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LA NOUVELLE VIE DE MARTIN LAPERRIÈRE

MIKAËL LALANCETTE mlalancette@lesoleil.com

Après 16 ans passés comme entraîneur adjoint dans le hockey à Québec – quatorze saisons avec les Remparts et deux avec le Blizzard du Séminaire Saint-françois, dans les rangs midgets –, Martin Laperrière s’est lancé dans le vide, en août dernier. L’ancien bras droit de Patrick Roy à Québec est sorti de sa zone de confort pour aller vivre le rêve du hockey professionnel. Le Soleil vous propose une incursion dans sa nouvelle vie avec le Rocket de Laval, le club-école des Canadiens de Montréal dans la Ligue américaine de hockey.

6 h 15 du matin. L’alarme de son téléphone vient à peine de le tirer du lit que Martin Laperrière est déjà dans sa voiture en direction de la Place Bell, le domicile du Rocket de Laval depuis 2017.

À son arrivée à l’aréna, « Lappy » s’empresse d’enfiler quelques bonnes gorgées de café. Dans la pièce voisine, l’autre adjoint du club, Kelly Buchberger, sue à grosses gouttes sur un vélo stationnaire. Pour garder la forme, l’ancien attaquant des Oilers d’edmonton commence à pédaler dès 6 heures chaque matin. « Bucky, c’est la machine d’entraînement ! », rigole Laperrière, qui se garde un moment bien à lui pour s’entraîner chaque après-midi.

La journée est rodée au quart de tour chez le Rocket. Dès 7 h, Jeanfrançois Houle, l’entraîneur-chef du club, et ses adjoints révisent une dernière fois la séance d’entraînement qu’ils ont planifiée la veille. Les joueurs font leur arrivée à l’aréna aux alentours de 8 h 30. Les entraîneurs les rencontrent 45 minutes plus tard pour une séance vidéo, où ils décortiquent le système de jeu, en grande partie calqué sur celui des Canadiens.

Sur le coup de 10 h 30, après quelques minutes d’activation, les joueurs exécutent la dizaine d’exercices inscrits au menu de la journée, une pratique de 45 minutes bien tassées. C’est ensuite l’heure du dîner et tout est à recommencer en après-midi. Les entraîneurs échangent et planifient l’entraînement du lendemain.

« Comment se passe ta nouvelle vie dans les rangs professionnels ?

– Je suis vraiment heureux de ma décision. Mon but, c’est de m’améliorer comme entraîneur. Je sens que j’apprends. Il y a une bonne différence entre le junior et le pro, dans l’enseignement, dans la manière de faire les choses… »

IL AIME SON RÔLE

Martin Laperrière ne s’en cache pas : à 46 ans, il s’est en quelque sorte mis en danger en quittant une organisation qu’il connaissait sur le bout de ses doigts pour vivre l’expérience du hockey professionnel à plus de deux heures de chez lui.

« Je dois avouer que j’avais certaines appréhensions, admet Lappy. J’étais bien en selle à Québec. J’ai été chanceux de pouvoir diriger aussi longtemps sans déménager. C’est arrivé très vite [l’offre du Rocket], mais le temps était venu de faire le saut. Je sais que je suis capable de le relever, mais je voulais voir si le défi m’allumait. Je ne voulais pas juste être un passager. Je veux aider le personnel en place, bâtir de nouvelles relations. Ça va très bien jusqu’ici ! »

C’est aussi d’un retour aux sources dont il est question dans ce déménagement à Laval, sa ville natale, où il a lancé sa carrière d’entraîneur. « La ville a changé, a grossi, s’étonne-t-il. C’est une sorte de retour en arrière. Mais le trafic, ça, c’est l’une des choses dont je ne m’ennuyais pas ! »

IL DOIT S’AJUSTER

Chez le Rocket, les tâches héritées par Laperrière sont bien précises : le détenteur d’un baccalauréat en administration avec mineure en économie de l’université Concordia travaille avec les attaquants, supervise les mises au jeu en zone offensive et s’occupe du désavantage numérique, une responsabilité qui a longtemps été sienne chez les Remparts de Québec.

Ici s’arrête le jeu des comparaisons entre les deux calibres. Un monde de différences sépare les rangs juniors du hockey professionnel.

« Les gars veulent se faire dire la vérité et tu dois être honnête avec eux, explique-t-il. On n’essaie pas de tourner autour du pot. Ils sont plus expérimentés et ils savent lire entre les lignes. Les professionnels rêvent de jouer dans la LNH ou de signer un autre contrat, tandis que les gars du junior aspirent souvent à se faire repêcher. La marche est haute avec les jeunes qui arrivent ici. »

L’approche est donc complètement différente. Non, Martin Laperrière n’a donc plus à s’occuper des études des joueurs, comme il le faisait chez les Remparts… « Les joueurs doivent gérer leur temps de la bonne façon, note le père de deux enfants. On n’appelle pas pour faire respecter le couvre-feu. Si tu veux sortir, c’est important que tu te présentes pour travailler le lendemain ! »

DE BONS REPÈRES

Même s’il apprivoise toujours son nouveau rôle, Laperrière ne marche pas en terrain inconnu chez le Rocket. Plusieurs joueurs de l’organisation, dont certains ont été cédés aux Lions de Trois-rivières dans la ECHL dans les dernières semaines, l’ont affronté dans la LHJMQ. « Je suis toujours fier de voir que plusieurs Québécois peuvent jouer dans le hockey professionnel. »

Ce dernier a été impressionné par le sérieux de l’un d’entre eux, Rafaël Harvey-pinard, ancien des Saguenéens de Chicoutimi, qui a connu un bon camp d’entraînement chez les Canadiens. « J’avais entendu, comme tout le monde, tout ce qui se dit de bien sur lui, observe l’entraîneur. Je comprends mieux maintenant. Son éthique de travail, son leadership, sa compréhension de la game, tout ça est impressionnant. Je suis content de pouvoir travailler avec lui. »

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2021-10-16T07:00:00.0000000Z

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