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25 ANS À REMONTER LE COURANT

CORPORATION DE LACTIVITÉ PÊCHE LAC-SAINT-JEAN

MARC-ANTOINE CÔTÉ macote@lequotidien.com

Héritant en 1996 du mandat de se réapproprier un milieu dont la ressource était au bord de l’extinction, la Corporation de Lactivité Pêche Lac-saint-jean (CLAP) a su faire évoluer les connaissances et les mentalités pour en refaire le « joyau mondial de la ouananiche ». La rivière a toutefois été longue à remonter.

Lorsque l’aire faunique communautaire (AFC) du lac Saintjean et la CLAP ont été créées par le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP), à la demande des trois MRC de la région, la ouananiche ne s’y portait pas particulièrement bien, faisant fréquemment l’objet de « crashs de population ».

L’objectif était d’emblée de mieux comprendre la ressource, pour ensuite mieux l’exploiter, faute de quoi elle disparaîtrait. « Il en resterait toujours, mais ce ne serait plus une ressource exploitable. On sentait qu’il y avait une glissade qui s’empirait », précise Marc Archer, directeur général de l’organisme à but non lucratif.

En poste depuis le jour 1, le biologiste est bien placé pour parler de la réticence qui existait au départ. D’abord chez les pêcheurs, à qui l’idée de se voir imposer un tarif, même symbolique, pour pratiquer leur activité préférée, ne plaisait pas. « Le monde nous traitait de voleurs », se souvient-il.

La grogne a ensuite gagné la sphère politique, quand Marc Archer et son équipe ont suggéré de cesser l’ensemencement massif de ouananiches, pour qu’il y en ait éventuellement davantage dans les rivières.

UNE « GUERRE » REMPORTÉE

C’est une véritable « saga », voire une « guerre », qui allait se déclarer autour de ce point précis. Car si la découverte du cycle prédateur-proie entre la ouananiche et l’éperlan au lac Saint-jean est « la plus importante des 25 dernières années » pour la CLAP, elle était difficile à croire pour plusieurs, à l’époque.

Au-delà des graphiques qui démontraient le fort lien entre les deux espèces, « c’est le temps qui allait le prouver », soutient le président de la Corporation, Marc-andré Gagnon.

Ayant grandi au bord du lac Saintjean, ce dernier se souvient des ouananiches qu’il pêchait, tout petit. Les prises étaient de plus en plus rares ; les poissons, très « maigres ».

Laisser monter trop de reproducteurs ouananiches dans les rivières, c’était mettre trop de pression sur leur « garde-manger », l’éperlan, dont les stocks finissaient par être

La Corporation de Lactivité Pêche Lac-saint-jean (CLAP) en a fait du chemin, depuis 1996, souvent à contre-courant. Aperçu de 25 ans de défis surmontés... et de 25 ans de défis à venir.

«Ç’a pris une couple d’années, mais le changement de paradigmes s’est opéré. Avant, on gérait la ouananiche en fonction de ce qui montait dans les rivières, tandis que là, on la gère en fonction des stocks d’éperlans.»

— Marc Archer

épuisés. Et vider ce garde-manger, c’était priver les ouananiches de nourriture, a fini par comprendre la CLAP, qui fait depuis une gestion en fonction des cycles.

« Il y a plein de gens qui ont essayé d’avoir ma tête et la peau de la Corporation. […] Ç’a pris une couple d’années, mais le changement de paradigmes s’est opéré. Avant, on gérait la ouananiche en fonction de ce qui montait dans les rivières, tandis que là, on la gère en fonction des stocks d’éperlans », note Marc Archer. 75 millions de larves, entre 2003 et 2006. Ou le déploiement d’une solution sur mesure et deux fois plus efficace, plus de dix ans de recherche plus tard, avec l’aménagement de 25 frayères artificielles dans le lac Saintjean, toujours pour l’éperlan. « Une première dans le monde. » développement de la pêche à la mouche de la ouananiche, pratique interdite dans les rivières du lac Saint-jean jusqu’à 2008, en est la preuve.

« Avant, il n’y a pas un chat qui pouvait pêcher là. Tout était fermé ben dur. Maintenant, on le sait, on a une ressource qui est capable de supporter cette exploitation-là. C’est super bien suivi et encadré. […] Il y a un tirage au sort présaison, parce que la demande qu’on a est à peu près le double de ce qu’on peut offrir. »

Des scientifiques des quatre coins du globe se sont même penchés sur la situation de la ouananiche, il y a quelques années, pour en arriver à la conclusion que la seule grande population naturelle restante de l’espèce se trouvait ici même, dans la région.

Cela explique peut-être pourquoi l’appréciation des gens envers la CLAP a grandi avec le temps. « En début de saison, cette année, on le voyait encore sur nos deux pages Facebook : le monde disait merci à la CLAP pour le bon travail, mettait des photos de ouananiches grosses comme des ballons de football. On a un statut acquis avec les années, nos recherches, mais les résultats également, qui démontrent qu’il y a une bonne gestion », fait remarquer Marc-andré Gagnon.

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