LeQuotidienSurMonOrdi.ca

2022, UNE NOUVELLE ÈRE REMPLIE DE PROMESSES

KONRAD SIOUI Collaboration spéciale — ARCHIVES LE PROGRÈS, GIMMY DESBIENS

La route était longue à partir de Wendake pour me rendre à Gatineau en ce milieu de décembre, juste avant ces fameuses Fêtes remplies de promesses et tellement attendues. Une fois passé Montréal, de Rigaud, on entre en Ontario jusqu’à Ottawa et de là, on n’a qu’à traverser la rivière aux Outaouais pour revenir au Québec. Après plus de cinq heures, je rejoins mon hôtel, à Hull, tout près de l’école nationale d’administration publique où je vais donner mon cours d’une durée de deux jours pleins, en présentiel.

Nous sommes réunis dans une superbe petite salle en forme de cercle suffisamment grande pour accueillir tous les étudiants, en respectant les mesures de distanciation. Nous allons passer ces deux journées non seulement à exposer la matière théorique, mais surtout à inviter tous les étudiants à s’impliquer activement dans les échanges et les débats. Le cours se donnera en langue française exclusivement.

Nos étudiants sont des gestionnaires de haut niveau et de calibre professionnel. Ils et elles sont des parents pour la plupart et ils s’intéressent grandement à l’avenir de la société au sein de laquelle ils jouent déjà un rôle d’envergure.

Nous avons un agenda chargé, pour le cours intitulé « Administration publique et réconciliation avec les peuples autochtones ». Nous divisons le cours en quatre modules d’une demi-journée pour chacun des thèmes : réconciliation, territorialité, racisme et déclaration de L’ONU. La liste des lectures proposées a déjà été acheminée aux étudiants et nous sommes donc fin prêts.

Une fois les présentations faites et l’exposé théorique déclamé, nous voilà partis en grand avec des échanges d’une très haute qualité et des débats d’idée respectueux et constructifs. Je suis surpris par la connaissance des faits, par les expériences vécues et récitées, par les propositions intelligentes exprimées avec assurance et par la recherche de vérité exigée par les participants autour du cercle.

La réconciliation revendique bien sûr que la relation soit d’égal à égal, de nation à nation et qu’elle s’inscrive dans le respect mutuel avec un objectif de véritable prise en charge et d’autonomie. Elle ne doit pas vouloir condamner une partie face à une autre. Elle doit posséder un caractère rassembleur et constructif. Elle exige que les droits collectifs soient prépondérants, qu’il y ait une véritable distribution de la richesse et elle doit refuser de n’être au service que d’une élite ou de quelques parvenus. La réconciliation ne sera pas un rêve, mais bien une réalité si nous continuons d’apprendre à mieux nous connaître et surtout à mieux nous accepter avec nos différences de toute nature.

En après-midi, nous abordons la question de la territorialité. J’ai exposé les grandes lignes de l’arrêt Sioui avec un rappel des faits ayant été à l’origine de cette cause qui a duré près de dix ans, jusqu’à la Cour suprême du Canada. Essentiellement, la colonisation, puisque c’est bien de colonisation dont il s’agit, a eu comme effet direct de déposséder les Premières Nations de leurs territoires nationaux pour ne leur laisser qu’une bande de terre appelée une « réserve ».

Aujourd’hui, la question du territoire continue d’être un des premiers sujets de discussion, sinon de discorde entre les Premières Nations elles-mêmes, mais surtout avec les autres différents paliers de gouvernement. Et ce, que ce soit l’empiétement des uns sur le territoire des autres, les conventions modernes exigeant l’extinction du titre territorial par voie de certitude, la nécessité de partager l’immensité du territoire, le besoin de poursuivre l’apprentissage ou la pratique des langues autochtones sur le territoire et l’exercice de l’économie traditionnelle.

Puis, de retour à l’université en ce fameux samedi matin de tempête, nous avons abordé le troisième thème portant sur le racisme, peu importe son qualificatif.

Nous avons relaté les pénibles expériences vécues au sein de la société et plus particulièrement au sein des différentes communautés des Premières Nations, incluant notamment le cas de Joyce.

Nous avons échangé sur les différentes sources du racisme et nous avons compris qu’il nous fallait collectivement abattre les stéréotypes et trouver des moyens de mieux s’entraider au sein de nos propres ministères ou départements. Pour cela, il faut mieux se comprendre et s’apprivoiser au travers des différences. Il faut aussi ne pas céder le pas à l’indifférence qui ne peut qu’isoler davantage les individus et les nations qui coexistent. La capacité administrative et politique de prendre en charge les services de soins aux enfants autochtones, peu importe le lieu de résidence, se révèle être une piste de solution qui mérite encouragements et applaudissements.

Enfin, en ce dernier après-midi, pendant que les vents forts soufflaient en renforçant les rafales de neige, le sujet de la Déclaration des droits des peuples indigènes par L’ONU méritait une attention spéciale. Nous avions mis tant d’énergie, d’argent et d’efforts afin d’en arriver à un résultat concluant qui a amené plus de 150 pays, incluant le Canada, à entériner cette fameuse résolution internationale.

Tous les espoirs sont maintenant possibles. Le monde est avisé désormais de la grande marche des peuples autochtones vers leur autodétermination. Cette marche ne se déplace pas en circuit fermé, car elle n’aura de résultat tangible que si elle inclut dans ses rangs d’autres alliés qui caressent le même objectif : le partage de la richesse et la protection des droits collectifs.

Comme le disait si bien Nelson Mandela : « Aucun de nous, en agissant seul, ne peut atteindre le succès. » De retour à la maison, je n’ai pu m’empêcher de croire vraiment que cette nouvelle année 2022 est le prélude à une nouvelle ère remplie de promesses et garante de paix et de partage. Mes étudiants m’avaient convaincu de leur engagement formel.

ACTUALITÉS

fr-ca

2022-01-15T08:00:00.0000000Z

2022-01-15T08:00:00.0000000Z

https://lequotidien.pressreader.com/article/281865826835484

Groupe Capitales Media