La précieuse transmission de monsieur M

Sans vouloir être péjoratif, il y a toutes sortes de donneurs : des donneurs monétaires, des donneurs de temps, des donneurs d’objets, des donneurs de sourires et des donneurs d’organes – j’espère que tout le monde a signé derrière sa carte. Il y a des donneurs qui donnent largement et des donneurs sélectifs, des donneurs budgétés. Il y a des donneurs loyaux, des donneurs instinctifs et des donneurs situationnels. Des donneurs qui demandent l’anonymat, des donneurs qui demandent un reçu, des donneurs qui demandent une photo. Peu importe le style de donneur et la manière de donner, ces gens contribuent assurément à solidifier le filet social de notre communauté.

Le 13 décembre dernier, le Patro de Jonquière a procédé à l’inauguration de son nouveau gymnase et de sa patinoire Bleu Blanc Bouge de la Fondation des Canadiens pour l’enfance. Ce moment historique pour le centre communautaire, qui est soutenu depuis 2014 par toute une communauté, est enfin arrivé. Entre le lancement des appels d’offres et la journée du 13 décembre, environ 500 jours se sont écoulés.

C’est durant cette période de 500 jours que j’ai eu l’immense privilège de rencontrer et de découvrir un donneur d’exception. Ce donneur a été, pour moi, une personne de providence, car lorsqu’un centre communautaire procède à un agrandissement de 6,5 millions de dollars, il peut arriver de se sentir un peu seul au travers d’un projet d’une telle envergure. En effet, disons qu’une telle organisation n’a pas toujours l’expertise requise à l’intérieur de ses murs pour assurer une réalisation de cette ampleur.

Pendant ces 500 jours de travaux – pas ceux d’astérix, heureusement –, la vie m’a permis de rencontrer ce donneur, de la trame de ceux qu’on ne croise pas souvent. Ce donneur a décidé d’offrir à l’organisme son savoir et son expérience.

« Monsieur M » est le nom dont je vais l’affubler, le temps de ce texte. Mon donneur est discret et il serait peut-être même offusqué que je le nomme, car c’est un donneur de type fond de salle. Il ne demandera jamais d’être au premier plan et est plutôt timide quant à la reconnaissance sur la scène publique. Mais cette personne nous a généreusement offert des décennies de bagages professionnels au profit de la réussite du projet du Patro, sans jamais compter.

Grâce à sa bienveillance, le 13 décembre, nous avons finalisé le projet en respectant le bas de laine de l’organisation. Oui, il y a maintenant du sport dans le gymnase et plus de 4000 patineurs en 25 jours ont foulé la nouvelle glace. Même à la suite des dizaines d’entrevues radio et articles de journaux, monsieur M, lui, est toujours resté « sur le côté ».

Dans une grande discrétion, il a décidé de donner, mais sa satisfaction, loin des projecteurs, provient probablement de l’épanouissement des autres, peut-être de voir une famille patiner tout sourire ou de voir le gymnase grouillant de jeunes, de sports et de plaisir.

En terminant, mon expérience avec monsieur M me donne le goût de remercier l’ensemble des donneurs, et ce, peu importe leur profil. C’est grâce à eux si plusieurs projets extraordinaires peuvent voir le jour dans notre société.

Il y a un grand nombre de retraités en pleine forme, avec leur sac à dos bien rempli de connaissances et d’expertises. Je désire les remercier tout spécialement d’ouvrir ce sac à expériences et de le partager si généreusement. Dans l’aventure de l’agrandissement du Patro, j’ai eu la chance de croiser sur ma route un donneur de ce type et de cheminer en sa compagnie.

Je souhaite sincèrement à toutes les organisations, tous les dirigeants, tous les athlètes et tous les étudiants de rencontrer quelqu’un qui accepte de transmettre. Je crois que la transmission des connaissances demeure les assises et les fondations principales de la prochaine génération. Il ne faudrait pas que cette précieuse transmission se perde. Merci, monsieur M, d’avoir enlevé tellement de branches et de cailloux sur ma route. Sans vous, le chemin aurait sans doute été beaucoup plus long et sinueux.