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L’HISTOIRE DE 57 GLORIEUX D’UN SOIR

Les Canadiens de Montréal connaissent une saison très difficile, on le sait. Les têtes roulent et les joueurs passent, comme chaque fois qu’une équipe en arrache autant.

MICHEL TASSÉ michel.tasse@lavoixdelest.ca

Saviez-vous qu’au cours de la longue et riche histoire des Canadiens, 57 joueurs ont disputé un match, un seul match, dans l’uniforme tricolore ? L’historien et archiviste de l’équipe, Carl Lavigne, s’est intéressé à la chose et propose Glorieux d’un soir, un bouquin qui raconte l’aventure des 57 joueurs en question.

Car des joueurs qui ne feront que passer, cette saison à Montréal, il risque d’y en avoir. Mais ça, Lavigne ne s’en doutait pas lorsqu’il s’est lancé dans la recherche et la rédaction de son livre, publié aux éditions Hugo et Cie.

« Il y a des saisons comme ça », explique Lavigne, qui a aussi été longtemps rédacteur en chef du Magazine des Canadiens. « Au fil des ans, malgré tous ses succès et toutes ses Coupes Stanley, l’équipe a aussi connu ses moments de misère. Les années qui ont précédé l’arrivée de Maurice Richard ont entre autres été très difficiles. Ça fait partie de l’histoire du club. »

Lorsqu’un journaliste a besoin d’une information précise ou pointue sur l’histoire des Canadiens, il s’adresse à Carl Lavigne, qui a monté une banque d’archives impressionnante, au fil des ans. Pour vous donner une idée, il compte... 8000 éphémérides en lien avec l’équipe.

« Il n’y a que huit jours dans l’année où je n’ai rien. Évidemment, ce sont tous des jours d’été. Mais la banque s’est garnie, au cours des deux dernières saisons, avec des séries éliminatoires qui ont été disputées en plein été, COVID oblige. »

RECHERCHES PARFOIS LABORIEUSES

Glorieux d’un soir, dont Marc Denis signe la préface, a été le fruit d’un travail de longue haleine. On imagine bien que trouver des informations et des photos sur des joueurs qui ont évolué dans les années 1910 ou 1920 a parfois représenté un défi. Mais ça fait en même temps partie du plaisir de l’historien.

« Ça n’a pas toujours été évident, c’est vrai, avoue Carl Lavigne. Je me souviens, par exemple, que les recherches sur l’attaquant Pierre Vézina (le frère de Georges), qui a joué un match en février 1912, ont été très laborieuses. Dans le bouquin, j’ai dû me résoudre à publier une photo de famille ! »

Il y a mille et une raisons pourquoi un joueur ne disputera qu’un seul match avec les Canadiens. Dans le cas de Vézina, pourtant un bon joueur de hockey, il semble qu’il ait été amené à Montréal parce que son frère Georges s’ennuyait de sa famille.

Mais il y a aussi de ces histoires plus tristes. Comme celle du défenseur Don Johns, qui a porté les couleurs des Canadiens en 1966.

Appelé à prendre la place de Jeanclaude Tremblay, blessé, Johns apprend après la défaite de 4-2 des Canadiens face aux Blackhawks de Chicago au Forum que sa mère vient de mourir en Ontario. Incapable de joindre le directeur Sam Pollock et l’entraîneur « Toe » Blake, il communique avec Frank Carlin, son DG avec les A’s de Québec, afin de lui expliquer la situation.

Le message de Carlin est clair : « Si tu pars pour St. George (pour y joindre ta famille), tu ne joueras plus jamais avec les Canadiens ! »

Mais voilà, le pauvre Johns écoute son coeur plutôt que sa raison et il se rend à St. George. Et il ne jouera effectivement jamais plus pour les Canadiens.

« Il faut savoir que ça jouait dur dans le temps, que les patrons avaient le gros bout du bâton et qu’ils en abusaient parfois, explique Carl Lavigne. Johns en a été une victime. »

Mais attention, il y a de ces histoires beaucoup plus amusantes. Comme celle du gardien Randy Exelby, appelé en renfort, c’est tout à fait le cas de le dire, de Patrick Roy en 1989 à Buffalo.

« Patrick venait de subir une gastroentérite, il était sous médication, et il a soudain eu un besoin très urgent d’aller aux toilettes, raconte Carl Lavigne, le sourire aux lèvres. Son adjoint Brian Hayward était malade et Exelby venait d’être rappelé de la Ligue américaine. Exelby a été lancé dans la mêlée, il a fait face à un tir (qu’il a bloqué) et il a passé moins de trois minutes devant le filet, juste le temps que Patrick revienne de la salle de bain ! »

APPRENDRE

Si Carl Lavigne a écrit Glorieux d’un soir, c’est essentiellement pour apprendre. Car l’histoire de ces 57 joueurs qui n’ont disputé qu’un seul match avec les Canadiens n’a souvent rien de banal.

« En tant qu’historien, tu veux toujours en apprendre plus, toujours aller plus loin dans tes recherches, dit-il. Moi le premier, j’ai appris plein de choses. L’histoire des Canadiens est tellement riche qu’il y a toujours des éléments à approfondir. »

Le baseball compte de nombreux historiens. Le hockey très peu. Des Carl Lavigne, vous n’en trouverez pas beaucoup à travers la Ligue nationale. Le principal intéressé parle d’un bonhomme attaché au Wild, au Minnesota, mais il n’en connaît pas d’autres.

« J’ai d’autres projets du genre en marche. J’aime le hockey... et j’aime me creuser la tête ! »

Et en ces temps moroses chez les Canadiens, Glorieux d’un soir nous permet à la fois de rester connectés à l’équipe... tout en se changeant les idées.

«En tant qu’historien, tu veux toujours en apprendre plus, toujours aller plus loin dans tes recherches. Moi le premier, j’ai appris plein de choses. L’histoire des Canadiens est tellement riche qu’il y a toujours des éléments » à approfondir.

— Carl Lavigne

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2021-12-04T08:00:00.0000000Z

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