LeQuotidienSurMonOrdi.ca

Marie-annick Lépine : avant de quitter

DANIEL CÔTÉ dcote@lequotidien.com

Marie-annick Lépine connaît la valeur des racines, du sentiment d’appartenance. Malgré le tourbillon perpétuel que constitue la vie au sein des Cowboys Fringants, la violoniste réside à L’assomption, dans la ville où elle a grandi, où ses parents ont pris maison il y a près de 50 ans. C’est d’ailleurs en pensant à eux qu’est apparue la trame de son troisième album, intitulé Entre Beaurivage et L’ange-gardien.

Au début, il s’agissait uniquement d’écrire une chanson, Tu veux rester. Sur une douce musique portée par le piano, une femme s’adresse à son mari, dont on devine qu’il n’est plus tout jeune. « C’est plus qu’un quartier, c’est toute une vie », lui dit-elle d’une voix pleine de sollicitude. Le dilemme est celui qu’évoquait jadis Pauline Julien, à partir d’un texte de Réjean Ducharme

Déménager ou rester là.

« Mes parents vieillissent et se demandent s’il faut partir. C’est une réflexion qui amène de la tristesse, de la nostalgie. Un deuil que je vis avec eux, semblable à celui auquel beaucoup de gens sont confrontés. Plusieurs sont rendus à l’étape où on se demande combien d’étés il reste avant de quitter la maison », a relaté Marie-annick Lépine lors d’une entrevue téléphonique accordée au Progrès.

Ce fut la première pierre de l’édifice que constitue son album. À l’origine, il n’y avait aucun concept, mais à mesure que naissaient les textes, une idée s’est imposée. « Le thème des départs est très présent. On le voit dans Elle s’en va et dans

Toujours partir, qui porte sur la notion de liberté. Quitter les gens, est-ce rechercher la liberté ou la solitude ? Moi, je crois que c’est la solitude », soumet la chanteuse.

Une version différente du départ est présentée dans L’autre trottoir.

Un rien suffit pour dévier de son parcours, changer de trottoir malgré soi. Un diagnostic défavorable et on aboutit sur une voie d’évitement. « C’est un sujet touchant que j’ai voulu aborder avec délicatesse. D’un coup de dés, la vie peut nous amener ailleurs. Vers un beau départ ou le départ final », fait observer Marie-annick Lépine.

Dans Le bonheur à chacun, c’est l’emprise des dépendances qui occupe l’avant-plan. S’adressant à un homme qui boit dans le salon avant même que midi sonne, une femme l’exhorte à se prendre en main. Pour lui comme pour elle. « Voir quelqu’un qui se détruit, ça nuit à tout le monde autour », estime l’auteure du texte. Quelques titres ont été inspirés par les témoignages livrés par des fans des Cowboys Fringants. Ressentant le besoin de se confier, ils décrivent des tranches de vie qui les touchent au plus près. L’artiste a aussi trouvé du matériel intéressant dans son entourage, mais rarement dans sa propre vie. « Il y a peu de chansons au je », reconnaît-elle.

Quant à l’enveloppe musicale, elle renferme de jolies mélodies, parfois mélancoliques et parfois comiques, comme le ukulélé et les « Ouh ! Ouh ! » qui égaient Je mange

mes bas. On note également que des pièces instrumentales ouvrent et ferment l’album, Rue Beaurivage et Boulevard de L’ange-gardien.

C’est en voulant retravailler la première que Marie-annick Lépine a créé la deuxième.

« Il s’agit de la même mélodie, sauf que les ambiances sont différentes », analyse-t-elle, avant de vanter le travail des réalisateurs Pierre Fortin, originaire du Lac-saint-jean, et Jeansébastien Chouinard.

Non seulement l’ont-ils épaulée en studio, mais ils l’accompagneront sur la route, aux côtés des chanteuses Catherine Durand et Mara Tremblay.

Les premières sorties sont prévues pour la fin de mai, ce qui laissera le temps aux Cowboys Fringants d’écumer le Québec et l’europe, où plusieurs spectacles ont été reportés. « Mon album peut faire du bien aux gens. J’en suis très fière et c’est sûr qu’on va trouver de l’espace pour le faire vivre au printemps et à l’été, de même qu’à l’automne », promet Marie-annick Lépine.

SUMARIO

fr-ca

2021-12-04T08:00:00.0000000Z

2021-12-04T08:00:00.0000000Z

https://lequotidien.pressreader.com/article/283141432044317

Groupe Capitales Media