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QUAND UNE ÉTUDE MÈNE À UN ROMAN JEUNESSE

L’idée derrière Un moussaillon à l’anse-auxbraves: journal d’un futur pêcheur vient de la chercheuse saguenéenne Danielle Maltais

CAROLYNE LABRIE clabrie@lequotidien.com

L’idée d’un roman jeunesse n’était pas du tout prévue lorsque la professeure de l’université du Québec à Chicoutimi (UQAC) Danielle Maltais a entamé son étude sur la coexistence de la pêche au homard et des baleines noires en Gaspésie. Elle s’est frayé un chemin au fil des rencontres avec les pêcheurs, des gens passionnés de leur métier. Un moussaillon à l’anse-aux-braves: journal d’un futur pêcheur est finalement né.

La chercheuse du Département des sciences humaines et sociales a reçu le mandat de faire une recherche sur le stress vécu par ces travailleurs. « En 2018, la pêche a été arrêtée une quinzaine de jours parce qu’il y avait des baleines noires dans le secteur de la Gaspésie. En collaboration avec l’université du Québec à Rimouski, nous avons fait une recherche. Il faut dire que j’oeuvre depuis plusieurs années dans le domaine des conséquences des événements traumatiques sur la santé », explique Danielle Maltais.

Cet épisode a en effet été très difficile à encaisser d’un point de vue humain. Il faut savoir que la pêche au homard dure 68 jours consécutifs. Lorsque des baleines noires, une espèce en voie de disparition, sont repérées dans un secteur, l’activité est arrêtée. Les jours perdus ne sont alors pas repris. En 2018, 7 millions $ en revenus se sont alors envolés dans cette région.

DES RENCONTRES AVEC DES GENS PASSIONNÉS

Au fil des rencontres effectuées dans le cadre de son étude, Danielle Maltais a récolté plusieurs histoires et témoignages. Elle voulait les faire vivre au-delà de son rapport de recherche. « Ces gens aiment leur métier malgré les difficultés. Ils me parlent tous de liberté et à quel point ils ont hâte que la saison commence. »

Les hommes craignent également de ne pas avoir de relève. À travers le livre, qui sera distribué dans les écoles de la Gaspésie, la chercheuse se dit que certains jeunes auront peut-être envie d’embarquer dans ce type d’aventure. « C’est un peu comme les minorités culturelles qui ne se retrouvent pas dans nos téléromans. Les pêcheurs de la Gaspésie ne se retrouvent pas non plus dans nos histoires et pourtant, ils font vivre une région. »

En 2020, on comptait 148 pêcheurs propriétaires d’un bateau et 300 aides-pêcheurs. Ils ont récolté plus de 5 millions de homards.

Danielle Maltais n’est pas seule dans ce projet. L’autrice du roman est Danielle Massé ; l’illustrateur, Stéphane Lemardelé. L’histoire est celle de Louka Migneault-saint-germain, qui se retrouve à l’anse-aux-braves pour pêcher sur le homardier de son grand-père. Lui qui était parti à reculons découvrira un métier difficile, mais parsemé de joies.

Le Regroupement des pêcheurs professionnels du sud de la Gaspésie a également donné un coup de main. Pour le directeur scientifique Jean Côté, ce roman est un « cadeau inattendu ». Il le voit comme un ouvrage pour expliquer ce métier aux jeunes, mais aussi aux touristes, de même que le défi de la coexistence avec les baleines noires. « On le sait qu’il faut changer nos façons de travailler, sans arrêter la pêche. C’est faisable et on travaille très fort avec Pêches et Océans Canada », explique M. Côté.

Il assure que malgré tout, « la pêcherie est en santé ». Il y a de la relève et il s’agit bien souvent des fils et des filles de pêcheurs ou d’aidespêcheurs qui choisissent de devenir capitaine. Le regroupement les soutient et les aide financièrement. Un bateau et le permis qui vient avec peuvent coûter un million $.

Un moussaillon à l’anse-aux-braves : journal d’un futur pêcheur est disponible en librairie à travers la province.

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2022-01-15T08:00:00.0000000Z

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