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UN MONDE SACCAGÉ

RÉMANENTE, D’ALEXANDRE MULLEN

STÉPHANE BOUCHARD sbouchard@lequotidien.com

Une vision postapocalyptique, la nostalgie du passé, la négation de la réalité... Le nouveau film d’alexandre Mullen, Rémanente, n’a pas été inspiré par la crise sanitaire. Mais cette vision presque prémonitoire lui a valu une invitation pour présenter son court métrage en première mondiale dans le cadre de la 16e édition du Festival du film d’orlando, en Floride, à la fin du mois d’octobre.

Le cinéaste saguenéen a commencé à travailler sur Rémanente en 2017, après avoir reçu une bourse de La bande Sonimage, l’organisme qui s’occupe aussi de la distribution du film.

Le tournage a été fait par petits blocs, sur une période d’environ trois ans. Même si cette façon de travailler n’était pas préméditée, elle a permis d’améliorer le résultat final. Prendre son temps lorsqu’on tourne un film est un luxe, résume Alexandre Mullen.

« J’ai pu me permettre quelque chose de plus ambitieux que ce à quoi je m’attendais au début. »

Il s’agit, raconte-t-il en entrevue avec Le Progrès, de son oeuvre la plus aboutie à ce jour.

Rémanente se déroule en plusieurs tableaux. Le personnage principal du film vit dans un monde ravagé, où les survivants sont confinés dans des bâtiments austères. Plutôt que d’accepter la réalité, le protagoniste trouve refuge dans un monde virtuel et pourchasse une femme qu’il a connue dans le passé.

La relative lenteur qui a guidé le tournage du film a permis de créer différents univers : le Chicoutimi rêvé du passé, la réalité numérique, le monde futur inhabitable.

La petite équipe avec laquelle Alexandre Mullen a travaillé lui a aussi permis de faire le film qu’il voulait, sans compromis.

« J’ai porté beaucoup de chapeaux, mais ça prenait ça. Ça s’est tellement échelonné sur longtemps que j’étais le seul qui pouvait garder le fil. C’était difficile d’impliquer les gens du début à la fin. »

Les deux personnages sont joués par Nicolas Bouchard-carrier et Catherine Bergeron-duchesne. Parmi les rares autres noms que l’on retrouve au générique, il y a Audrey Dufour à la direction artistique et Laurie-anne Dufour-guérin à la direction de la photographie.

LA COVID DANS L’AIR DU TEMPS

La pandémie a eu une influence inattendue sur la production de l’oeuvre. Le réalisateur s’est même demandé si les spectateurs auraient le goût de voir ce film.

« Dans les deux premières minutes du film, on voit quelqu’un qui se promène avec un masque. Les gens sont isolés. Quand j’ai écrit ça, c’était de la science-fiction et du jour au lendemain, c’est devenu la réalité », indique Alexandre Mullen.

La COVID-19 apportera un nouveau niveau de compréhension, croit-il. Les scènes qui semblaient lointaines au moment de l’écriture et du tournage sont devenues un rituel commun, en quelque sorte.

« J’ai l’impression que les gens vont penser que c’est une réaction à la pandémie, mais ce n’est pas le cas. »

Alexandre Mullen espère que ce court lui permettra de tourner son premier long métrage, qu’il est d’ailleurs en train d’écrire, apprend-on dans un communiqué. « Mon rêve a toujours été de produire du long. Ce film-là, il me représente plus, il représente le genre de cinéma que je veux faire. »

EN PREMIÈRE

Nul besoin de le dire : la pandémie affecte encore la tenue des festivals. Si toutes les fêtes du cinéma trouvent des moyens de tenir des événements malgré la COVID, ces rendez-vous ne sont pas encore exactement comme ils étaient avant l’apparition du coronavirus.

Rémanente ira donc au Festival du film d’orlando sans son créateur, une bonne partie de l’événement étant présentée virtuellement.

La projection numérique de son court métrage dans un prestigieux festival américain a donc une saveur douce-amère pour Alexandre Mullen. « Je voulais vraiment me promener avec ce film-là. C’est une difficulté qui vient avec la COVID. Les projections sont numériques. C’est plate, parce qu’il n’y a rien de plus le fun que de voir son film sur grand écran », précise-t-il, avant d’ajouter que Rémanente a été soumis à ce jour à une quarantaine de festivals dans le monde.

Le réseautage, qui vient avec ce genre d’événements, est lui aussi passé au virtuel. Il espère que le festival d’orlando aura un volet du genre et que cela lui permettra d’augmenter son réseau de contacts.

« Les festivals n’ont pas eu le choix de s’adapter. Il y a des volets virtuels de networking. REGARD l’a fait, Fantasia aussi. Ces espèces de rencontres virtuelles entre réalisateurs et producteurs ont surprenamment bien été. »

DEUX AUTRES FILMS DE SONIMAGE EN FLORIDE

Rémanente ne sera pas le seul film de La bande Sonimage à être vu dans ce festival floridien, qui met le cinéma indépendant à l’honneur. Deux autres films distribués par l’organisme seront projetés sur les écrans du festival pendant la fin de semaine d’ouverture. Il s’agit de ¡La Macha ! , de Claudia Chabot, et de Mutation, de Reda Lahmouid.

VOYAGES

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