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EST-CE POSSIBLE DE TROP S’ENTRAÎNER ?

Àchaque chronique, je vous martèle qu’il est primordial de bouger pour la santé. Et j’en suis toujours aussi convaincue !

Ça ne veut pas dire, toutefois, qu’il n’y a pas de limites à s’imposer pour que ça reste sain.

Depuis quelque temps, des personnalités bien connues et le monde médical tentent de s’unir pour faire le point. Cette prise de conscience nous amène à nous questionner et à bien y réfléchir.

Personnellement, j’ai plongé dans le milieu sportif d’endurance dans les années 90. Dans ce temps-là, c’était l’ironman qui était à la mode. Tsé, le triathlon de longue distance où tu pars pour 3,8 km de natation, 180 km de vélo, puis tu complètes par un marathon, soit 42,2 km de course à pied ! Les triathlètes d’endurance avaient cette réputation d’être un peu crinqués, mais en même temps, ils représentaient la persévérance, l’ambition, le dépassement de soi. Je l’écris et ça se bouscule dans mon cerveau…

Sans copier ce qui a été cité sur le triste sort de certains athlètes québécois d’exception ou sur certaines réflexions amenées sur la table récemment, c’est un sujet dont il faut traiter. Chez certains de ces adeptes cumulant d’innombrables heures à faire battre leur coeur intensément, il s’est produit des décès soudains, des problèmes de santé comme la fibrillation, des battements cardiaques irréguliers, souvent très rapides, ressentis au niveau de la poitrine. Coïncidences, faits ? Ce n’est pas clair, mais il y a des questions à se poser !

Les événements d’endurance, qualifiés même « d’ultra » en course à pied [comme en sentiers], connaissent un essor fulgurant. Ce type d’épreuve rejoint des efforts pouvant varier de 50 à 80 % de notre intensité maximale, et ce, pendant de très longues heures. Les motifs sont bien personnels de s’élancer dans « notre bulle » pour une si longue période, mais voici certaines causes citées : s’imposer un moment pour soi, se retrouver, se lancer un défi.

Comme kinésiologue, ma réflexion fait référence au standard d’atteindre un objectif sportif, par exemple un événement chronométré. Pour vivre pleinement notre épreuve, l’apprécier, on doit certes s’y préparer. Une fois le but ultime atteint, toute bonne planification d’entraînement devrait prévoir une période de récupération conséquente avec l’effort d’exception qui a été demandé au corps.

Plus concrètement, cela signifie que pour un coureur d’ultra-trail, qui cumule un volume de kilomètres très élevé de façon hebdomadaire, il devrait compléter des semaines à bien moindre volume de course.

Autrement dit, ce volume élevé parcouru en guise de préparation pour son événement ne devrait pas être maintenu toutes les semaines de l’année.

Il y a aussi ce principe d’équilibre où chaque sphère de vie doit occuper un ratio relativement équitable. Soirées entre amis, soupers de famille, activités autres que le sport, travailler pour se réaliser ; ce sont aussi des moments qui devraient faire partie de la vie de chacun. Si, toute l’année durant, l’athlète « se les interdit » pour s’entraîner, là, selon moi, ça devient problématique.

Dernièrement, vous avez certainement lu ou entendu parler de ce sujet. Des chercheurs sont sur le dossier. Dr Martin Juneau et Dr Martin Simard trouvent inquiétant le nombre d’athlètes ayant subi des malaises ou des problèmes de santé, principalement ceux atteignant la tranche d’âge des 40-50 ans, après plus de 15-20 ans d’entraînement à un volume élevé – certains parlent d’entraînement à plus de 20 heures par semaine, une bonne partie de l’année. Ils n’ont pas encore toutes les réponses. Par contre, pour une première fois, ils constatent qu’ils se retrouvent devant une première cohorte de sportifs, principalement masculins, où le sport a été pratiqué à un bon niveau. Dans ces conditions, il est déjà connu que la pratique d’activités physiques, qu’ils qualifient pour plusieurs raisons d’excessive, modifie le coeur et sa physionomie. Ce qui n’est pas banal !

Même si nous ne sommes pas tous des spécialistes en anatomie cardiaque, si on sait qu’une portion du corps nommée l’oreillette gauche du coeur ainsi que certaines artères prennent du volume, on se doute bien que ce phénomène n’est pas normal, que ça doit nous sonner quelques cloches. Il se produit alors cette fameuse fibrillation citée précédemment. Ce n’est pas dangereux, ça se traite, selon les spécialistes, mais ça laisse toutefois des « cicatrices » au coeur.

Une étude américaine parle de limite d’entraînement physiologique si l’athlète ne peut ingérer autant d’énergie que ce que son corps peut en dépenser, où il survient une perte de poids qui, à un moment donné, ne peut être à l’infini au risque de sa santé. L’étude parlerait d’un maximum possible consommé par un être humain à 4000 calories/jour.

Les morts subites qui ont été citées durant des entraînements et des événements au Québec ne sont pas encore reliées à 100 % à cette cause, mais le doute s’installe tranquillement. C’est pourquoi la cueillette de données pour démystifier ce nouveau fléau santé est débutée.

On doit se rappeler que la recommandation normale est de 30 minutes par jour d’activité physique, soit 150 minutes/semaine, et qu’elle aide tellement à la santé !

Si on énumère les bienfaits, la liste est longue ! On n’a qu’à penser au retardement des maladies d’alzheimer et de Parkinson, à la réduction du risque d’accidents cérébraux vasculaires, à la lutte contre l’obésité, le diabète et l’hypertension. En plus, ça augmente le niveau d’énergie et d’endurance, ça ralentit l’atrophie musculaire. Bouger permet de conserver la densité osseuse et réduit les risques d’ostéoporose.

Attendez, ce n’est pas fini : on ne doit pas négliger les bienfaits sur l’estime de soi, l’humeur, les fonctions cognitives et le sommeil. Notre santé mentale, quoi !

Il est quand même important de réfléchir sur les limites à ne pas atteindre, afin d’éviter les effets pervers d’un entraînement trop intensif .

Si vous n’avez plus de temps dans votre quotidien pour avoir du plaisir avec vos amis, profiter d’un bon souper en famille, que tout est délaissé pour vous entraîner, et ce, toute l’année, c’est là qu’il faut se questionner ! Oui, c’est important de bouger pour notre santé. Mais au-delà d’un certain rythme, il faut rétablir l’équilibre afin que ça ne devienne pas néfaste.

ON BOUGE

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2021-12-04T08:00:00.0000000Z

2021-12-04T08:00:00.0000000Z

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