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VISIBILITÉ ET TRANSFORMATION Un appel à la solidarité

Le 15 octobre avait lieu la 32e édition de La Nuit des sans-abri, dans une quarantaine de villes du Québec. En cette période de pandémie, un rassemblement pour soutenir les personnes touchées par la problématique et pour sensibiliser la population à cette réalité n’aura pas été possible. Pour éviter que cette activité provinciale ne tombe dans l’oubli, nous avons organisé une veillée plus modeste au centre-ville de Chicoutimi. Cette sensibilisation aura quand même permis d’être solidaires envers nos concitoyens marginalisés et vulnérables, et de réfléchir ensemble sur la réalité des personnes itinérantes.

Au Saguenay, neuf organismes communautaires qui oeuvrent quotidiennement à accueillir et à accompagner les personnes en situation d’itinérance réalisent cette activité. Pour intervenir, ces organisations se concertent et mettent en place un service adapté aux différentes réalités vécues par leurs usagers. Le fragile filet social et les situations rencontrées étant complexes, la coordination des services disponibles est très importante. Les personnes en situation de crise sont nombreuses et doivent rapidement obtenir de l’aide, puisque les délais d’intervention doivent être les plus courts possible.

Cette approche globale permet d’accueillir la demande d’un point de vue humain. La personne est au coeur de l’intervention ; nous accueillons un humain, et non pas une problématique. Cette philosophie a fait ses preuves et nous continuons de bonifier notre pratique, afin d’inclure toutes les personnes, peu importe les problématiques vécues.

Il faut mentionner que l’itinérance est une problématique sociale en augmentation dans notre communauté. Ce phénomène habituellement peu visible est de plus en plus remarqué dans notre ville. De plus, les personnes qui demandent de l’aide sont à la fois de plus en plus jeunes et de plus en plus âgées. Il est donc nécessaire que nos pratiques s’adaptent aux nouvelles réalités.

Depuis le début de la pandémie, ces personnes ont perdu l’accès à de nombreux endroits qu’elles pouvaient fréquenter en alternative à la rue. De ce fait, elles se retrouvent davantage en situation d’errance et se font plus remarquer par la population. Il n’est pas rare de croiser sur son chemin un ou des individus qui quêtent, se parlent seuls et semblent désorganisés. Tolérance et respect doivent être au rendez-vous afin de ne pas marginaliser davantage ces personnes.

Cette expression de la souffrance n’est pas étrangère à la rupture de certains services de santé causée par la pandémie. Les liens avec les divers professionnels, par exemple les psychiatres, ont été rompus, et l’équilibre fragile de certaines personnes n’a pu être maintenu.

Il est grand temps que les services appropriés reprennent contact avec les personnes, avant que des torts irréparables ne soient causés. Le lien de confiance est très long à bâtir et peut être brisé rapidement.

PROBLÉMATIQUES EN HAUSSE

Le phénomène de l’itinérance est une problématique sociale grave et qui en cache de nombreuses autres. S’il n’était question que de l’accès au logement, le problème pourrait être réglé très simplement. Toutefois, la demande en hébergement n’est que la pointe de l’iceberg. Nos demandeurs d’aide sont aux prises avec plusieurs problématiques, de santé mentale, de toxicomanie, de pauvreté, de problème de santé physique et de judiciarisation excessive. Nos usagers portent un bagage très lourd.

Malheureusement, les situations sont souvent traitées par problématique et ne considèrent pas la personne dans sa globalité. Lorsqu’elle porte une ou des étiquettes, la personne est perçue comme un problème. Cela déshumanise et marginalise, encore une fois.

Collectivement, nous devons changer notre regard et adopter une approche globale qui considère la personne pour ce qu’elle est plutôt que pour les problèmes qu’elle a.

PISTES DE RÉFLEXION

La veillée qui s’est tenue à la Place du Citoyen aura permis de démontrer notre soutien collectif à la cause de l’itinérance et de poursuivre notre réflexion quant aux actions à poser pour minimiser les impacts négatifs de cette problématique.

Lorsqu’il est question de marginalisation et de rupture des liens sociaux, l’ensemble de la communauté doit réfléchir sur les causes et les impacts d’une telle réalité. Ceux et celles qui ont été exclus ont une part de responsabilité, mais cette responsabilité ne doit pas être perçue uniquement comme celle de la personne qui vit l’exclusion.

La communauté doit réfléchir à être plus inclusive. Comment pourrions-nous être plus aptes à reconnaître la souffrance et à défendre les intérêts de ces humains souffrants et désaffiliés ? Comment nos gestes et nos préjugés contribuent-ils à l’exclusion et à la marginalisation ? De quelle manière pourrions-nous vaincre nos peurs et préjugés et agir en prévention des problèmes sociaux ?

Pendant les élections municipales, j’invite la communauté à interpeller les candidats sur le phénomène de l’itinérance. Il faut reconnaître la situation et poser des gestes concrets pour aider les organismes et le réseau public à améliorer et à maintenir une offre de services adaptée à cette réalité.

Nous jugeons une société à la manière dont elle traite les personnes vulnérables. Est-ce que nous sommes satisfaits du portrait actuel ? Nos actions sont-elles cohérentes avec nos valeurs ? Et si c’était vous, la personne en situation d’itinérance, seriez-vous satisfait de votre communauté ?

Michel St-gelais Directeur général Maison d’accueil pour sans-abri de Chicoutimi

SPIRITUALITÉ

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2021-10-16T07:00:00.0000000Z

2021-10-16T07:00:00.0000000Z

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