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L’avenir du boulevard Wallberg

DANIEL CÔTÉ dcote@lequotidien.com

Peut-on revitaliser un centreville dont une large part est occupée par un centre commercial ? Telle est la question que doivent se poser les citoyens de Dolbeau-mistassini, à la suite de la mise sous séquestre des biens appartenant à la compagnie Les Promenades du boulevard Wallberg. Autorisée par la Cour supérieure du Québec, à la demande de la Banque Nationale du Canada, cette procédure pilotée par Restructuration Deloitte porte sur deux bâtiments, dont un qui abrite une trentaine de commerces.

Les acheteurs potentiels ont jusqu’au 16 février pour soumettre une proposition, ainsi que l’a révélé le collègue Guillaume Pétrin dans Le Quotidien, plus tôt cette semaine. D’une superficie de 9 109 500 m2, le bâtiment principal vaudrait 4,1 millions $, sur la foi du rôle d’évaluation foncière. Quand au second lot, neuf fois plus petit – on n’y dénombre que trois locaux –, sa valeur imposable est estimée à 1,3 million $.

Tout en précisant qu’il n’est pas en faillite, le propriétaire actuel, Jacques Lapointe, n’a pas fait mystère des problèmes qui affligent le centre commercial. « Depuis deux ans, ce n’est pas le Klondike », a-t-il confié au journal.

Les fermetures préventives justifiées par la crise sanitaire ont compliqué la vie de ses locataires. Plusieurs ont fermé boutique et personne n’a redonné vie aux espaces qu’ils occupaient.

Appelé à commenter la situation, l’ancien député péquiste et ancien conseiller municipal à Dolbeau Denis Trottier a mis en relief l’impact des ventes en ligne. « C’est bien évident que les petits centres d’achats dans les petites municipalités auront de plus en plus de difficultés », a-t-il mentionné.

Néanmoins, un homme d’affaires croit toujours en l’avenir des Promenades du boulevard Wallberg. Il s’agit de Réjean Paré, président et chef des opérations du Groupe Rémabec.

« Je pense qu’il y a une possibilité de relance », a-t-il avancé.

À ses yeux, il y a encore moyen de créer une offre commerciale à l’échelle locale et ça pourrait se faire dans le bâtiment construit à la fin des années 1980, à l’initiative de l’ancien maire Henri-paul Brassard. Rappelons que ce projet contesté avait eu pour effet de mettre sous cloche un bout de la rue principale. C’est pour cette raison que des balcons donnent sur une allée, alors que jadis, ils dominaient le boulevard Wallberg.

C’est une époque où les centres commerciaux semblaient incarner l’avenir, le modernisme à la mode américaine. Ici aussi, les gens étaient obsédés à l’idée de tout trouver à la même adresse, quitte à se garer loin de leur magasin favori. L’un des avantages consistait à marcher moins longtemps dehors, un argument qui trahissait notre rapport conflictuel avec l’hiver. Nous formions un peuple nordique qui avait peur de geler, une aberration qui, aujourd’hui, prête à rire.

Cette tendance s’est heureusement inversée, comme en fait foi la résurrection du centre-ville d’arvida et la bonne santé de celui de Chicoutimi-nord, ainsi que la multiplication des commerces ayant pignon sur rue à Chicoutimi. Il suffit de jeter un oeil sur le boulevard Talbot pour voir dans quelle direction le vent souffle, d’où la nécessité d’entendre une autre voix dans le dossier des Promenades du boulevard Wallberg, celle des citoyens de Dolbeau-mistassini.

Après tout, un centre-ville appartient à tout le monde, pas juste aux gens d’affaires. Il s’agit d’un lieu de vie, de l’endroit où bat le coeur d’une communauté, même à l’heure où les magasins sont fermés. C’est pourquoi il importe que les Dolmissois s’expriment et qu’ils le fassent rapidement, eu égard à l’échéance du 16 février. Comme on dit en informatique, ils ont la chance de peser sur « reset » pour la première fois depuis plus de 30 ans. Soit pour renouveler leur adhésion envers le centre commercial, soit pour donner au boulevard Wallberg un look en phase avec notre époque.

Pareille occasion ne reviendra pas de sitôt.

ÉDITORIAL

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2022-01-15T08:00:00.0000000Z

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