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« JE PARS SANS REGRET »

STEVE TURCOTTE sturcotte2@lenouvelliste.qc.ca

C’est une carrière de 25 ans dans la LHJMQ que Claude Bouchard a placée derrière lui, dimanche après-midi dernier, à Shawinigan. Le coloré Bleuet a eu la chance de boucler la boucle là où tout avait commencé pour lui, soit à Shawinigan. En 1996, il était déjà fortement impliqué dans le hockey au Saguenay et il devait prendre les guides des Gaillards de Jonquière dans le circuit collégial lorsqu’il a été choisi par Denis Francoeur comme adjoint. Ce fut le point de départ d’une fantastique odyssée, marquée par la conquête de la coupe du Président à sa première saison avec les Foreurs, en 2001.

« Le hasard fait bien les choses. Si j’avais eu à choisir l’endroit pour finir, j’aurais choisi Shawinigan sans hésiter. La Mauricie a été très importante pour moi », faisaitil remarquer entre deux poignées de main.

Vrai que le destin de Bouchard a été beaucoup lié à cette région. Il n’a pas secondé longtemps Francoeur, appelé à prendre la barre des Estacades midget AAA à Trois-rivières. À l’époque, c’était le meilleur tremplin possible vers un poste comme pilote dans le junior majeur. Denis Francoeur et André Tourigny venaient de suivre avec succès la même trajectoire.

C’est là que les Foreurs et Stéphane Pilotte l’ont repéré. Le succès a été instantané, avec la coupe au bout des bras quelques mois plus tard… après avoir éliminé en chemin la redoutable machine des Cataractes formée des Marc-andré Bergeron, Jason Pominville, Radim Vrbata, Dominic Forget et autres Alexandre Burrows !

Après son long règne en Abitibi, Bouchard a été un peu boudé. Pas de problème, il est revenu comme adjoint à Gatineau, Baie-comeau et Chicoutimi.

À la recherche d’un pilote d’expérience pour maximiser le potentiel des Anthony Beauvillier, Samuel Girard, Alexi D’aoust et Dmytro Timashov en 2016, Martin Mondou est allé le chercher comme frappeur de relève. La manoeuvre a eu son effet, même si Mondou a été critiqué dans le milieu pour avoir sacrifié Martin Bernard : Bouchard a mené les Cataractes jusqu’en finale.

« Ce deuxième séjour comme pilote a réglé bien des affaires dans ma tête et dans mon coeur. Je pars sans regret, grâce à ça. Je suis très fier de mon parcours », souligne Bouchard, dont la pire déception a été encaissée en 2014, en finale avec le Drakkar d’éric Veilleux.

« On avait l’équipe pour tout rafler, on a perdu en grande finale par un but. Ce fut très douloureux. Avec les Cataractes, en 2016, c’est sûr que j’aurais aimé gagner, mais je savais que les Huskies (de Gilles Bouchard) formaient la meilleure équipe. On les avait affrontés avant les séries à Rouyn-noranda, j’avais prévenu Martin Mondou que les Huskies n’avaient pas de faille et que ce serait extrêmement difficile de les battre… On s’est bien battu, mais à la fin, la meilleure équipe avait gagné. Je ne suis pas prêt à dire ça en 2014 ! »

Bouchard a fini son parcours à la maison, aux côtés de son ami Yanick Jean. Dans les derniers mois, la passion s’est éteinte, tout simplement. « La saison dernière a été difficile pour tout le monde avec le concept de bulles, moi le premier. Au camp, j’ai senti que c’était différent. Ce n’est pas ta tête qui décide, c’est ton coeur, quand tu fais un travail qui demande autant. Ça me tentait moins d’aller sur la route, de sacrifier mes fins de semaine. J’ai beaucoup donné. À 54 ans, je suis encore en forme, j’ai décidé de me choisir ! »

Bouchard assure que sa décision n’a rien à voir avec un quelconque conflit générationnel. Si certains hommes de hockey ont du mal à négocier avec la nouvelle génération, qui exige davantage d’explications, lui il disait s’en nourrir.

« C’est différent comme approche, mais ce n’est pas moins intéressant. Remarque, je dis ça peut-être parce que j’étais adjoint. Mon rôle était d’être près d’eux, alors j’ai vraiment voulu me placer à leur niveau pour les aider. J’adorais ma relation avec les joueurs. C’est l’ensemble qui est devenu pesant. Et cette job-là, il faut qu’elle t’habite. Tu ne peux pas la faire à moitié. En tout cas, moi, je ne voulais pas la faire comme ça. Alors il était temps de quitter. »

Et puis, il y a ce nouveau défi qui l’emballe, celui de la politique municipale. Il vient de se faire élire comme conseiller dans sa ville, à Saguenay.

« La politique et le sport, ça se ressemble sur plusieurs aspects. Je pense que je peux faire une différence. Et c’est un travail qui va mieux se concilier avec ma vie personnelle, sourit Bouchard, qui ne cache pas espérer qu’un agenda dégarni va lui permettre… de tomber en amour ! C’est pas évident, dans le hockey. Tu n’es pas souvent à la maison et même quand tu es là, c’est dur de décrocher ! Disons que j’améliore mes chances en changeant de branche ! »

ESPACE LHJMQ

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2021-12-04T08:00:00.0000000Z

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