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L’ÈRE DU 4.0 CHEZ PATATES DOLBEC

Investissements majeurs et gains de productivité

PIERRE THÉROUX Collaboration spéciale p.theroux@videotron.ca

«On était à la croisée des chemins. Soit on investissait pour améliorer la production de l’usine qui était devenue désuète, soit on cessait d’emballer les patates pour les supermarchés », lance d’entrée de jeu Hugo d’astous, directeur général de Patates Dolbec, pour expliquer le virage technologique amorcé il y a plus de cinq ans par cet important producteur, emballeur et distributeur de pommes de terre situé à Saint-ubalde, dans la MRC de Portneuf.

Des robots et autres équipements automatisés ont ainsi fait leur apparition un peu partout dans cette nouvelle usine 4.0 à la fine pointe de la technologie qui permet de laver et brosser plus efficacement les patates avant qu’elles soient inspectées et triées selon la grosseur et la qualité par des trieurs optiques.

« Il n’y avait rien d’innovateur parce que des trieurs optiques étaient déjà implantés un peu partout dans le monde et même ici au Québec. Il fallait simplement rattraper notre retard technologique », souligne M. d’astous, qui a joint l’entreprise en 2014 et piloté cette importante transformation.

AUTOMATISER LE PLUS POSSIBLE

L’entreprise, qui a initialement injecté 12 M $ dans ce projet de modernisation, en a profité pour analyser attentivement ce qui se fait ailleurs dans le monde afin de « trouver les meilleures pratiques et créer une nouvelle usine la plus automatisée possible », ajoute-t-il.

Les dirigeants ont poussé plus loin cette transition en optant pour des trieurs optiques qui permettent de trier les patates en 12 catégories, alors que la plupart des autres entreprises se contentent de six critères d’inspection. Un choix justifié par le « nombre élevé de nos variétés de pommes de terre et de nos clients », explique Hugo d’astous.

La PME travaille même à améliorer la performance des trieurs optiques, qui n’offraient qu’une efficacité de 70 % au moment de leur acquisition. Pour diminuer le taux d’erreur de 30 %, elle a fait appel à l’expertise en intelligence artificielle de la firme québécoise Vooban qui a notamment intégré des caméras haute définition et un nouveau modèle de vision par ordinateur dans les trieurs optiques.

L’entreprise mise aussi sur des palettiseurs robotisés. « On a implanté des équipements automatisés qui permettent de réduire les manipulations tout au long de la chaîne de production », indique M. d’astous.

RATTRAPAGE TECHNOLOGIQUE ET ORGANISATIONNEL

Outre son retard technologique, Dolbec devait aussi faire du rattrapage en matière de gestion. « On n’avait pas de culture d’innovation ni d’équipe de direction pour entreprendre un tel virage technologique », souligne Hugo d’astous en précisant que l’entreprise s’est également assuré de recruter des employés ou de former ceux déjà en place afin de pouvoir suivre la cadence.

Il cite l’exemple d’une employée de très longue date, Nathalie Frenette, qui est passée de trieuse de patate à opératrice du nouvel équipement de trieuse optique. D’autres trieurs ou employés d’usine travaillent maintenant à la planification de la production. L’entreprise a aussi engagé des électromécaniciens et un ingénieur en mécanique.

Patates Dolbec, qui emploie 150 personnes, n’entend pas s’arrêter là. « L’automatisation amène des gains de productivité qui, en retour, nous permettent d’investir dans d’autres projets qui vont nous aider à maintenir et même améliorer ces rendements », constate Hugo d’astous.

Parmi les projets figurant dans sa roadmap technologique, à laquelle elle prévoit consacrer 4,5 M $, l’entreprise entend connecter ses équipements de production pour recueillir des données qui lui permettront, par exemple, d’analyser les causes liées à des arrêts de production.

Fondée en 1967, avec seulement 25 acres de terre, un cheval et une charrue, Patates Dolbec exploite aujourd’hui quelque 10 000 acres de terre dans une dizaine de municipalités situées dans un rayon de 70 kilomètres qui produisent plus de 15 variétés de pommes de terre. La production annuelle de l’usine est passée ces dernières années de 65 millions à 120 millions de patates qui sont distribuées dans les grandes chaînes d’alimentation et de restauration principalement au Québec (80 %), ainsi qu’en Ontario et dans les provinces de l’atlantique.

« Il n’y avait rien d’innovateur parce que des trieurs optiques étaient déjà implantés un peu partout dans le monde et même ici au Québec. Il fallait simplement rattraper notre retard » technologique.

— Hugo d’astous

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