LeQuotidienSurMonOrdi.ca

ET SI L’ON MANGEAIT INTUITIVEMENT EN 2022 ?

BRIGITTE TRAHAN brigitte.trahan@lenouvelliste.qc.ca

Il est là, le sac de biscuits. Bien tentant. On se dit qu’un ou deux, ça ne peut pas faire de mal, tout en regardant sa télésérie préférée. La main s’approche soudainement du sac pour un troisième, puis un quatrième biscuit. On se sent coupable. Ce sera assurément le dernier sac de biscuits qui entrera dans le panier d’épicerie, se dit-on. Alors, aussi bien le finir tout de suite et ne plus en parler. Ce n’est pas bon pour la santé... mais que c’est bon pour la langue! Puis vient la dure réalité du pèse-personne...

Ce scénario vous est familier ? Alors, vous avez sans doute, comme bien des gens, pris la traditionnelle résolution du début de l’année : plus jamais de biscuits, de croustilles, chocolat et autres tentations du genre. Au régime !

Et si une nutritionniste vous disait qu’il n’y a pas de problème à manger des biscuits, des croustilles, du chocolat et du gâteau ? Ça vous surprendrait ?

Et pourtant, c’est ce que conseille l’alimentation intuitive, une approche globale décrite dans les années 1990 par deux nutritionnistes et qui a gagné le Québec il y a une dizaine d’années. Elle fait maintenant partie des enseignements dispensés aux patients qui consultent le Loricorps de l’université du Québec à Trois-rivières (UQTR), un groupe de recherche scientifique transdisciplinaire qui propose notamment de l’intervention en milieu pratique aux personnes désireuses de comprendre et de surmonter leurs troubles alimentaires.

Sa réputation est telle qu’on « a une liste d’attente », signale Émie Therrien, nutritionniste-diététiste, chargée de cours à L’UQTR et membre du Loricorps.

L’alimentation intuitive, qui fait partie des enseignements de ce groupe de chercheurs et d’intervenants, est l’art de se « reconnecter aux besoins du corps et pas juste aux besoins physiologiques, mais aussi aux besoins psychologiques », explique-t-elle.

Une dizaine de principes animent l’alimentation intuitive, le premier étant de se reconnecter à sa faim et à sa satiété, explique-t-elle. Pour y arriver, il faut notamment manger en pleine conscience, c’est-à-dire être conscient de ses sensations lorsqu’on mange quelque chose.

Y goûter vraiment, en profiter lorsqu’on en a le goût. Le sac de croustilles, s’il est dévoré machinalement durant un match de hockey, ne fait donc pas partie de cette stratégie. « La satiété, la sensation confortable de ne plus avoir faim, c’est la base pour se reconnecter à ces signaux-là », explique Mme Therrien, même si « c’est plus facile à dire qu’à faire », reconnaît-elle.

Pour arriver à être à l’écoute de sa faim et de sa satiété, il faut donc « enlever tous les signaux externes », explique-t-elle.

Ces signaux peuvent se présenter sous la forme d’une préoccupation de l’image corporelle qui dicte de diminuer ses portions pour maigrir. « Or, on veut se détacher de ça et de toute la culture des diètes », explique la nutritionniste, en ajoutant que l’activité physique fait partie d’un mode de vie sain, « mais peut aussi nuire si on la fait pour les mauvaises raisons. Ça peut être bénéfique pour la santé physique, mais pas pour la santé psychologique », explique-t-elle.

L’alimentation intuitive, résumet-elle, est celle « où l’on ne se pose plus de questions. On mange quand on a faim. On ne mange plus quand on n’a plus faim. On mange quand on a le goût de manger et notre corps nous guide naturellement vers des choix qui sont bons pour lui. C’est le principe ultime de l’alimentation intuitive », dit-elle.

Si le fait de s’empiffrer constamment de sucreries qui entretiennent une faim malsaine constante peut rendre difficiles ses premiers pas dans l’alimentation intuitive, Émie Therrien explique qu’alors, il faut travailler sur les interdits. « Ce qui amène les gens à manger ces aliments-là en grande quantité et souvent, c’est la notion d’interdit. Le fait que l’on se les interdise et qu’on dise que ce ne sont pas de bons aliments amène un attrait au niveau psychologique », explique-t-elle.

Les choses interdites sont souvent les plus attrayantes, on le sait. C’est pourquoi les nutritionnistes qui travaillent selon les principes de l’alimentation intuitive demandent à leurs patients de manger aussi les aliments qu’ils s’interdisent, explique Mme Therrien.

Se dire qu’on n’en mangera plus, c’est comme se dire que c’est la dernière fois qu’on aura ce plaisir, « alors on en profite », dit-elle et « ça peut amener de la surconsommation. »

Lors d’activités où les participants mangent en pleine conscience, il arrive d’ailleurs un point où

ces aliments goûtent moins bon, explique-t-elle. Vient même un temps où le mangeur intuitif découvre que ce ne sont même pas ces aliments qu’il préfère. « Il va découvrir de nouvelles préférences. »

« Ç’a été démontré qu’un mangeur intuitif ne mange pas plus sucré ou plus gras qu’un mangeur restreint », explique Mme Therrien.

« On naît en ayant cette intuition-là de se nourrir selon nos besoins. On est capable d’y retourner », assure-t-elle.

« Dans l’alimentation intuitive, il est normal qu’il y ait des aliments de toutes catégories. »

L’idée n’est pas de manger des biscuits à s’en écoeurer, toutefois. « On encourage le plaisir de la table, de cuisiner, de manger en bonne compagnie, de se faire de belles assiettes. Ça aide à la satisfaction. »

En prime, l’alimentation améliore les maladies chroniques et peut permettre d’améliorer son contrôle du diabète ou son bilan lipidique, dit-elle.

CARRIÈRES

fr-ca

2022-01-15T08:00:00.0000000Z

2022-01-15T08:00:00.0000000Z

https://lequotidien.pressreader.com/article/282020445658140

Groupe Capitales Media