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Un choix politique plus large que jamais UN BOULEVARD

JEAN-MARC SALVET jsalvet@lesoleil.com

Jamais sans doute les options politiques n’auront été aussi nombreuses et distinctes qu’actuellement au Québec. Dans une certaine logique, le taux de participation aux élections d’octobre 2022 devrait donc repasser au-dessus de la barre des 70 %.

La séquence politique actuelle illustre parfaitement la diversité de l’offre. Il y a trois semaines, les caquistes étaient réunis à Trois-rivières. Il y a deux semaines, les solidaires et les conservateurs québécois tenaient des rendez-vous avec leurs militants. La semaine dernière, ce sont des délégués libéraux qui étaient rassemblés dans la capitale.

Samedi, c’est au tour des péquistes d’être réunis en instance militante. Chaque parti aura ainsi donné le coup d’envoi de sa précampagne électorale.

Le bruit médiatique a glissé dans la caricature en distillant l’idée selon laquelle à son congrès, le Parti libéral du Québec (PLQ) s’était mué en Québec solidaire – un parti de gauche, mais attaché à l’ensemble canadien.

Un parti de gouvernement comme l’a été le Parti libéral du Québec a souvent oscillé entre le centre-droit et le centre-gauche. De là, cette fois, à évoquer une gauche à la Québec solidaire (QS) parce que la formation de Dominique Anglade veut marquer son programme de vert et nationaliser la filière de l’hydrogène… il y a une marge que l’on ne peut franchir sérieusement.

Stratégiquement, le projet libéral d’un progressisme tout de même et à l’évidence plus grand que sous le gouvernement Couillard se défend dans la mesure où, en théorie, des progressistes actuellement chez Québec solidaire, mais qui sont fédéralistes, pourraient décider de se tourner vers les libéraux de Mme Anglade. En théorie, en tout cas.

Québec solidaire vient d’ailleurs de réitérer son credo indépendantiste avec le lancement du livre Ce qui nous lie.

Ce qui est certain, c’est qu’avec ce congrès, le PLQ a laissé un boulevard à six voies au gouvernement Legault, qui s’était déjà arrogé le titre de parti de l’économie dans l’opinion publique.

Ce gouvernement prend aussi des décisions marquées d’un certain sceau social-démocrate (pas que, mais aussi).

Au fond, la plus grande force de ce gouvernement est sans doute d’être partout à la fois sur le terrain et de faire valoir aussi souvent qu’il le peut qu’il se démène, qu’il ne ménage pas sa peine.

L’une des faiblesses des libéraux est de manquer d’audace constitutionnelle. Mais chaque fois qu’ils ont esquissé un pas « nationaliste », depuis un an, ils ont éloigné des non-francophones sans pour autant récolter de points chez les francophones.

PRESQUE TOUT LES OPPOSE

En optant pour Québec solidaire dans 10 mois, les Québécois sauront qu’ils votent pour un parti qui a la prétention de réduire les gaz à effet de serre de pas moins de 55 % en 2030 par rapport en 1990 ; pour un parti qui veut aussi mettre sur pied une commission d’enquête sur le racisme systémique (un projet qui avait sonné le glas du gouvernement Couillard) ; qui se veut ouvert et inclusif ; qui souhaite accroître les impôts de certaines tranches de contribuables tout en haut de l’échelle.

À l’autre bout du spectre, le Parti conservateur du Québec (PCQ) d’éric Duhaime, très libertarien dans son approche, souhaite réduire les impôts des particuliers afin, dit-il, de stimuler la croissance économique, mais aussi pour étrangler l’état. Le parti veut offrir plus de place au privé dans le domaine de la santé.

Rappel : en décembre 2011, pour justifier son mariage avec la Coalition avenir Québec (CAQ), l’action démocratique du Québec (ADQ) faisait valoir que le parti de François Legault s’engageait à créer un projet-pilote de pratique médicale privée-publique et qu’il évaluerait la possibilité de faire sienne l’idée adéquiste de fournir aux familles « 100 $ par semaine par enfant » ne fréquentant pas un service de garde subventionné. Ce rappel pour dire que le parti d’éric Duhaime cherchera à attirer à lui des adéquistes déçus de la CAQ.

Samedi, le Parti québécois (PQ) s’engagera à son tour dans la course aux cibles de réduction climatique. Bravo pour l’ambition. Mais tant que les partis ne disent pas comment ils entendent les atteindre, que ce soit le Parti québécois ou les autres, ce ne sera que de beaux chiffres sur du papier vert.

Plus largement, le PQ voudra faire valoir qu’il est unique. Unique dans la défense de la langue française, unique dans la défense de la nation québécoise, etc.

Aux prochaines élections, des ex-péquistes devenus caquistes devront se demander s’ils veulent contribuer à assurer son existence en attendant l’arrivée d’éventuels jours plus porteurs pour le projet indépendantiste.

Il y aura un vrai choix électoral dans 10 mois au Québec. Et l’on ne tient même pas compte, en notant cela, de la présence de chefs aux personnalités et aux approches fort différentes – ce qui accroît et accroîtra encore la diversité de l’offre.

Si le taux de participation n’est pas plus élevé aux prochaines élections québécoises que les 66,45 % des dernières, qu’est-ce que cela prendra ?

CHRONIQUE

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