LeQuotidienSurMonOrdi.ca

ROBERT DORÉ S’INQUIÈTE POUR LES PRODUCTEURS

COURTOISIE, IMACOM, MAXIME PICARD DANIEL CÔTÉ dcote@lequotidien.com

Après un automne plus tranquille qu’à l’ordinaire, Québec Issime amorce 2022 à pas de loup. Sur son site Internet, aucun spectacle n’est annoncé. Le calme plat jusqu’au bout de l’horizon. Le potentiel d’une reprise est toujours présent, puisque la demande pour ses productions reste vigoureuse. Le hic, c’est que pour les présenter, il faudrait que le coronavirus lâche du lest.

Du haut de ses 70 ans, dont 26 à la tête de la troupe, Robert Doré examine la situation en n’étant qu’à moitié rassuré. Jumelés à une gestion prudente, les succès passés permettent à l’organisation de faire le dos rond en attendant des jours meilleurs. Quand les arts de la scène redémarreront pour de bon, cependant, il se demande combien de ses collègues seront toujours en selle.

« Nous, on est corrects parce qu’on a fait attention. On a eu de bonnes années et quand la crise est arrivée, on a coupé partout, on a travaillé fort et on a utilisé les subventions à l’emploi afin de poursuivre nos opérations, raconte le promoteur. Quand je regarde l’avenir, par contre, je vois des organisations plus jeunes que la nôtre, plus fragiles, qui ne seront peut-être plus là. »

La situation l’inquiète au point d’interpeller le gouvernement du Québec. À ses yeux, en effet, l’aide versée actuellement ne suffira pas. « Il devra se positionner afin d’empêcher que des organisations qui ont acquis des outils, une expertise, puissent demeurer actives, estime Robert Doré. Ça va prendre de nouveaux programmes, du financement autre que des prêts. »

Prenant appui sur l’expérience vécue par Québec Issime depuis le début de la crise, il affirme que c’est son autonomie gagnée de haute lutte, bien plus que les programmes de compensation, qui lui ont permis de développer un concept comme celui de 15 voix/un piano. « Sans nos ressources matérielles et notre expertise qui remonte à 26 ans, ça n’aurait jamais existé », affirme le promoteur.

Ce concept a été si apprécié lors de son lancement au Théâtre Palace Arvida qu’une nouvelle mouture a été développée : 12 voix/un piano. Au Saguenay, puis à Montréal, où fut présentée une version hivernale, les réactions furent enthousiastes. « C’était malade ! On a reçu des commentaires dithyrambiques, signale Robert Doré. Grâce à ce spectacle, le nom de Québec Issime est resté vivant. »

N’ayant généré aucun profit avec cette production, il y voit un investissement en prévision des jours meilleurs, ceux qui marqueront également le retour de Party et de Décembre. Ces productions n’ont pas été offertes devant public depuis 2019. La première devait revenir à Arvida et à Sherbrooke, tandis que la seconde était censée égayer la Place des Arts, au même titre que Le petit Noël.

En revanche, Québec Issime a fermé les livres sur un projet qui, contrairement aux précédents, n’a jamais pu se concrétiser. Il s’agit de la présence au Casino de Montréal de la production De Céline Dion à la Bolduc. « On l’a reportée deux fois en deux ans, mais ça s’arrête là. C’est une grosse affaire. Pour que ça fonctionne, on va attendre que ce soit plus safe que ça », explique Robert Doré.

C’est en suivant une logique similaire que la troupe a renoncé aux sorties qui étaient prévues pour cet hiver. « On avait du Starmania à faire. 12 voix aurait pu tourner, puisqu’il y avait de l’intérêt chez les diffuseurs, décrit le patron de Québec Issime. Dans le contexte actuel, cependant, on préfère oublier ça. Les normes. Les changements. C’est pas “suivable”. »

À force de s’accumuler, de telles contrariétés finissent par user le moral. Même un passionné comme lui sent sa foi vaciller, par moments. « Il y a des journées où je me dis : “Pourquoi je continue ? ” Puis, je me rends à notre auberge, je visite notre costumier et j’ai ma réponse. La retraite, pour moi, ça n’existe pas », énonce Robert Doré.

ARTS

fr-ca

2022-01-15T08:00:00.0000000Z

2022-01-15T08:00:00.0000000Z

https://lequotidien.pressreader.com/article/283115662318620

Groupe Capitales Media