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CICCONE S’INQUIÈTE POUR LES SPORTIFS

Le député s’émeut des conséquences du troisième confinement

MIKAËL Lalancette mlalancette@lesoleil.com — ARCHIVES LE SOLEIL

Durant sa longue carrière de hockeyeur et d’agent de joueurs, Enrico Ciccone a souvent jeté les gants. L’ex-sportif devenu député l’a fait cette semaine sur Twitter la veille de la rencontre entre le ministre québécois des Finances, Eric Girard, et le grand patron de la Ligue nationale de hockey, Gary Bettman.

« Comprenez-moi bien je me fais violence ici, mais… Où sont vos priorités @ &$&@ ? (propos non parlementaires). Trouvez donc une façon sécuritaire de ramener nos jeunes dans le sport à la place », a gazouillé Ciccone à propos de la rencontre visant à mousser le retour des Nordiques.

Le député de Marquette le reconnaît, il est à fleur de peau. Il constate quotidiennement les tristes conséquences du troisième confinement des sports sur les jeunes et les athlètes, des dossiers qu’il pilote à l’assemblée nationale du Québec.

Comme Ciccone s’est donné comme mission d’être « le grandfrère qui écoute et supporte les citoyens dans leur détresse », le porte-parole de l’opposition officielle en matière de sports, de loisirs et de saines habitudes de vie tente du mieux qu’il peut d’aider tous ceux qui font appel à lui.

À son bureau de circonscription, la liste des griefs s’allonge au même rythme que le nombre de cas grimpe dans la province. « C’est atroce de ne pouvoir rien faire, dit-il. Les gens sont à bout de souffle. Ils m’appellent en me disant : “Mon enfant décroche, il a commencé à prendre de la drogue, il est en train de devenir accro aux jeux vidéo.” Comme député de l’opposition, tout ce que je peux leur dire c’est : “Estce que vous voulez que je lui parle ? ” Les gens restent surpris et me disent : “Tu ferais ça ? ” Je sais que je ne suis pas un psychologue, mais je leur réponds : “Je suis un ancien athlète. On va se comprendre.” »

Le député libéral s’en fait pour les jeunes, la plupart du temps des athlètes, qui se sentent couler à pic en raison des nouvelles privations sportives liées aux restrictions sanitaires. Comme père d’un garçon atteint d’un trouble du déficit de l’attention, qui est resté sur les bancs d’école grâce au sport, Ciccone en fait une affaire personnelle. « Je suis mal fait, je le sais, se justifie le député de 51 ans. Je suis inquiet et anxieux, je veux tous les sauver. Je l’ai eu dur dans les derniers mois. T’as pas idée comment je suis rendu avec des cheveux gris. »

Quand des proches lui disent de ralentir pour ne pas sombrer à son tour, l’ancien défenseur fait la sourde oreille. C’est plus fort que lui, le politicien veut aider, comme il l’a fait en se portant volontaire dans les CHSLD lors de la première vague de la COVID en avril 2020. « Les gens me disent : “Arrête, prends des vacances, décroche.” Je ne suis pas capable, je ne peux pas, ce sont mes enfants ! On vit avec la douleur des gens. Il y en a qui gèrent bien ça, mais moi je le gère très mal. »

COMME QUAND IL ÉTAIT AGENT

Aux jeunes qui ont perdu leur motivation, ou qui craignent que tout finira par refermer un jour ou l’autre, Ciccone s’inspire de son ancien rôle d’agent de joueurs. « Je vais les rencontrer, je les écoute, je leur envoie des cartes de hockey pour leur changer les idées. Je fais tout ce que je peux... » soupire-t-il.

Le natif de Montréal ne prétend pas avoir toutes les solutions. Il ne veut pas faire de la politique avec le sport. « Nos dossiers ne sont tellement pas polarisants. Le sport, c’est le plaisir, la santé, les saines habitudes de vie, les jeunes. Il n’y a pas de politique à faire avec ça. »

Ciccone reconnaît la gravité de la situation et répète qu’il ne va jamais « s’opposer à la santé publique ». L’ex-défenseur déplore toutefois qu’il n’y ait pas d’alternative pour éviter la perte de motivation des jeunes. « Je ne comprends pas pourquoi on ne prend pas plus en compte les bienfaits du sport dans la prise de décisions, martèle-t-il. On le sait que le sport peut éviter le décrochage, les problèmes de dépendance et les troubles de l’alimentation. A-t-on fait l’exercice de mesurer les pour et les contre de tout arrêter ? »

UNE PREMIÈRE ÉTAPE

Jeudi, Québec a annoncé le retour à l’école des jeunes du primaire et du secondaire, une décision que salue Enrico Ciccone. Ce dernier aimerait toutefois connaître le plan de la reprise des sports associatifs et scolaires, que le gouvernement n’est toujours pas prêt à dévoiler. Selon les informations recueillies par La Tribune, les sports scolaires pourraient reprendre le 31 janvier prochain.

« On le sait que le sport peut éviter le décrochage, les problèmes de dépendance et les troubles de l’alimentation. A-t-on fait l’exercice de mesurer les pour et les contre de tout arrêter ? »

— Enrico Ciccone

« La situation s’améliore, mais on doit demeurer prudents, plaide la ministre responsable de la Condition féminine, du Loisir et du Sport, Isabelle Charest. Pour l’instant, la priorité est que la rentrée scolaire se passe bien. Mon équipe et moi sommes conscients de l’importance du retour du sport pour la santé physique et mentale de plusieurs, et c’est ce qui motive notre travail. »

Ça semble trop peu pour le député Ciccone. Il s’inquiète pour la suite. « On comprend ce qui se passe avec le virus et on sait que ça peut réarriver encore, remarque-t-il. On ne peut plus se contenter de dire : “Prenez votre mal en patience les sportifs”. »

Et en ce qui concerne le retour des Nordiques, l’ancien du Lightning, des Blackhawks et des Canadiens ne s’avance pas. Il préfère concentrer ses énergies sur les jeunes sportifs québécois.

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2022-01-15T08:00:00.0000000Z

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