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PROBLÈMES ET SOLUTIONS POUR L’ÉCOLE VIRTUELLE

STEEVE FORTIN steeve.fortin@lequotidien.com

La conciliation travailfamille prend tout son sens avec la semaine qui vient de se terminer. L’école à distance pour les jeunes du primaire et du secondaire est un véritable casse-tête logistique et technique pour tous les intervenants du milieu scolaire. Pour les parents, cette gymnastique entre le télétravail et la supervision des enfants teste parfois notre patience en raison des nombreux problèmes techniques engendrés. Plusieurs se réjouiront du retour en présentiel annoncé jeudi, mais il semble inévitable que les jeunes reviennent à la maison à l’occasion, au cours des prochains mois. Après presque deux ans de crise, pourquoi l’enseignement à distance est-il encore si difficile ?

FAIRE AVEC LES OUTILS DE CHACUN

Avec l’accès au merveilleux monde de l’internet du bout des doigts, l’investissement jadis réservé à l’ordinateur familial est désormais migré vers les appareils mobiles, cellulaires ou tablettes électroniques. Et les ordinateurs portables.

Depuis presque deux ans déjà, nous avons vu le quotidien de nombreuses familles être chamboulé par le télétravail et l’éducation à distance.

Bien que la majorité des employeurs fournissent le matériel adéquat à leurs télétravailleurs, la situation est différente pour bon nombre d’élèves qui ne bénéficient pas nécessairement du matériel convenable. Plusieurs se débrouillent alors avec le vieil ordinateur familial, dont les performances d’une autre époque rendent l’expérience éducative lourde et pénible.

Qui plus est, pour les familles avec plusieurs enfants, vous multipliez les problèmes, mais pas les solutions !

Faire avec les outils de chacun, c’est aussi être tributaire du lien Internet de chacune des résidences des élèves et, dans plusieurs cas, celui-ci est inadéquat ou saturé.

Certains fournisseurs proposent des forfaits alléchants de 50 Mbit/s en téléchargement, mais 10 Mbit/s en téléversement, ce qui est nettement insuffisant pour une famille confinée à la maison ! Pour les visioconférences, la vitesse de téléversement est aussi importante que la vitesse de téléchargement.

Même si vous optez pour le gros forfait Internet, certains fournisseurs se réservent le droit de faire de la gestion du trafic, en réduisant la vitesse de téléversement. Bien que cette pratique soit transparente dans la majorité des cas, elle peut toutefois devenir problématique lorsque plusieurs visioconférences simultanées se déroulent dans la même résidence.

Malgré les nombreuses annonces politiques au sujet de la disponibilité d’internet haute vitesse sur tout le territoire québécois, dans les faits, plusieurs foyers n’ont toujours pas accès à un lien convenable, d’autant plus que le télétravail nécessite des besoins techniques différents, lesquels vont bien au-delà de la simple vitesse de téléchargement. Le déploiement se fait au comptegouttes et, dans bien des cas, les nouveaux liens sont insuffisants et sous-performants.

Tandis que les politiciens se font du capital politique sur l’internet haute vitesse, Elon Musk, fondateur de Tesla et de Spacex, déploie sa constellation de satellites Internet pour permettre un accès haute vitesse digne de ce nom dans plusieurs secteurs ruraux, et ce, sans le moindre denier public.

LES ENSEIGNANTS: LES GRANDS OUBLIÉS

Certes, la situation n’est pas simple pour les parents qui doivent jongler avec le télétravail et l’école des enfants, mais pour les enseignants, ce n’est guère mieux. Mais en même temps, le contexte en présentiel est aussi très difficile en raison des mesures sanitaires.

Imaginez gérer à la fois le facteur humain et la technique à distance ! Si les visioconférences sont souvent pénibles pour les télétravailleurs adultes, projetez-vous avec deux douzaines d’enfants hyperactifs confinés à la maison !

La majorité des enseignants ont un déficit de ressources ou de connaissances techniques afin de maximiser l’utilisation des outils en ligne. Plusieurs écoles utilisent Microsoft Teams pour dispenser les cours à distance, mais cette plateforme manque parfois de convivialité pour les étudiants. Les enseignants, eux, doivent trop souvent jouer le rôle d’informaticien pour dépanner les élèves.

Par ailleurs, Microsoft Teams est très gourmande au niveau des ressources matérielles, faisant en sorte que son utilisation sur un vieil ordinateur est plus difficile. Teams n’est certes pas une solution parfaite, mais dans les circonstances actuelles, elle s’avère donc une bonne bouée de sauvetage.

FOURNIR LE MATÉRIEL AUX ÉLÈVES, LA SOLUTION ?

Les écoles peuvent prêter du matériel informatique, mais dans bien des cas, celui-ci est inadéquat ou vétuste. En effet, certaines écoles fournissent des ipad aux étudiants, ce qui n’est pas l’idéal en raison de la taille de l’écran, alors que pour d’autres, ce sont des ordinateurs portables dont les performances sont parfois aléatoires.

Le coût de l’acquisition et de la maintenance de tout ce parc technologique peut grimper rapidement, d’autant plus que son obsolescence s’accélère plus rapidement en raison de la fragilité des équipements dans un contexte d’utilisation. L’investissement massif dans l’acquisition d’équipements de prêt n’est certes pas judicieux alors que nous allons, je l’espère, sortir de cette crise éventuellement.

Le gouvernement pourrait-il offrir aux familles un programme d’acquisition de matériel informatique ? Un crédit d’impôt serait un bon incitatif, mais ne serait-il pas plus judicieux de permettre aux familles d’acheter des ordinateurs usagés en provenance du gouvernement ? Ce dernier pourrait ainsi faire un renouvellement stratégique de son parc informatique, tout en assurant aux familles dans le besoin l’accès à de bons ordinateurs pour une fraction du prix.

Même dans des conditions idéales, l’école à distance pour les élèves du primaire et du secondaire demeure une mesure exceptionnelle. Les enfants sont d’une résilience exemplaire, mais dans le domaine de l’apprentissage, il faut établir des bases solides – elles sont fragilisées par le contexte actuel.

L’école, c’est d’abord et avant tout une question d’interactions sociales. Peu importe les moyens technologiques mis en place, l’essence même du milieu scolaire demeure le présentiel !

Ne serait-il pas plus judicieux de permettre aux familles d’acheter des ordinateurs usagés en provenance du gouvernement? Ce dernier pourrait ainsi faire un renouvellement stratégique de son parc informatique, tout en assurant aux familles dans le besoin l’accès à de bons ordinateurs pour une fraction du prix.

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2022-01-15T08:00:00.0000000Z

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