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LA TOURNÉE IMPROBABLE DE LA COMPAGNIE CAS PUBLIC

DANIEL CÔTÉ dcote@lequotidien.com

«C’est presque le retour à la normale», se réjouit Hélène Blackburn.

Fondatrice de la compagnie de danse Cas Public, où elle assume les fonctions de chorégraphe et directrice artistique, l’artiste originaire de Chicoutimi s’apprête à partir en tournée avec une dizaine de ses camarades. Entre le 28 janvier et le 5 juin, ils donneront 51 représentations en France, au Royaume-uni, en Espagne, en Suède, en Autriche, au Portugal et en Slovénie.

Qu’une telle chose survienne ne constitue pas une première. Les longues sorties en Europe et en Asie font partie du modus operandi de la compagnie. L’élément de nouveauté réside dans le contexte où se dérouleront les spectacles. Dans tous les pays visités, la pandémie sévit, parfois à des degrés inquiétants. Pourtant, ce projet improbable semble en voie de se concrétiser.

L’un des atouts de Cas Public tient à ses longs états de service. En Europe, où le réseau de la danse est tissé serré, la compagnie québécoise a constitué un capital de sympathie conséquent, en raison de la qualité de ses productions. « Nous sommes bien implantés. C’est ainsi que pendant cette tournée, nous irons dans des villes où nous avons dansé quatre ou cinq fois déjà », met en relief Hélène Blackburn.

Un exemple éloquent est celui de l’opéra national de Paris, où les Québécois ont leurs habitudes. Du 28 au 31 janvier, ils y donneront cinq représentations des Suites ténébreuses, un spectacle conçu en 2019, à partir de la musique du groupe Dear Criminals et des savants éclairages de Lucie Bazzo. Chaque fois, ça se passera à l’amphithéâtre de l’opéra Bastille, une salle pouvant accueillir 500 personnes.

« C’est l’une des grandes invitations que peut recevoir une compagnie de danse. Nous devions nous y rendre en mars 2020, puis en 2021. En raison des reports, c’est la troisième fois que ce diffuseur fait la promotion des Suites ténébreuses. Comme les salles sont demeurées ouvertes en France, à notre grande surprise, pour l’instant, ça fonctionne », rapporte Hélène Blackburn, peut-être en se croisant les doigts.

DEUX ANNULATIONS SEULEMENT

En incluant les représentations qui se dérouleront à l’opéra de Saintétienne, du 3 au 5 février, la compagnie fera vivre 11 fois les Suites ténébreuses. Ensuite, les mêmes interprètes, dont la polyvalence est remarquable, concentreront leur attention sur les productions 9 et Cendrillon, dont la version anglaise a pour titre Not Quite Midnight.

À l’exception de trois sorties motivées par Love Me Tender, une oeuvre qui a vu le jour en 2020, à l’ère du confinement, les chorégraphies inspirées par la 9e Symphonie de Beethoven et le conte de Perrault meubleront le reste de la tournée européenne. « Elles sont très en demande et attirent un large public. Quand la pandémie a débuté, Cendrillon venait tout juste de prendre son élan », souligne Hélène Blackburn.

Elle se compte chanceuse parce que la grande majorité des spectacles de la compagnie ont été reportés, au lieu de passer à la trappe comme tant d’autres. Les partenaires européens ont refait leur grille afin de leur ménager une place dans les prochains mois.

« Il y a eu des pertes de revenus causées par la pandémie, mais heureusement, nous n’avons enregistré que deux annulations depuis 2020. Même la tournée que nous devions effectuer en Chine pourrait encore se faire. L’automne dernier, le moment n’était pas bon pour ça. Il fallait attendre que les choses se stabilisent, mais nous demeurons en contact », révèle Hélène Blackburn.

L’enjeu est significatif, puisqu’on parle de 16 représentations de 9 qui devaient être présentées à Xi’an, Guangzhou et Shanghai. Si la situation débloque avant la fin de la crise sanitaire, la compagnie effectuera ce voyage en se moulant aux mêmes procédures qu’en Europe, puisque leur efficacité a été démontrée.

« Nous partons toujours avec des tests rapides et si un danseur ne se sent pas bien, la consigne consiste à l’isoler pendant quelques jours. Ce n’est pas encore arrivé, mais si ça devenait nécessaire, un autre membre de l’équipe le remplacerait au sein de la distribution. C’est ce qu’on fait déjà pour les blessures », explique Hélène Blackburn.

« C’est l’une des grandes invitations que peut recevoir une compagnie de danse. »

— Hélène Blackburn

À LA UNE › Inspiré par la 9e Symphonie de Beethoven, le spectacle 9 sera présenté en Espagne, au Royaume-uni, en Suède, en Autriche, en Slovénie et au Portugal, entre le 20 mars et le 5 juin.

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2022-01-15T08:00:00.0000000Z

2022-01-15T08:00:00.0000000Z

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