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Rencontre entre l’art et l’entomologie

DANIEL CÔTÉ dcote@lequotidien.com

Depuis quelques semaines, il y a beaucoup d’insectes dans le Centre de production en art actuel TOUTTOUT, situé au centre-ville de Chicoutimi. Non, ce ne sont pas des fourmis charpentières attirées par les tables en bois sur lesquelles travaillent les artistes. Ni des perce-oreilles. Ni des coccinelles égarées. Il s’agit de dessins réalisés par Camille Brisson, dans le cadre d’une résidence de création organisée par le Lobe.

En riant, la jeune femme parle de ce projet comme d’un coming

out, puisque c’est son premier en arts visuels. Connue en tant que flûtiste associée aux musiques de création, elle assume également la fonction de médiatrice culturelle à

Alma, au centre d’artistes Langage Plus. Or, son mandat consistait à produire une installation sur l’espace Plateforme, sous le nez des créateurs aguerris qui fréquentent l’ancienne école érigée sur la rue Bossé, à Chicoutimi.

Il y avait de quoi être intimidée, d’autant que son lieu de travail se trouvait au-dessus de l’entrée principale. Impossible de la rater en entrant, pendant les deux semaines où a pris forme l’installation intitulée Le cycle des choses. « Il a fallu que je m’adapte aux bruits ambiants, à la distraction causée par le déplacement des gens. En même temps, j’avais le sentiment de me mettre à nu, face aux artistes du Saguenay. Je voulais faire honneur à Langage Plus », a confié Camille Brisson au Progrès.

Sa carte cachée pour tirer le meilleur parti de l’invitation lancée par le Lobe, ce fut sa passion pour l’entomologie. Elle a commencé d’une drôle de manière, après avoir appris de quelle façon l’un des pionniers de la psychiatrie, Carl Gustav Jung, aurait appliqué le principe de la synchronicité. Celui-ci se trouvait dans son cabinet lorsqu’une patiente a dit qu’elle avait rêvé d’un bijou en forme de scarabée. Il aurait alors montré un vrai scarabée, qui venait d’apparaître à sa fenêtre.

« C’est une histoire qui me taraudait. J’ai donc dessiné un scarabée, puis des coléoptères, des papillons et plein d’autres insectes. J’ai aussi mené des recherches à leur sujet, en couvrant des angles aussi variés que la mythologie et l’alimentation. Il y a une infinité de connexions », s’émerveille Camille Brisson.

Il restait à trouver une manière d’exploiter ses oeuvres, ainsi que les informations s’y rapportant, ce qui s’est précisé pendant son séjour sur l’espace Plateforme.

Jusqu’au 7 janvier, jour où prendra fin Le cycle des choses, on peut donc emprunter une petite échelle afin de découvrir son atelier éphémère. « J’ai laissé des notes. Sur les murs, des questions ont été épinglées, mais pour les lire, il faut être proche, fait remarquer l’artiste. Quant à l’échelle, j’aime l’idée qu’il règne une part de flou à son sujet. Ce n’est pas écrit qu’on peut s’en servir, mais ce n’est pas interdit, non plus. »

Un mystère semblable enveloppe ses dessins représentant des insectes. Chaque nuit, une imprimante programmée à distance en laisse échapper quelques-uns sur les marches donnant accès à TOUTTOUT. Faute d’avoir lu ce texte, les gens qui entrent dans le bâtiment, au lever du jour, se demandent à quoi riment ces jolies reproductions qu’on croirait échappées d’un sac d’école mal fermé. « C’est l’idée de la présence fantôme, puisque je ne suis pas là », énonce Camille Brisson.

Plus le temps passe, plus elle enrichit le contenu, en insérant des informations liées aux insectes. Il peut s’agir de considérations philosophiques ou artistiques, par exemple, l’essentiel étant que ça suscite des questionnements chez les personnes qui les examinent. Ensuite, celles-ci ont la possibilité de placer la feuille dans une déchiqueteuse, histoire de compléter une version bien personnelle du cycle des choses.

SUMARIO

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2021-12-04T08:00:00.0000000Z

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