c’est pourquoi j’aime y revenir. J’ai quitté la région alors que j’étais très jeune, mais j’ai encore quelques oncles, tantes, cousins et cousines qui y habitent. Revenir à Roberval est toujours un agréable rappel de mon enfance. D’ailleurs, la maison que mon grand-père et mon père ont bâtie de leurs mains il y a des décennies est toujours là, au bord du lac Saint-jean. Ce sont aussi les gens de la région, toujours si chaleureux et si accueillants, qui rendent mon temps à Roberval vraiment spécial et ressourçant.

Q La pandémie a démontré que le télétravail permettait dorénavant à tout employeur de combler ses besoins en ressources humaines en engageant du personnel demeurant à l’extérieur des grands centres urbains, même en régions éloignées. Est-ce que Bombardier envisage de créer de nouveaux emplois au Saguenay–lac-saint-jean ou en déplacer quelquesuns parmi les 7000 postes actuels au Québec?

R Effectivement, comme dans la plupart des entreprises, nos équipes ont dû rapidement s’adapter à une situation en constante évolution. Cette situation nous a amenés à adopter une politique de travail flexible, qui permet désormais à nos employés de travailler à distance, ce qui est très avantageux pour les gens qui demeurent à l’extérieur des grands centres urbains.

Comme Bombardier est une entreprise manufacturière et de services, une grande partie des postes ne permettent pas de travailler à distance. Cependant, on compte également de nombreux employés dont le travail peut être entièrement effectué à l’aide d’un ordinateur et leur participation aux réunions peut se faire par conférence téléphonique ou visioconférence, à l’aide des logiciels et des applications fournis par notre entreprise.

Cet été, nous avions plus de 700 postes à pourvoir à l’échelle de l’entreprise, dont près de 250 offerts à l’échelle du Québec. Je serais bien heureux de voir des natifs du Saguenay–lac-saint-jean postuler !

Q L’industrie de l’aviation est souvent pointée du doigt en ce qui concerne les enjeux environnementaux. Quels sont les défis que Bombardier devra surmonter au cours des prochaines années pour réduire son impact écologique?

R La relance verte est un sujet qui me tient beaucoup à coeur, et un avenir plus durable pour notre industrie est essentiel à la viabilité de nos activités. Chaque année, Bombardier investit en recherche et développement sur les moyens d’améliorer ses produits et ses infrastructures. Aujourd’hui, et au cours des prochaines années, la majorité de ces investissements sont et seront alloués à des initiatives écoresponsables. Nous voulons atteindre un objectif de 25 % de réduction de nos émissions de CO2 d’ici 2025.

L’industrie est encore assez loin de développer un avion 100 % électrique, mais peut-être que d’ici quelques années, nous verrons arriver le premier avion hybride. Pour l’instant, la solution la plus concrète et efficace pour réduire l’impact environnemental de nos avions demeure l’adoption du carburant d’aviation durable. C’est pourquoi, depuis plusieurs années, Bombardier fait sa promotion auprès de ses clients et des exploitants.

Il est primordial que l’ensemble des joueurs de l’industrie se mobilise en faveur d’une plus grande durabilité. De notre côté, nous nous sommes aussi engagés à communiquer de manière transparente, crédible et comparable les performances environnementales de tous nos nouveaux avions, par le biais d’une déclaration environnementale de produit.

Q L’aluminium fait partie de L’ADN économique du Saguenay–lac-saint-jean. Les avions construits par Bombardier utilisent-ils de l’aluminium produit localement ?

R En fait, dans plusieurs cas, les pièces qui contiennent de l’aluminium sont fabriquées par nos fournisseurs basés dans le monde entier. Ainsi, afin de minimiser leurs coûts et leur incidence sur l’environnement, ces fournisseurs de pièces achètent et transforment leur aluminium localement.

Certains de nos fournisseurs sont des clients de la plus grande compagnie d’aluminium du Québec.

Q Le marché des avions d’affaires et des jets privés demeure très niché et peut témoigner de certaines inégalités entre les classes sociales. Comme Bombardier est une entreprise

québécoise, mais qui vend ses produits un peu partout dans le monde, pour une clientèle très aisée, quelle est votre opinion là-dessus?

