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AU COEUR D’UN QUÉBEC RÉEL ET INVENTÉ

SOLVEIG BEAUPUY sbeaupuy@lequotidien.com COURTOISIE, EMBUSCADE FILMS — PHOTOS

À travers son nouveau film d’animation Archipel, le réalisateur Chicoutimien Félix Dufour-laperrière entraîne le spectateur le long du fleuve Saint-laurent, dans un Québec à la fois réel et rêvé, où tout devient une île, un chez-soi. Faux documentaire ou vraie fiction, Archipel est aussi un film poétique et intimiste qui questionne plus qu’il ne donne de réponses. Après avoir été présenté dans plusieurs festivals au cours de la dernière année, le film sortira dans les salles de Montréal le 29 octobre.

« Archipel est un film qui tente de cerner quelque chose de tangible qui fait territoire, autant politique et géographique que langagier, symbolique, un territoire de rêves et d’affection », a commenté Félix Dufour-laperrière en entrevue avec Le Progrès.

Ainsi, le spectateur va à la rencontre de deux personnages, un homme et une femme, deux forces antagonistes qui partagent un même espace. La femme est un fourmillement de symboliques.

Elle représente la métaphore du fleuve Saint-laurent, qui s’écoule à travers la province, et elle personnalise l’identité et l’essence même du Québec, que l’homme ne cesse de remettre en doute en niant son existence. La femme incarne alors un rapport à soi que l’homme met en tension. « Existons-nous réellement ? , s’est questionné Félix Dufour-laperrière. Est-ce qu’on souhaite réellement exister ? Est-ce qu’on est prêts à en exiger les conséquences et en établir la valeur, le prix et les responsabilités ? »

La femme matérialise ainsi la volonté du Québec de s’émanciper du Canada, mais l’homme vient troubler cette volonté en refusant de croire qu’elle existe. « Il y a des conséquences politiques importantes à l’émancipation, mais aussi des conséquences au niveau symbolique, au niveau de notre langue, de notre culture, de notre place dans le monde et du rapport à soi. Ce sont des conséquences intimes, collectives et sociales », a exprimé le réalisateur.

Selon lui, il faut être capable de se penser comme groupe, comme communauté, pour être capable d’identifier des raisons communes et un destin commun.

FILM HYBRIDE

Grâce à l’utilisation de documents d’archives et de différentes techniques, dont le dessin, la peinture, l’animation sur tablette graphique et la retouche de photos et de vidéos d’archives, Félix Dufour-laperrière tente de documenter un voyage dans la psyché de quelqu’un.

Si le film a d’abord été construit autour de la parole, le réalisateur a ensuite greffé des images à ses dialogues. « Archipel est un vrai film hybride. Je l’ai conçu comme un film d’atelier, un peu comme un peintre qui rentre en atelier et fabrique l’image », a-t-il précisé.

Le film est ainsi truffé de références historiques, à la fois vraies et inventées. On y parle de lieux réels, comme Charlevoix et L’assomption, d’hubert Aquin, de Jacques Ferron, de Pierre Vallières, et on y aperçoit la silhouette de Gilles Vigneault.

Ce nouveau film d’animation relève à la fois de quelque chose de très intime pour Félix Dufourlaperrière, qui y a dissimulé une multitude de références aux choses qu’il aime, comme sa fille, sa compagne, sa grand-mère ; à la fois de quelque chose de très collectif, où les imaginaires de chacun des membres de l’équipe se rencontrent. « Archipel est un film où je parle du Québec avec un amour démesuré », a confié le réalisateur et animateur.

S’il espère pouvoir toucher un large public avec ce nouveau film, il aimerait également pouvoir venir le présenter à Chicoutimi, là où il a eu ses premières expériences de réalisateur.

ARTS

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2021-10-16T07:00:00.0000000Z

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