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SAM POLLOCK, LE PLUS GRAND DG

MICHEL tassé michel.tasse@lavoixdelest.ca

Les Canadiens n’ont toujours pas dévoilé l’identité de leur nouveau directeur général. Mais même dans leurs rêves les plus fous, les partisans ne peuvent espérer un DG avec le génie de Sam Pollock, qui aura été le meilleur de l’histoire de l’organisation à ce poste.

Pollock a été directeur général des Canadiens de 1964 à 1978. Bien sûr, il faut avoir un certain âge pour se rappeler du formidable travail effectué par l’homme décédé en 2007 à l’âge de 81 ans. En résumé, il est celui qui a embauché Scotty Bowman, il a repêché une dizaine de joueurs qui sont aujourd’hui membres du Temple de la renommée et il a remporté neuf Coupes Stanley en 14 ans. On pourrait aussi ajouter qu’une bonne douzaine de ses joueurs sont plus tard devenus des entraîneurs en chef ou des hauts dirigeants dans la Ligue nationale, de Serge Savard à Ken Dryden, en passant par Jacques Lemaire.

Clairement, Pollock doit être considéré comme un des plus grands architectes non seulement de l’histoire du hockey, mais bien de l’ensemble du sport professionnel.

« Il avait une influence incroyable sur la Ligue nationale à son époque comme directeur général, a un jour expliqué Serge Savard. Vous savez, ce n’est pas pour rien qu’il avait hérité du surnom de Parrain du hockey. C’était un évaluateur de talent exceptionnel, il était rusé comme un renard et il était excessivement dur lorsqu’il négociait avec un joueur ou avec un autre DG. »

Mais le succès vient rarement par hasard dans le monde du hockey. Et Pollock, par-dessus tout, était un travailleur infatigable. Sa passion pour les Canadiens, pour son équipe, était dévorante.

« Si j’ai eu du succès, c’est simplement parce que j’ai travaillé, parce que j’ai travaillé fort, a-t-il d’ailleurs mentionné lorsqu’il a été intronisé au Temple de la renommée en tant que bâtisseur en 1978. Mais parce que j’aimais mon travail, parce que j’aimais tellement mon équipe, c’était plus facile de mettre toutes ces heures. »

Yvon Lambert n’était qu’une verte recrue en 1972 lorsque Pollock, à la suite d’un verdict nul, piqua une épouvantable colère dans le vestiaire.

« La seule chose qu’il voulait, c’était que son équipe gagne, qu’elle gagne tout le temps, a-til déjà raconté au Réseau des sports. Après sa crise, je me souviens d’avoir dit à Guy Lapointe, qui était assis à côté de moi : “Crime, ça va être rough quand on va en perdre une ! ” »

L’ÉLÈVE DE FRANK SELKE

Originaire de Montréal, ayant appris le français dans la rue, Sam Pollock s’est joint aux Canadiens dans les années 1940. Il a d’abord été entraîneur adjoint puis entraîneur en chef du Canadien junior, avec lequel il a remporté deux Coupes Memorial. Puis, il a hérité d’un poste de recruteur, où il a tôt fait de se démarquer, et ensuite de directeur du personnel des joueurs du Tricolore.

Élève de Frank Selke, qui a luimême remporté six Coupes Stanley à titre de directeur général des Canadiens, il a été nommé DG en mai 1964 après que Selke ait annoncé sa retraite.

Bien qu’il n’avait que 38 ans au moment de se retrouver au poste de directeur général, Pollock avait déjà une excellente réputation. On disait de lui qu’il pouvait vous parler de tous les juniors et de tous les joueurs évoluant dans les clubsécoles des Canadiens, mais aussi des autres équipes de la Ligue nationale, avec force de détails.

Pollock a remporté sa première Coupe Stanley en 1965, au terme de sa toute première saison en tant que directeur général. Dirigés par Toe Blake, les Canadiens étaient alors menés par le grand Jean Béliveau, qui a connu des séries éliminatoires exceptionnelles.

Pollock a encore gagné la Coupe Stanley en 1966, 1968, 1969 et 1971. Puis, en juin de cette même année, il embauche Scotty Bowman, qui vient de mener les Blues de St. Louis à la grande finale de la Ligue nationale trois fois de suite. Il s’agit d’un retour dans l’organisation pour Bowman, qui deviendra un des plus grands entraîneurs de l’histoire du hockey, puisqu’il a auparavant dirigé le Canadien junior.

Le tandem Pollock-bowman mettra la main sur quatre Coupes Stanley, soit en 1973, 1976, 1977 et 1978. Bowman en enlèvera une dernière avec les Canadiens en 1979, mais cette fois avec Irving Grundman comme patron, Pollock ayant quitté Montréal à la suite de la saison 1978.

En 1976-77, les Canadiens conservent un dossier de 60 victoires, huit défaites et 12 verdicts nuls. Cette édition est encore considérée comme la meilleure de l’histoire du hockey.

Mais même si les Canadiens étaient dominants, il n’y avait pas plus nerveux que Pollock pendant un match, comme l’a déjà écrit Réjean Tremblay dans une chronique publiée dans La Presse à la suite du décès du géant.

« Pendant les matchs, il serrait et mordillait un mouchoir pendant les trois périodes. Il suait, transpirait et suffoquait à chaque fois que les Canadiens étaient en danger. »

LA SÉLECTION DE GUY LAFLEUR

Les plus vieux se souviennent de l’histoire.

Au début des années 1970, Guy Lafleur est le plus bel espoir du hockey junior et Sam Pollock le veut avec les Canadiens. Mais Montréal repêchera loin puisque, évidemment, il gagne tout le temps.

À la suite de la saison 1969-70, Pollock échange l’espoir Ernie Hicke et le premier choix des Canadiens de 1971 aux Golden Seals d’oakland en retour de leur premier choix, toujours de 1971, et de François Lacombe. Les Seals sont mauvais et Pollock est convaincu qu’ils auront le tout premier choix au repêchage et donc qu’il réussira à sélectionner Lafleur.

Mais voilà que les Kings de Los Angeles connaissent un début de saison absolument misérable et Pollock voit ses chances de repêcher Lafleur diminuer puisque les Seals ne se dirigent plus vers le dernier rang du classement, comme prévu. Pollock échange alors Ralph Backstrom (un joueur de centre de qualité) aux Kings afin qu’ils reprennent du poil de la bête, ce qu’ils feront. Et les Seals termineront bel et bien au dernier rang !

Le 10 juin 1971, les Canadiens repêchent Guy Lafleur à la suite des tractations aussi brillantes que machiavéliques, diront certains, du Parrain Pollock. Et Lafleur amassera 1246 points dans l’histoire du Tricolore, un sommet.

Non, Jeff Gorton ne pourra pas trouver un autre Sam Pollock.

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2022-01-15T08:00:00.0000000Z

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