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L’héritage méconnu du père George-henri Lévesque

Au Québec, le nom le plus souvent associé au mouvement coopératif est, à n’en pas douter, celui d’alphonse Desjardins. Rien de surprenant puisque le fondateur de la première caisse populaire d’épargne et de crédit en Amérique du Nord a participé, de son vivant, à la création de 163 caisses, dont 18 en Ontario et 9 aux États-unis.

Pour les économistes et les promoteurs du modèle coopératif, toutefois, l’influence du père Georgeshenri Lévesque dans ce qu’il est convenu d’appeler « le modèle québécois » est tout aussi importante. Celui que l’on considère comme l’un des pères de la Révolution tranquille a été le fondateur de l’école des Sciences sociales de l’université Laval, dont il a été le premier directeur, en plus d’avoir été à l’origine de la création du Conseil Supérieur de la Coopération, dont il fut le premier président de 1939 à 1944. Enfin, il a été l’un des principaux artisans de l’organisation du Conseil canadien de la Coopération.

La crise comme élément déclencheur

Le krash boursier de 1929 et, surtout, la Grande dépression qui a suivi ont suscité de nombreuses critiques face aux abus du capitalisme et aux failles du libéralisme économique. C’est à cette époque, peu après son ordination sacerdotale chez les Dominicains, que le Père Lévesque part en France où, de 1931 à 1933, il étudie la sociologie sous la direction du père Thomas Delos à l’université de Lille. Il devient alors le premier prêtre québécois à obtenir un diplôme d’études supérieures en sciences sociales, l’équivalent d’un doctorat.

Il s’intéresse aux travaux du théoricien français Charles Gide, plus particulièrement à la doctrine coopérative. C’est lors d’un séjour en Belgique que le père Ceslas Ruten l’initie aux mouvements d’action sociale catholique belge et au mouvement coopératif.

À son retour au Canada, il enseigne au couvent des Dominicains à Ottawa ainsi qu’à l’université de

Montréal et à l’université Laval. En 1938, sitôt après avoir fondé l’école des Sciences sociales, il met sur pied une chaire de coopération dont les cours, ouverts au public, sont obligatoires pour les étudiants. La sensibilisation du grand public à sa doctrine se fera également sous la forme d’une série de cours appelés les « mercredis coopératifs ».

Le juste milieu

Pour le père Georges-henri

Lévesque, le modèle coopératif représente une voie mitoyenne « entre le capitalisme vicié et le socialisme révolutionnaire ». Il rêve de « concilier les légitimes intérêts personnels avec les nécessaires exigences du bien commun, stimuler chez nos compatriotes le sens de la responsabilité individuelle, apprendre à nos gens la puissance de la solidarité et faire d’eux les propres agents de leur libération économique ».

Celui que certains surnommaient le « moine laïcisant » s’est attiré les critiques du clergé parce qu’il préconisait la non-confessionnalité des coopératives, alors que l’église insistait pour qu’elles soient catholiques, à l’instar des syndicats et de bien d’autres institutions sociales québécoises de l’époque.

ÉCONOMIE SOCIALE

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2021-10-16T07:00:00.0000000Z

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