R Je crois qu’il est important de souligner que les particuliers qui achètent des jets privés ne représentent qu’une fraction de la clientèle de l’aviation d’affaires. Les entreprises et les gouvernements sont d’importants clients de cette industrie, et ils ont des besoins qui leur sont propres.

À ce propos, Bombardier a une division qui se consacre entièrement aux avions spécialisés. Ces avions sont configurés pour effectuer des missions spécifiques, et ils sont vendus notamment à des gouvernements, en vue d’être utilisés, par exemple, pour du transport d’urgence dans des régions éloignées, du transport de médicaments, de la surveillance maritime, etc. Le gouvernement québécois possède d’ailleurs deux avions Challenger de Bombardier qui sont utilisés, entre autres missions, pour du transport médical.

Q Bombardier a reçu sa part de subventions gouvernementales, au cours des dernières années. Qu’avezvous à répondre à ceux qui remettent en question de telles contributions financières de la part de l’état?

R Bombardier bénéficie d’un prêt remboursable du gouvernement fédéral, mais l’entreprise ne bénéficie plus de subventions gouvernementales dans son enveloppe budgétaire.

Nous avons développé chez nous des compétences très poussées en design, en recherche et développement, ce qui nous permet aujourd’hui de mettre cette expertise à contribution dans le développement de nouvelles technologies. Les investissements en innovation de Bombardier contribuent au rayonnement de notre expertise et de la qualité de nos produits québécois sur la scène internationale, comme en témoigne notre nouvel avion Challenger 3500, qui est entièrement assemblé et mis en service au Québec.

À l’heure actuelle, Bombardier emploie directement plus de 9000 personnes au Canada seulement et elle fait affaire avec une importante chaîne d’approvisionnement, incluant plus de 550 fournisseurs canadiens, ce qui représente un atout considérable dans notre économie.

Q Bombardier pourrait bénéficier de nouvelles subventions afin de développer des appareils moins polluants. Pourquoi l’entreprise n’est-elle pas capable de s’autofinancer à même ses actionnaires ou de nouveaux investisseurs privés ?

R Bombardier ne bénéficie actuellement pas de subventions gouvernementales, et notre plus récent produit, l’avion Challenger 3500, a été financé exclusivement par l’entreprise. Cet avion a été conçu autour du thème de l’écoresponsabilité sur tous les plans, de son programme d’essais en vol jusqu’à l’offre à nos clients et aux exploitants.

Bombardier participe à la recherche et au développement de l’industrie en finançant ellemême ses activités en la matière, et notre objectif principal dans cette sphère est de réduire l’empreinte carbone de nos produits et de nos processus. Nous prévoyons faire des investissements importants dans les technologies durables de prochaine génération, tout en mettant en oeuvre des projets axés sur la préservation et la création d’emplois de grande valeur, afin de maintenir et d’accroître le talent au Canada.

Q Vous vous êtes retrouvé à la tête de l’avionneur en avril 2020. Où vous voyez-vous dans cinq ans?

R Je suis très heureux d’être de retour chez Bombardier et d’avoir l’occasion de contribuer à faire de cette compagnie un succès. Je compte bien continuer de faire rayonner Bombardier et de rendre les Québécois fiers de son succès.

Q En ce qui concerne Bombardier, selon vous, de quoi sera fait son avenir?

R Si j’avais à répondre en quelques mots, je dirais que Bombardier est vouée à être une entreprise stable et prévisible misant sur des technologies plus durables.

Nos avions d’affaires font partie de catégories de produits qui démontrent généralement beaucoup de résilience face aux cycles économiques de notre industrie, et nos investissements sur le marché de l’après-vente nous placent en bonne position pour gagner des parts de ce marché en croissance.

Nous avons aussi déjà mené avec succès plusieurs actions pour réduire notre dette de manière opportuniste et nous continuons de déployer d’importantes initiatives pour stimuler la croissance de nos bénéfices. À ce propos, les ventes de notre avion-phare, l’avion Global 7500, constituent un atout capital pour hausser nos flux de trésorerie.

Pour conclure, comme je le disais, Bombardier va continuer d’être à l’avant-garde dans le virage vert de notre industrie, en promouvant l’adoption du carburant d’aviation durable, tout en misant sur le développement de technologies plus écoresponsables.

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