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YANICK JEAN AUX PORTES DE SON 1000e MATCH

JOHANNE SAINT-PIERRE jstpierre@lequotidien.com

Jeudi, Yanick Jean dirigera son 1000e match en carrière dans la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ), à l’occasion de la visite du Drakkar de Baiecomeau au Centre Georges-vézina. Bien du chemin parcouru pour celui qui, le 29 novembre 2014, alors âgé de 39 ans, s’installait à la barre des Saguenéens de Chicoutimi dans la tourmente provoquée par le congédiement rocambolesque de Pat Bosch et du directeur général Marc Fortier en plein match, la veille. En plus de cumuler les fonctions d’entraîneur-chef et de DG pour la première fois de sa carrière, l’almatois d’origine se devait de relancer l’équipe. Retour sur les 18 premières années de sa carrière.

Pour Yanick Jean, il a toujours été clair qu’il ferait carrière dans le domaine du hockey. D’abord associé aux Saguenéens comme défenseur, il a même fait partie de l’édition 1993-94 qui a eu l’honneur de soulever la coupe du Président. Après avoir roulé sa bosse dans la ECHL et être devenu entraîneur adjoint chez les Sags, il a fait ses premières armes comme entraîneur-chef en 200304 (6 matchs), avec le départ de René Matte et l’arrivée en poste de Richard Martel. Il dirigera cinq matchs la saison suivante.

Après trois saisons à l’île-duprince-édouard et sept avec les Tigres de Victoriaville, Yanick Jean a l’occasion de revenir dans sa région natale. Même si sa conjointe est native de Roberval, le retour familial n’a pas été une décision facile à prendre. « Parce qu’on était bien implantés à Victoriaville, rappelle-t-il. Ça faisait huit ans qu’on était là et ça avait été de belles années pour les enfants. »

Sept saisons plus tard, c’est le début d’un nouveau cycle de reconstruction qui, loin de lui faire peur, le stimule. « On a la perception qu’on avait été capables de le faire jusqu’à la pandémie. On veut le refaire », affirme avec conviction celui qui totalisait 411 matchs à la barre des Sags avant le match de vendredi.

Car effectivement, l’excellente saison qui a pris fin abruptement en mars 2020 – 43 victoires en 61 matchs – lui a laissé un goût amer. « Ne pas avoir eu la chance de jouer en séries avec cette équipe-là. C’était une équipe bâtie pour les séries. »

Son autre moment de déception en carrière, c’est quand le Drakkar de Baie-comeau a éclipsé les Tigres en quatre petits matchs, en quarts de finale, en 2013.

PROGRESSION

Que retient-il de son parcours avec les Sags jusqu’à maintenant ? « J’ai vraiment l’impression qu’à tous les niveaux, l’organisation a fait des pas de géant, qu’elle s’est améliorée un peu dans toutes les sphères, tant au deuxième étage que sur la glace. »

Il est également fier de constater « la fierté des partisans de s’être réapproprié leur équipe et d’être derrière elle. Et on le voit cette année. Même en reconstruction, le soutien des gens est là. Oui, les joueurs travaillent fort et se donnent, mais tu vois que les gens sont là pour les appuyer ».

Cela dit, coacher reste un métier difficile. Condamné à être congédié, l’entraîneur doit aussi s’adapter à un univers en perpétuel changement.

« Les jeunes ont changé, la société a changé et il y a eu l’arrivée des médias sociaux. C’est clair que tu ne peux pas durer si tu ne changes pas et tu n’évolues pas. Je pense que les deux qualités principales pour travailler dans le hockey, c’est qu’il faut que tu sois capable de laisser ton ego à la porte et que tu sois capable d’évoluer avec les années. Coacher, c’est s’ajuster », résume-t-il.

L’un des secrets de Yanick Jean pour perdurer est d’ailleurs sa capacité à bien s’entourer et à consulter. Pour lui, malgré l’ajout du travail de DG, la transition Victoriaville-chicoutimi a été facilitée grâce aux gens avec qui il a travaillé, « comme Neppy (Rénald Nepton) et Diane (Girard), qui rendent le travail de DG beaucoup plus facile à faire. Leur expérience rend les autres meilleurs à l’intérieur de l’équipe, à tous les niveaux ».

Il souligne aussi l’apport d’anciens entraîneurs et coéquipiers, dont Alain Nasreddine (Devils New Jersey), Christian Caron, Steve Gosselin et Danny Beauregard, qui travaillent tous dans le monde du hockey et avec lesquels il est demeuré en contact.

Le métier est-il plus exigeant, notamment avec l’arrivée des médias sociaux ? « L’exigence du poste va avec tes exigences envers toi-même. Tu peux faire ce travail en mettant 10-15 heures par semaine, mais je ne l’ai jamais fait de cette manière-là. »

Quant aux réseaux sociaux, ils ne l’affectent pas... parce qu’il ne les regarde pas.

Ce qui lui plaît dans ce travail et le rend particulièrement fier, c’est de contribuer à la progression des individus, pas juste au hockey, mais aussi dans leur cheminement personnel. Des jeunes qui connaissent des difficultés à l’école et qui, après le junior, poursuivent même dans les rangs universitaires. « Je suis

« Il faut que tu sois capable de laisser ton ego à la porte et que tu sois capable d’évoluer avec les années. Coacher, c’est s’ajuster.»

— Yanick Jean

aussi fier d’eux que d’un Yanni Gourde, qui fait son chemin en tant que joueur invité jusqu’à la Coupe Stanley [avec le Lightning de Tampa Bay], et de personnes incroyables comme Dawson Mercer (Devils du New Jersey) et Nicolas Roy (Golden Knights de Vegas). »

Il prend aussi plaisir à accueillir et à travailler avec des joueurs européens pour atténuer le choc culturel et les façons de faire. « C’est un challenge, c’est l’fun. […] Il y a un gros écart. Il faut que tu le vives pour le comprendre. C’est complètement différent. »

AVENIR

Pense-t-il un jour dépasser Richard Martel (1171 matchs) au sommet des entraîneurs ayant dirigé le plus de matchs dans la LHJMQ ? « Dans ce métier, on prend ça une année à la fois. Mais j’espère faire ça encore longtemps. Je ne suis pas pressé [de quitter] », lance-t-il en riant.

Aspire-t-il à oeuvrer un jour dans la Ligue américaine, voire la Ligue nationale ? « Oui, au bon moment. Quand les enfants vont partir de la maison. Chaque chose en son temps. »

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2021-12-04T08:00:00.0000000Z

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